Ainsi, les premiers schémas d'aménagement des métropoles d'équilibre ont été adoptés en 1970 pour Marseille-Aix-Berre-Fos, Lyon-Grenoble, Nantes-Saint-Nazaire et la métropole lorraine.

Le poids de Paris

Pourtant, en dépit de cette active politique de régionalisation, en dépit du freinage relatif de l'expansion parisienne depuis 1962, le poids de la capitale pèse toujours aussi lourdement : avec 18,6 % de la population française dans la région parisienne, le déséquilibre persiste. « Le mal n'est pas que, comme partout ailleurs, la capitale soit la plus grande agglomération du pays, constate la CNAT, mais que, à la différence des autres pays évolués, elle soit la seule grande agglomération groupant une population dix fois plus nombreuse que celle de la première des métropoles régionales qui la suit. »

Comme ces métropoles sont, en outre, réparties à la périphérie du territoire, à proximité des frontières terrestres ou sur le littoral, force est de constater que la formule du désert français est toujours une réalité.

Schéma d'aménagement

Les premiers documents qui serviront de base au schéma général d'aménagement de la France prennent forme en 1969-70. Les travaux de plusieurs groupes de travail (conversion du monde rural, tourisme, télé-informatique et information économique), réunissant les ministères et administrations intéressés, et des OREAM (organismes d'études des aires métropolitaines installés pour les agglomérations de Lille-Roubaix-Tourcoing, Lyon-Saint-Étienne-Grenoble, Metz-Nancy, Nantes-Saint-Nazaire et Marseille), ont été coordonnés par la délégation à l'Aménagement du territoire et à l'Action régionale (DATAR), en liaison étroite avec le commissariat général au Plan. Leur premier objectif était de bâtir un système d'études du schéma d'aménagement, ou SESAME, élaboré au début de 1969.

Premiers documents conçus dans cette perspective : un schéma des Télécommunications, une étude sur la façade méditerranéenne et le projet de schéma directeur des routes et autoroutes.

Télécommunications

Préparés de novembre 1968 à juin 1969, les premiers éléments sont publiés à la fin de 1969 ; ils rappellent tout d'abord l'état de sous-développement de la France dans ce domaine, sous-développement qui constitue un frein au développement des régions : la France n'a que deux téléphones là où ses voisins européens en possèdent trois ; les Français téléphonent peu (deux fois moins par abonné qu'à l'étranger, dix fois moins par habitant qu'aux États-Unis), et la liste des demandes en instance a quadruplé depuis 1960, pour atteindre 427 000 en 1969.

À cela s'ajoutent les disparités géographiques : la région parisienne est quatre fois mieux équipée que le Nord. Pourtant le développement d'un réseau serré du téléphone doit permettre d'entrer dans l'ère de la télé-informatique, qui facilitera la décentralisation et la rénovation de l'économie. Des services nouveaux, comme le Visiophone (téléphone + télévision), permettront de décupler les centres de décision économique, qui auront la possibilité d'accéder très rapidement à toutes sortes d'informations rassemblées dans des banques de données.

(Recommandant de donner la priorité aux besoins des entreprises et administrations, le schéma estime que l'équilibre du marché sera, au plus tôt, réalisé en 1980. Perspective que Robert Galley, ministre des PTT, considère comme exagérément pessimiste. Mais il s'est déclaré d'accord sur les objectifs définis par le schéma, notamment sur l'organisation de réseaux régionaux, dont chacun serait raccordé par un seul nœud au réseau national. Pour expérimenter cette organisation, et parce que les Télécommunications jouent un rôle déterminant dans l'aménagement du territoire, l'automatisation intégrale du Nord et de la Bretagne est décidée.

Façade méditerranéenne

Est-il possible de créer sur la façade méditerranéenne une région industrialisée et fortement urbanisée, compétitive avec les autres régions européennes ? Telle était la question posée par la Datar, en 1968, aux experts du bureau d'études grec Doxiadis. La première partie de leur rapport est présentée en décembre 1969 en présence des préfets des régions de Provence-Côte d'Azur et du Languedoc-Roussillon. L'étude tient compte, en effet, des deux impératifs retenus par la Datar : intégrer ces deux régions et le faire autour du pôle industriel et portuaire de l'aciérie de Fos.