Il est juste d'ajouter que des indépendants ont suivi l'exemple : Rallye en banlieue de Brest, Auchan dans le Nord, etc. Il est certain qu'au cours des prochaines années le commerce va se mettre de plus en plus au vert.

Tourisme

Hôtellerie : arrivée des groupes étrangers

Les jeux Olympiques à Grenoble, un été ensoleillé et des vedettes traditionnelles comme la tour Eiffel (2 515 000 visiteurs) ont fait de 1967-68 une honnête année touristique.

Ce n'est pas sans mérite. Alors que s'accroît sans cesse le nombre des pays récepteurs de touristes, celui des pays émetteurs reste limité ; en outre, les aléas de la conjoncture n'ont pas toujours été favorables à l'activité touristique, au cours de cette année qui a vu les Britanniques se débattre avec leurs problèmes financiers, les Allemands émerger lentement de leur ralentissement économique et les Américains du Nord répandre dans leurs caniveaux le vin de nos vignes. Les événements de mai 68, en France, ne devaient que pour un temps très court réduire l'afflux des touristes étrangers.

12 millions d'étrangers

La politique et l'économie n'ont cependant pas trop influencé les exodes touristiques en direction de nos frontières et le produit France ne s'est pas mal vendu : 12 millions d'étrangers ont franchi nos frontières en 1967, soit 1,4 % de plus que l'année précédente. Progression faible, plafonnement même si l'on considère le nombre de nuitées passées en France (112 millions, contre 111 en 1966).

Avec les 18,5 millions de Français qui ont pris leurs vacances dans l'hexagone (3,5 millions sont partis à l'étranger), le volume total des dépenses touristiques a dépassé les 5 milliards de francs : l'activité touristique, en France, est sensiblement de même importance que l'activité agricole.

Son développement bute, entre autres obstacles, sur le vieillissement de l'équipement hôtelier. Six hôtels français sur dix datent d'avant 1914. Depuis la dernière guerre, constructions neuves ou rénovations n'ont été entreprises qu'à un rythme très faible, en dehors de quelques exceptions comme les Alpes ; à Paris, avant l'arrivée d'Hilton, en 1964, aucun établissement n'avait été installé depuis l'ouverture de George-V, en 1933 ; la capitale comptait 2 000 chambres de moins qu'en 1939.

Octroi de crédits

La comparaison de notre équipement avec celui de nos concurrents se faisait de plus en plus en notre défaveur : 20 % de chambres avec salle de bains en France, contre 53 % en Italie.

Une très nette volonté de réveil aura été marquée en 1967. Du côté des pouvoirs publics, il a été décidé de relever le niveau moyen des hôtels, en appliquant, à partir de 1971, des normes de classement plus sévères, et de faciliter l'octroi de crédits aux constructions et rénovations. Les prêts, consentis par le Crédit hôtelier, industriel et commercial, peuvent atteindre 60 % du montant de l'opération pour une durée de vingt ans et un taux d'intérêt de 3,5 %. Résultat : en 1967, avec 308,4 millions de francs, le Crédit hôtelier a accru de 60 %, sur 1966, le volume de ses prêts. 186 hôtels nouveaux ont été créés.

Deux grandes chaînes

En même temps, le secteur dynamique de la profession, sous la poussée des grands groupes hôteliers anglo-saxons (Hilton, Sheraton, Inter-Continental, ACS, etc.), a pris conscience qu'il fallait, à la fois, satisfaire les exigences d'une clientèle nouvelle — tourisme d'affaires, usagers des transports aériens, par exemple — et appliquer des règles modernes de conception et de gestion.

Aussi voit-on, enfin, se multiplier projets et réalisations. Tandis que la CGTH, filiale de la Transat, installe en Corse deux hôtels-clubs et que se poursuit l'aménagement de la côte Languedoc-Roussillon, deux grandes chaînes françaises, la SOFITEL et la FRANTEL, entament l'implantation de deux réseaux nationaux d'hôtels.

La SOFITEL, après ses établissements de Strasbourg, Cherbourg, Quiberon et Nice, en construit deux autres, à Lyon et à Paris ; en outre, elle étudie la possibilité d'ouvrir dans la capitale un ou plusieurs hôtels de grande capacité (800 lits) destinés à recevoir la clientèle des compagnies aériennes. La FRANTEL, qui a mis en œuvre son programme à Mâcon et à La Grande-Motte, le poursuivra à Besançon, Mulhouse et Rungis.

Méthodes nouvelles

D'autres réalisations sont à l'étude, comme celle de l'hôtel-centre de congrès de la porte Maillot, à Paris (1 000 chambres). Simultanément, on assiste à une volonté de regroupement de nombreux hôteliers, en chaînes géographiques (France-Ouest-Hôtels, Paris-Côte d'Azur, etc.), en chaînes d'affinités (Châteaux-Hôtels, Logis de France, etc.) ou en groupements plus larges (France-Hôtels, Inter-Hôtels).