Cette version, dont le développement exige un investissement supplémentaire de 300 millions de francs, semble mieux adaptée aux besoins de la plupart des compagnies. Mais l'avenir du Mercure reste encore incertain, car les constructeurs américains, Boeing en particulier, pratiquent une politique commerciale très agressive. Le groupe ATLAS (Air France, Lufthansa, Alitalia, Sabena et Iberia) a commencé l'évaluation du Mercure 200.

Le prototype du Mystère 30, biréacteur pour 30 à 40 passagers, a débuté ses essais à Bordeaux en mai 1973. Encore seul de son espèce dans le monde, cet appareil est destiné aux transporteurs régionaux (troisième niveau), mais les compagnies ne l'adopteront que si la clientèle se détourne de l'avion à hélices.

Succès

Dans le domaine de l'avion d'affaires à réaction, Dassault a sorti ses premiers Falcon 10 de série, mais le biréacteur Corvette de l'Aérospatiale, moins rapide (800 km/h contre 900) et moins cher (6 millions de F contre 7), qui a commencé ses essais en vol en décembre 1972, a rencontré un succès inattendu avec une commande ferme de 70 appareils par une association de distributeurs américains. Trois biréacteurs (Falcon 20, Falcon 10 et Corvette) sont donc maintenant vendus sur le marché mondial.

Dans le domaine des moteurs, la SNECMA a rencontré une certaine opposition du gouvernement américain à la poursuite du développement en commun avec General Electric du moteur de 10 t de poussée CFM-56. Une solution est cependant en vue, et les premiers CFM-56 de démonstration sont en fabrication.

Mirage

Le gouvernement a décidé, en mars 1973, le lancement du Mirage F-1 à turboréacteur M-53. Il s'agit d'un Super-Mirage capable de voler à 2 500 km/h et pour lequel Dassault s'efforce de promouvoir une opération de coopération internationale, les pays acheteurs participant à l'étude et à la fabrication de l'appareil. Les premiers clients sont les Pays-Bas, l'Australie et l'Afrique du Sud. L'Armée de l'air française se contente du Mirage F-1 à moteur Atar, dont le premier exemplaire lui a été remis en mars, mais a poursuivi l'étude de l'ACF (Avion de combat futur) qu'elle s'apprête à commander et qui sera un biréacteur (deux M-53) à très hautes performances, dérivé du G-8 à flèche variable.

Le plan de charge de l'ensemble de l'industrie aérospatiale (108 000 personnes) reste correct dans l'immédiat ; il sera moins satisfaisant dans les années à venir si la fabrication des nouveaux avions de transport est menée à cadence trop faible. Les problèmes qui risquent de se poser concernent cependant plus la mobilité de la main-d'œuvre que le niveau global de travail.

Électricité-électronique

Des résultats supérieurs à ceux de l'étranger

Les industries électriques et électroniques ont consolidé, au cours des premiers mois de 1973, la percée qu'elles ont faite à l'étranger (et notamment aux États-Unis) depuis quelques années. Avec un chiffre d'affaires de 33,5 milliards de francs (+ 12 % par rapport à 1971) et une production en volume en augmentation de 10 %, l'année 1972 a été satisfaisante pour la construction électrique française. Ses résultats ont été supérieurs à ceux de ses principaux concurrents étrangers : Allemagne, 9,9 % ; Grande-Bretagne, 3 % ; Italie, 5 % ; Pays-Bas, 8 % ; Suède, 1 %. La Belgique a fait mieux : + 13 %.

Positif

Les importations (+ 17 %) ont crû plus rapidement que les exportations (+ 13 %). Cependant, celles-ci (9 200 millions de francs) représentent 28 % du chiffre d'affaires, et la balance commerciale de la profession est restée positive (1 milliard de francs).

Côté exportations, les ventes se sont accrues dans des pays où l'accès commercial est pourtant difficile : l'Italie (+ 15 %). l'Allemagne fédérale (+ 11 %), les Pays-Bas (+ 8 %). Les pays du Marché commun ont absorbé 40 % du total des ventes de la profession.

Côté importations, fait notable, les États-Unis ont vendu en France pour 1 900 millions de francs, soit près du cinquième (19 %) des achats français totaux de matériels électriques et électroniques. La pression commerciale des industriels américains (surtout dans le secteur du gros matériel) devrait normalement se maintenir. Sur une longue période, les activités des industries électriques et électroniques françaises ont une tenue remarquable. En quatre ans, de 1969 à 1972, le taux annuel de la progression de la production a été de 11,50 % (chiffre qu'il faut comparer à celui de toute l'industrie, sans le bâtiment, 8 %) ; ceux des importations et des exportations ont été respectivement de 23 et 24 %, et la part de ces dernières dans le chiffre d'affaires est passée de 16 à 28 %. Enfin, quelque 70 000 emplois nouveaux ont été créés entre 1968 et 1972.

Gros matériel

Tous les secteurs n'ont pas progressé au même rythme. Celui des biens d'équipement (il représente la moitié du chiffre d'affaires total de la profession) a dû céder sa place de champion de l'expansion. Sa progression (11 %) a été légèrement inférieure au taux d'expansion moyen des industries électriques et électroniques ; la fabrication du gros matériel électrique a même régressé (– 1 %) en dépit des commandes étrangères, en cours d'exécution, de matériel de traction (Alsthom est en train de livrer les 50 locomotives que la Chine populaire lui a commandées en 1971).

Téléphone

En revanche, le chiffre d'affaires des entreprises fabriquant des ascenseurs a augmenté de 22 %. Celui des producteurs de matériels téléphoniques a progressé de 25 % – un record. Un gros effort financier, il est vrai, a été fait pour surmonter la crise du téléphone, et le ministère des PTT, avec un budget d'investissement de plus de 8 400 millions de francs (dont 35 % fournis par quatre sociétés privées de financement), est devenu le premier investisseur du pays, supplantant du coup l'Électricité de France.