Klaus pouvait pourtant prétendre à un bilan positif. En 1969, le taux de croissance a été de 6,4, le plein emploi a été assuré, il n'y a pas eu de conflit social, la hausse des prix a été de 3 % pour un pouvoir d'achat en augmentation de 4 %. Enfin, la semaine de 43 heures de travail a été introduite en janvier 1970, avec promesse de la ramener à 40 heures rapidement.

Dès le 3 mars, le président de la République, Franz Jonas, charge B. Kreisky de former le nouveau gouvernement. Tout le monde s'attend à un gouvernement de grande coalition socialiste-populiste. Or, à la mi-avril, les exigences de Kreisky provoquent la rupture des pourparlers. Et c'est le 21 avril que les Autrichiens connaissent la seconde surprise et la plus importante : Kreisky a constitué un gouvernement social-démocrate. Il s'appuie sur les libéraux pour lancer son programme de grandes réformes et tourne délibérément le dos aux populistes. Ces derniers ne sont pourtant pas les plus navrés. La société moderne à l'« image du parti socialiste suédois » promise lors de la campagne électorale se fera sans les communistes. Leur fidélité inconditionnelle à l'URSS les a coupés d'une grande partie de la classe ouvrière.

L'accord austro-italien pour un règlement du litige du Tyrol du Sud (haut Adige) signé quelques mois plus tôt par le gouvernement Klaus sera-t-il remis en cause ? Le nouveau chancelier l'a laissé entendre.

Mais la précaire majorité parlementaire du gouvernement Kreisky est remise en cause le 26 juin ; 16 députés, dont 3 ministres, perdent leur siège par décision de la cour constitutionnelle. Les élections du 1er mars sont annulées dans trois circonscriptions, la candidature du NPD ayant été reconnue illégale. Un quart de l'électoral retournera aux urnes en septembre 1970. En attendant, populistes et socialistes se retrouvent à égalité au Parlement.

Belgique

9 619 000. 316. 0,8 %.
Économie. PNB (67) 2 039. Production (67) : A 6 % + I 41 % + S 53 %. Énerg. (67) : 4 670. C.E. (67) : 37 % (avec le Luxembourg).
Transports. (*67) : 7 670 M pass./km, 6 154 M t/km. (*67) : 1 520 000 + 246 000.  : 933 000 tjb. (*67) : 1 953 857 000 pass./km.
Information. (65) : 54 quotidiens ; tirage global : 2 701 000. (67) : 3 190 000. (67) : 1 801 000. (67) : 479 200 fauteuils ; fréquentation : 39,5 M. (67) : 1 746 170.
Santé (66). 14 176. Mté inf. (67) : 23,7.
Éducation (64). Prim. : 967 124. Sec. et techn. : 769 012. Sup. : 75 489.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1830. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1831. Souverain : Baudouin Ier ; succède à Léopold III, après son abdication en 1951. Premier ministre : Gaston Eyskens.

L'état unitaire a vécu

Le gouvernement de G. Eyskens parvient enfin, en février 1970, à proposer un accord sur une « solution globale et totale des problèmes communautaires », c'est-à-dire sur les nouveaux rapports à instaurer entre les communautés flamande, wallonne et bruxelloise, devant accorder à chacune d'elles une plus grande autonomie économique et culturelle.

Le contenu de l'accord

Le projet est essentiellement destiné à apaiser la querelle linguistique qui empoisonne la vie publique depuis des décennies. Constatant que « l'État unitaire a vécu », le rapport propose de distinguer trois régions : la Flandre, la Wallonie et Bruxelles. Chaque région possédera un Conseil culturel, composé de sénateurs, qui légiférera sur les problèmes de son domaine. À Bruxelles, le Conseil sera mixte, réunissant Flamands et francophones.

Le statut de Bruxelles, peuplé à 80 % de francophones, a été la pierre d'achoppement de toutes les tentatives de règlement du problème linguistique. Les Flamands, majoritaires à environ 60 % dans l'ensemble du pays, acceptent une gestion paritaire de l'État, en échange d'une gestion également paritaire de l'administration de la capitale, exigence toujours repoussée par les Bruxellois. La difficulté est ici tournée par l'aménagement de phases de transition, qui, dans un délai de sept ans, doivent conduire d'une municipalité à prépondérance francophone (un bourgmestre [maire] et cinq échevins [adjoints au maire] francophones, contre trois échevins flamands en 1970) à une municipalité composée d'un nombre égal (quatre) d'échevins francophones et flamands (le président-bourgmestre demeurant toutefois francophone). Petite compensation à cette concession progressive aux Flamands : la possibilité pour chaque chef de famille de donner à ses enfants une éducation de langue française, même s'il est lui-même d'origine flamande ; c'est « le rétablissement de la liberté du père de famille ».