On ne peut douter que tout cela ait appartenu à la civilisation mycénienne. Il est même possible que nombre de ces objets aient été cachés par les Mycéniens peu avant la prise de la ville, à la fin du XIIIe s. av. J.-C. Les envahisseurs n'ont pas trouvé les précieuses idoles. Les archéologues ont mis très longtemps à les découvrir. Un chapitre nouveau s'ouvre peut-être dans l'étude d'une civilisation encore mal connue.

Dans la vallée de l'Omo : le plus vieil outil du monde

L'expédition paléontologique internationale de la vallée de l'Omo est repartie pour l'Éthiopie. Comme les deux précédentes (Journal de l'année 1968-69), la campagne 1969-70 a donné lieu à des découvertes remarquables.

Qu'il s'agisse de l'évolution humaine ou de l'évolution animale, la vallée de l'Omo apparaît comme le gisement paléontologique le plus riche du monde pour la période envisagée — dépassant même en intérêt les autres sites, pourtant fameux, d'Afrique orientale.

5 tonnes de matériaux

Les résultats de la mission française ont été exposés en février 1970 à l'Académie des sciences. Toujours dirigée sur le terrain par Yves Coppens, la campagne a duré de mai à octobre 1969. Résultat : environ 5 tonnes de matériaux paléontologiques, obtenus à la suite d'un programme de recherche systématique à la fois dans l'espace — sur toute la surface des affleurements géologiques — et dans le temps — à tous les niveaux stratigraphiques. Plus de 80 sites ont été étudiés. Le site Omo 75 a livré une nouvelle mandibule d'Austrolopithèque portant encore sept dents, et accompagnée de neuf autres dents qui appartenaient au même individu. D'après la couche où elle a été trouvée et les datations déjà effectuées, on lui donne un âge de 1 810 000 à 1 940 000 ans. Huit dents isolées ont été trouvées dans d'autres sites voisins.

Le site Omo 71 a sans doute permis la découverte la plus importante un niveau archéologique, c'est-à-dire les vestiges d'un sol habité. Aucun des fossiles d'hominiens déjà découverts ne l'avait été dans un sol d'habitation.

Vieux de 2 200 000 ans

Outre des restes d'animaux (éléphants, hippopotames, suidés), ce niveau archéologique a livré à Jean Chevaillon un outillage : un galet brisé transversalement, un galet aménagé, un fragment d'os plat retouché, enfin un os brisé en biseau et montrant des traces d'usage. Le galet aménagé est ce que l'on appelle un « galet à taille bi-directionnelle » : des enlèvements alternés sur l'une et l'autre face y déterminent un tranchant sinueux.

Ce niveau archéologique peut être daté. Stratigraphiquement, il se place entre deux couches de tuf volcanique datées l'une de 1 990 000 ans, l'autre de 2 370 000 ou 2 560 000 ans. Son âge a donc été estimé à 2 200 000 ans. Ce qui fait de l'indiscutable galet aménagé l'outil le plus ancien que l'on connaisse à ce jour.

Le peuplement des Amériques remonterait à 70 000 ans

De multiples indices incitent les chercheurs à penser que des hommes vivaient en Amérique bien avant la fin de la dernière glaciation.

L'existence d'Américains antérieurement à cette époque — 10 000 av. J.-C. — n'est pas encore confirmée par un faisceau suffisant de témoignages pour être admise officiellement ; ce ne sont qu'indices et datations épars. Mais tous convergent et, au-delà de ce « paléo-indien récent », les préhistoriens parlent déjà d'un paléo-indien moyen et ancien, sans être encore tout à fait sûrs de leur existence.

En Amérique du Sud, dans le secteur qui s'étend du Pérou au Venezuela, des sites ont été datés de – 10 000 à – 15 000. Les premiers habitants de cette région n'ont pu venir que du nord et ces repères laissent supposer que les premiers habitants de l'Amérique septentrionale sont d'un âge encore plus ancien.

En Californie, un fragment de crâne humain, découvert à Laguna Beach, a été daté d'environ – 15 200.

Au Mexique, une série de sites découverts près de Puebla ont été datés de – 19 900 par la méthode du carbone 14. Cette indication n'apparaît pas encore absolument certaine. Un autre gisement, situé entre Mexico et Puebla, a fourni plusieurs dates, de – 21 000 à – 22 000. Pour le moment, tout cela reste assez incertain et l'on attend d'autres recherches, des séquences stratigraphiques insoupçonnables. Ce n'est, semble-t-il, qu'une question de temps : l'existence d'Américains à cette époque peut être aujourd'hui valablement considérée comme acquise.

Pierres taillées ?

Pour les temps très reculés du paléo-indien ancien, les données sont beaucoup plus vagues. On soupçonne certains sites du Texas, du Nevada et surtout de Californie d'appartenir à cette époque, mais aucune certitude n'a pu être encore obtenue.