Le 23 avril, le manifeste-programme diffusé par Constantin Caramanlis provoque une vive émotion dans les milieux dirigeants grecs. Le leader de la droite, exilé à Paris depuis 1963, est influent dans les forces armées et dispose d'un prestige certain dans la population et au sein de tous les partis politiques, qui voient en lui l'homme qui serait capable d'assurer, pour le moins, la transition entre la dictature et la démocratie.

L'ancien Premier ministre se livre, dans son manifeste, à une analyse critique du régime d'Athènes, dénonce l'oligarchie financière et le gouvernement américain, complices des colonels, trace la voie qui devrait rétablir la légalité, avec le concours du roi Constantin et des forces armées. La même semaine, 34 généraux signent un document dans lequel ils donnent leur caution au leader de la droite.

Complots

Un mois jour pour jour après la diffusion du manifeste de Caramanlis, le 23 mai, un vaste complot est déjoué dans la marine. Près de la moitié des officiers supérieurs sont mis aux arrêts. Des remous sont signalés dans l'armée de l'air, qui est virtuellement mise en quarantaine. Les aérodromes sont cernés par les chars ; la plupart des vols d'entraînement sont annulés. Le 25 mai, le commandant du navire de guerre Velos, ainsi que 30 officiers de l'équipage se réfugient en Italie et dénoncent le régime.

C'est à la suite de ces péripéties que le général Papadopoulos parvient à la conclusion que le régime, pour se donner un nouveau souffle, devait se rénover. Le Premier ministre-régent avait résisté jusqu'ici aux pressions contradictoires des activistes de la junte et des Américains. Ces derniers insistaient pour qu'un parlement soit élu au suffrage universel afin que le régime se dote au moins d'une façade démocratique, qui le rendrait respectable aux yeux de la communauté atlantique, notamment de l'Europe des Neuf. Les jeunes officiers de l'armée grecque le pressaient, pour leur part, de supprimer la monarchie afin de donner enfin au régime un visage et un contenu qui lui soient propres.

Le général Papadopoulos, royaliste et conservateur, souhaitait garder la fiction du système monarchique, tout en concentrant entre ses mains tous les pouvoirs. Entre mai et septembre 1972, il avait réussi à s'attribuer – outre ses fonctions de Premier ministre et de régent – les prérogatives des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, tout en s'assurant le contrôle des forces de police et de l'économie, par le truchement de ses deux frères, qu'il a introduits au gouvernement.

Devant le péril, le général Papadopoulos choisit de céder à la fois aux Américains et aux activistes de la junte annonçant, le 1er juin 1973, tout à la fois l'abolition de la monarchie et l'organisation d'élections législatives. Cependant, tirant profit de la situation, il fait élaborer des amendements à la Constitution de 1968 – destinés à être soumis à un référendum en juillet 1973 – qui renforcent et étendent ses pouvoirs.

Hongrie

Budapest. 10 360 000. 111. 0,3 %.
Économie. Production (70) : G 146 + I 144. Énerg. (*70) : 3 147.
Transports. (*70) : 13 932 M pass./km, 19 143 M t/km. (*70) : 242 700. (*70) : 334 321 000 pass./km.
Information. (70) : 27 quotidiens ; tirage global : 2 207 000. (70) : 2 530 000. (70) : 1 769 000. (70) : 607 700 fauteuils ; fréquentation : 79,6 M. (70) : 824 000.
Santé. (69) : 19 717. Mté inf. (70) : 36.
Éducation. (69). Prim. : 1 177 887. Sec. et techn. : 454 552. Sup. : 53 237.
Institutions. République populaire, proclamée le 18 août 1949. Constitution de 1949. Chef de l'État, président du Conseil présidentiel : Pal Losonczi. Président du Conseil : Jenö Fock. Premier secrétaire du Parti : Janos Kadar.

Réforme

Le kadarisme, dix-sept ans après son avènement, dans les circonstances dramatiques du soulèvement de Budapest, donne des signes inquiétants d'essoufflement.

Sur deux points, particulièrement importants aux yeux des Hongrois, le pouvoir se raidit : la réforme économique, introduite au début des années 60, et les libertés, relativement plus étendues que dans les autres pays socialistes (à l'exception de la Yougoslavie).