Philatélie

L'événement philatélique pour le collectionneur moyen, celui qui l'aura fait rêver, a été, sans doute aucun, la vente, à New York, du timbre le plus rare du monde. Il n'en existe qu'un seul exemplaire. Il s'agit d'un 12 cents carmin de la Guyane anglaise, coupé aux quatre coins. Il a été acheté par un amateur discret pour la somme de 116 666 livres, soit environ 160 millions d'anciens francs.

Le marché international du timbre s'est nettement affermi tout au cours de l'année. De très belles ventes ont été réalisées un peu partout. En France, on a noté dans le même temps une reprise de la collection dont la progression avait été plus ou moins stoppée depuis trois ans. Dans les différents catalogues, les cotes ont amorcé une montée encore timide, mais significative.

La prospérité de la philatélie est certaine. Des pays, comme, par exemple, les États-Unis ou l'Allemagne, comptent leurs collectionneurs par millions. Au Japon, un fait donnera une indication sur la faveur dont jouit le timbre : la Société philatélique japonaise est entrée en possession, à Tokyo, d'un immeuble neuf de huit étages entièrement consacré à ses activités (cette société n'est jamais qu'une société philatélique parmi beaucoup d'autres).

Autre preuve de cette bonne santé : en Allemagne, plusieurs banques ont mis en vente des enveloppes scellées dont le contenu, garanti par expertise, est formé de timbres émis entre 1949 et 1953. Les collectionneurs se sont jetés sur ces enveloppes qui, selon le mot de leur promoteur, Schwer, constituent des « actions de l'homme de la rue ».

Une loi de protection

Pourtant, divers dangers menacent la philatélie : la multiplicité des émissions, surtout dans des États plus ou moins fantômes, la fabrication de faux timbres, le maquillage, les falsifications de toutes sortes sont autant de plaies qu'il convient de supprimer. Et l'Allemagne fédérale l'a tellement bien compris qu'une loi destinée à protéger la philatélie et les philatélistes est entrée en vigueur le 1er janvier 1970. Elle expose a une amende importante « tout individu qui, à un titre quelconque, participe à la fabrication frauduleuse de timbres-poste allemands ou étrangers, ou à leur maquillage, ou même, simplement, les met en vente ». On peut espérer que cet exemple sera suivi par d'autres. Par les Pays-Bas, notamment, où la police a mis la main sur une bande de faussaires qui groupait des truands... et des fonctionnaires des postes ! Des timbres présentant des anomalies, donc fort recherchés par les amateurs de variétés, étaient imprimés, puis vendus par des négociants peu scrupuleux.

Le petit collectionneur peut, d'ailleurs, se demander dans certains cas où est la vérité. Une revue, habituellement appréciée pour son sérieux, a publié une mise en garde de la Chambre syndicale des négociants en timbres-poste au sujet de trois timbres émis par la république du Congo-Brazzaville et qui, par suite de combinaisons, ne peuvent être achetés au-dessous de 40 à 50 fois leur valeur faciale. Or, dans le même numéro de la même revue s'étale une publicité concernant les trois timbres congolais mis en cause.

La carte postale a 100 ans

Le 16e congrès de l'Union postale universelle s'est tenu à Tokyo en fin d'année. L'UPU groupe 142 pays membres, 550 000 bureaux et 4 500 000 agents traitant plus de 250 milliards de francs de correspondance. Pour marquer l'importance de ce congrès, l'empereur Hiro-Hito avait tenu à accueillir lui-même les délégués et à prendre la parole devant eux. Le temps est bien révolu où ses sujets n'avaient pas le droit de lever les yeux sur le mikado, véritable Dieu vivant.

L'année, par ailleurs, a été marquée par le centenaire de la carte postale, qui fut officiellement mise en circulation le 1er octobre 1869. Ce fut en Autriche que la carte postale, imaginée par le Dr Emmanuel Hermann, a vu le jour. Pour les philatélistes, elle représente un élément très important, puisqu'elle est la base même de la maximaphilie.

Au Salon philatélique d'automne, le grand Prix de l'art philatélique français a été décerné au Mouflon méditerranéen, un 45 centimes dessiné et gravé par R. Cami.