Formé en France, Mgr Paul est rentré en URSS après la Seconde Guerre mondiale. Archevêque de Novossibirsk en 1964, il avait été muté au début de 1972 au siège secondaire de Vologda. Il est connu pour être un partisan résolu de la séparation de l'Église et de l'État, ce qui a toujours paru dangereux aux autorités soviétiques.

Grèce

C'est dans une atmosphère particulièrement houleuse que se tient, à Athènes du 15 au 30 novembre 1972, l'assemblée des évêques de l'Église de Grèce. Deux des membres, les évêques d'Eleftheropoulis et de Florina, y accusent l'archevêque d'Athènes, Mgr Hiéronymos, d'avoir asservi l'Église à l'État. Traduisant la pensée de 15 à 20 évêques sur 70, ils estiment, en particulier, que deux lois édictées par le saint-synode permanent – l'une soumettant la nomination des évêques à l'approbation du gouvernement et l'autre créant des tribunaux ecclésiastiques en conformité avec les lois du régime des colonels – ont porté préjudice au prestige de la justice ecclésiastique. À l'issue de l'assemblée, une procédure est engagée devant un tribunal ecclésiastique contre les deux évêques qui ont mené en commun la contestation.

Ambiguïté

Derrière l'autoritarisme de Mgr Hiéronymos, c'est celui du régime des colonels que dénonce la minorité. Pourtant, sur le plan religieux, la plupart des évêques qui la composent sont des conservateurs. Cela s'explique par l'ambiguïté du personnage de l'archevêque d'Athènes. Avant son épiscopat, ce dernier avait longtemps milité pour le renouveau d'une Église repliée sur son conservatisme, antiœcuménique et dont la hiérarchie était quelquefois corrompue. Mais ce sont les colonels qui, après avoir pris le pouvoir, ont destitué l'ancien archevêque d'Athènes pour le remplacer par Mgr Hiéronymos. L'action incontestablement réformatrice de ce dernier est restée entachée par ce péché originel, d'autant qu'elle n'a pu être menée que grâce au soutien permanent du bras séculier de l'État.

À la fin de mars 1973, l'archevêque Hiéronymos, très affecté par la campagne menée contre lui, démissionne, puis accepte de revenir sur sa décision à la suite de la démarche pressante d'une délégation du saint-synode.

Chypre

Le 8 mars 1973, le saint-synode de l'Église de Chypre prend la décision de destituer l'archevêque Makarios de toutes ses fonctions ecclésiastiques. Il fait valoir que l'archevêque-président a outrepassé les règles canoniques aux termes desquelles il ne peut cumuler fonctions religieuses et politiques. L'ethnarque répond immédiatement que ce synode – comprenant les trois évêques en fonction dans l'île en plus de lui – est illégal et qu'il considère donc sa décision comme « nulle et non avenue ».

Énosis

Apparemment fondée sur des motifs religieux, l'offensive des trois évêques est considérée par tous comme inspirée en fait par des motifs politiques. Tous trois sont notoirement favorables à l'Énosis (rattachement de Chypre à la Grèce) et à l'action clandestine que le général Grivas a reprise dans ce but. Or, Mgr Makarios apparaît de plus en plus décidé à maintenir l'indépendance de l'île, ce qui lui vaut le soutien de la grande majorité de la population cypriote-grecque. Celle-ci honore aussi en lui le héros de la lutte contre le colonialisme britannique et le chef religieux, élu par l'ensemble des fidèles et qui, conformément à la tradition de son Église, croit de son devoir d'accepter, au nom même de ses responsabilités spirituelles, de diriger politiquement son pays, dans une phase délicate.

Réélection

Un an plus tôt, les trois mêmes évêques avaient mis l'archevêque-président en demeure de choisir entre les deux fonctions. Aussitôt après, des manifestations populaires de soutien à Mgr Makarios avaient eu lieu partout. Et, en dépit des attentats organisés par le général Grivas, il ne s'est trouvé aucun candidat pour affronter l'archevêque lors de l'élection présidentielle qui devait se dérouler le 18 février 1973. Le président a été ainsi reconduit dans ses fonctions. C'est alors que les trois évêques ont renouvelé leur offensive en destituant l'archevêque.