– Mesures de précaution à l'importation : par l'institution de contingents, pendant quatre mois pour les automobiles et véhicules industriels, pendant six mois pour les textiles, les produits sidérurgiques et certains appareils électroménagers.

– Mesures d'incitation et facilités à l'exportation par l'octroi, pendant sept mois, d'une allocation exceptionnelle en faveur des ventes à l'extérieur des produits autres qu'agricoles et énergétiques, par l'élargissement, pendant six mois, de la procédure du risque économique (système de la garantie de prix) pour les commandes d'équipement, et par l'abaissement de 3 % à 2 % du taux de réescompte des crédits à l'exportation.

Ce dispositif est d'autant plus nécessaire que la France dit en même temps « oui » au respect des échéances du 1er juillet 1968 : l'élimination complète des droits de douane entre les Six et la mise en place du tarif douanier commun vis-à-vis des pays tiers tenant compte des deux premières réductions décidées au Kennedy-round.

Le rattrapage

Grâce à l'aide à l'exportation et à une conjoncture internationale favorable — notamment dans les pays de la CEE —, le rattrapage se précise dès juillet 1968. Le phénomène est alors général pour tous les échanges, les importations ayant déjà commencé, dès le mois de juin, à refaire leur retard.

Les résultats du commerce global toutes zones de juillet donnent 6,1 milliards de francs d'importations, 6,4 milliards d'exportations. Le pourcentage de couverture des premières par les secondes atteint 104 %.

La reprise du commerce extérieur se poursuivra favorablement en août. Le taux de couverture se situera à 98 %. Le rattrapage des pertes enregistrées à l'exportation dépassera déjà 50 % à la fin du mois.

La relance des activités économiques du pays, soutenue par une forte expansion de la demande intérieure au niveau des biens de consommation et d'investissement, provoque un net ralentissement du rythme des ventes à l'étranger en septembre 1968. Les producteurs reconstituent leurs stocks, allongent leurs délais de livraison, commencent à pratiquer des arbitrages entre les marchés extérieur et intérieur, au détriment de l'exportation. Cette remise en route va profiter aux importations.

Les achats s'emballent

Succédant à une période de rattrapage marquée par une forte progression parallèle des importations assurant l'équilibre, les chiffres de septembre font ressortir une augmentation des achats plus rapide que l'augmentation des ventes. La couverture tombe à 85 %.

Les échanges se porteront, en octobre, à des niveaux encore plus élevés. Les exportateurs se sont efforcés de livrer le plus possible avant le 1er novembre, date à laquelle l'allocation exceptionnelle et temporaire devait être réduite de moitié.

En novembre et décembre, les importations originaires des pays hors zone franc parviennent à des niveaux records, respectivement de l'ordre de 6 et 6,5 milliards de francs. Les exportations vers ces mêmes pays, avec environ 4,9 et 5,1 milliards, tombent au-dessous de ce qu'elles étaient en octobre (5,4 milliards). D'un mois à l'autre, la couverture descend de 83 % à 79 %. Les taux de couverture de fin 1968 sont les plus faibles observés depuis 1959.

De septembre à décembre, la croissance considérablement rapide des importations provenant des pays hors zone franc atteindra + 25 %, mais celle des exportations, tout en étant élevée, ne sera que de + 14 %.

Rien ne va plus

Ainsi, le risque majeur que l'on redoutait — celui du déséquilibre de la balance commerciale — passe dans les faits. La crise monétaire de novembre 1968 (spéculation sur une réévaluation du deutschemark et une dévaluation du franc) n'est pas sans accentuer le mouvement.

Les tendances profondes du commerce extérieur français ne sont pas bonnes. Les majorations de salaires et leurs incidences sur les coûts de production se concilient assez mal avec les conditions inchangées qu'impose la concurrence étrangère. En fait, tout donne à penser que la dégradation de la balance commerciale a été différée grâce à l'aide à l'exportation.