Science

Prix Nobel 1971

Médecine et physiologie

EARL SUTHERLAND. Né en 1911 à Burlingame (Kansas). Études de pharmacologie et de biochimie à Washington et à Cleveland. Depuis 1963, il enseigne la physiologie à l'université Vanderbilt de Nashville. En étudiant le métabolisme du glucose, il a découvert le rôle de l'adénosine monophosphate, ou AMP cyclique. Quand l'organisme ressent un manque ou un excès de glucose, des hormones comme l'insuline ou l'adrénaline portent au foie l'ordre de libérer du glucose ou, au contraire, d'en stocker l'excédent sous forme de glycogène. L'AMP cyclique agit comme un relais portant le message hormonal à l'intérieur de la cellule hépatique. Depuis, on a découvert son rôle dans bien d'autres réactions biologiques. Des troubles dans la production de l'AMP pourraient être à l'origine d'un grand nombre de maladies, dont la psychose maniaco-dépressive.

Économie

SIMON KUZNETS. Né en 1901 à Kharkov (Ukraine). Études aux États-Unis ; doctorat à l'université Columbia en 1926. Membre du National Bureau of Economic Research de 1930 à 1960. De 1931 à 1971, il enseigne dans diverses universités, dont celles de Pennsylvanie, la John Hopkins University et Harvard. Se défiant des généralisations abstraites, il fonde ses travaux sur la connaissance empirique des phénomènes de croissance depuis le milieu du siècle dernier. Appliquant aux données statistiques un traitement élaboré, il analyse les mouvements séculaires de la production et des prix et met au point la théorie des cycles longs, alternances de haute prospérité et de ralentissement. Son œuvre majeure, la Croissance économique des nations, insiste sur des facteurs tels que l'évolution démographique et la qualité de la main-d'œuvre.

Physique

DENNIS GABOR. Né en 1900 à Budapest. Études en Hongrie, puis en Allemagne. Ingénieur à Berlin. Gagne en 1933 l'Angleterre, où il acquerra la nationalité britannique. Il enseigne depuis 1949 à l'Imperial College of Science and Technology. Ses travaux portent sur les oscillographes cathodiques, les machines à lentilles magnétiques, les décharges dans les gaz, la théorie de l'information. En 1948, il imagine le principe de l'holographie : si l'on éclaire un objet avec une lumière cohérente (dont les ondes ne se chevauchent pas, mais sont en phase), les interférences entre la lumière réfléchie par tous les points de l'objet et celle de la source lumineuse, enregistrées sur un écran, permettront de reconstituer une image en vrai relief. En fournissant une source de lumière cohérente, le laser a désormais fait entrer l'holographie dans la pratique.

Chimie

GERHARD HERZBERG. Né en 1904 à Hambourg. Après des études en Allemagne, il commence des recherches à Göttingen et gagne les États-Unis à l'avènement de Hitler. En 1945, il est professeur à l'observatoire Yerkes (université de Chicago). En 1948, le Conseil national de recherches du Canada lui confie la création d'un laboratoire de spectroscopie, puis divers postes importants, jusqu'à sa retraite en 1969. Son nom demeure attaché à un prodigieux développement des méthodes d'analyse spectroscopique, qui a permis de déterminer la structure électronique et la géométrie de nombreuses molécules et particulièrement de radicaux libres, espèces chimiques très instables et donc difficiles à observer. Ces méthodes ont contribué à faire connaître l'atmosphère des planètes et des comètes, ainsi que les molécules éparses dans l'espace interplanétaire.

La recherche et la société

Partie des États-Unis, la remise en cause de la science paraît avoir gagné les autres pays industriels, dont la France. Cette mode d'antiscience est paradoxalement nourrie de courants contradictoires : jeunes qui, contestant la société actuelle, s'en prennent à la technologie considérée comme solidaire de cette société ; techniciens ou théoriciens au service de l'expansion et qui s'interrogent sur la contribution réelle de la recherche au progrès économique ; philosophes qui reprochent à l'ère scientifique d'avoir donné une place excessive à la pensée rationnelle, au détriment d'autres modes de connaissance.