L'antimatière, inconnue sur la Terre, pourrait être le constituant d'autres objets célestes. Son existence, maintenant prouvée expérimentalement, pose de passionnants problèmes cosmogoniques. Si notre Univers est issu, il y a une dizaine de milliards d'années, d'une sorte d'explosion à partir d'un centre super-dense, on peut imaginer que cette explosion a produit, en égale quantité, de la matière et de l'antimatière. Il y aurait donc des antigalaxies.

Certains physiciens proposent une nouvelle explication de l'énergie rayonnée par ces objets étranges que sont les quasars. Les quasars seraient formés en leur centre d'antimatière, et c'est la réaction matière-antimatière qui fournirait l'énergie.

Chimie

L'eau anormale

Le chimiste soviétique Derjaguine annonce, en 1969, qu'en condensant de la vapeur d'eau dans des tubes de quartz de quelques microns de diamètre, il a recueilli une eau de consistance sirupeuse, de densité 1,4, se solidifiant à – 40 °C et bouillant à 400 °C. Accueillie avec scepticisme en Occident, cette découverte est maintenant confirmée par des chercheurs britanniques et américains.

Par des procédés analogues, ils ont obtenu eux aussi une eau anormale dont les caractères physiques se rapprochent de ceux qui ont été décrits par le chimiste russe. Plusieurs communications ont paru en 1969 et 1970 sur ce corps singulier, suscitant à la fois une grande curiosité et de vives controverses.

Propriétés étranges

C'est dans un laboratoire de la société Unilever qu'une équipe de chimistes britanniques dirigée par E. Willis a retrouvé les résultats de Derjaguine, en utilisant des tubes capillaires en Pyrex. Puis des chercheurs américains de l'université de Maryland ont publié une étude de la nouvelle substance sur la base d'observations spectroscopiques dans l'infrarouge, et proposé de la nommer polywater, c'est-à-dire polyeau ou eau polymérisée.

Il faut se rappeler que l'eau, un des corps les plus répandus dans la nature et qui constitue en moyenne les neuf dixièmes de la matière vivante, est aussi un de ceux dont les propriétés sont les plus étranges et les plus mal expliquées. Il semble que l'eau liquide présente une structure lacunaire, des molécules s'assemblant à deux ou à trois pour former des polymères instables, mêlés en proportions variables à des molécules libres. Cette hypothèse rend compte, dans une certaine mesure, du fait que l'eau, presque seule de tous les liquides, augmente de volume en se solidifiant, et que, par ailleurs, plusieurs de ses propriétés physiques marquent une discontinuité vers 4 °C et une autre vers 35 °C. En dehors de la glace ordinaire, on obtient en laboratoire, sous des pressions diverses, d'autres structures cristallines, baptisées glace II, glace III, etc.

Selon quelques chimistes, l'eau anormale ne serait que la phase liquide d'une de ces glaces, constituée par un polymère de molécules d'eau plus fortement liées que les hypothétiques polymères de l'eau ordinaire.

La configuration de ces chaînes dans l'espace et la nature des liaisons sont l'objet de vives discussions. Les biologistes sont aussi très intéressés par cette affaire : l'existence éventuelle d'eau anormale dans les tissus vivants poserait d'une façon entièrement nouvelle les problèmes relatifs aux membranes cellulaires.

La vie

Biologie, biochimie

Plus de frontière entre le vivant et le non-vivant

Entre le non-vivant et le vivant, il n'existe pas de frontière nette : ainsi pourrait être formulée l'attitude générale à laquelle sont maintenant parvenus les chercheurs qui s'attachent à ce problème. Elle a été confirmée lors de la troisième conférence internationale sur l'origine de la vie, qui s'est tenue du 19 au 25 avril 1970, à Pont-à-Mousson. Parmi les participants figurait l'homme qui, il y a quarante ans, formula l'hypothèse majeure qui, depuis lors, a guidé les recherches théoriques et l'expérimentation : le Soviétique Alexandre Oparine. L'évolution des espèces a été précédée d'une longue évolution prébiologique au cours de laquelle se formèrent progressivement des molécules organiques de plus en plus complexes, jusqu'aux protéines et aux acides nucléiques, briques de l'organisme vivant.