Désormais, toutes les congrégations, réduites à neuf et dont le nom est réadapté, sont sur un pied d'égalité juridique et organique. Certaines d'entre elles avaient le pape pour préfet ; désormais elles sont toutes dirigées par un cardinal-préfet, dont les décisions appellent une approbation pontificale. Pour mieux établir le rôle purement exécutif de la curie et sa dépendance à l'égard du souverain pontife, le pape Paul VI crée un conseil de cardinaux-préfets, chargé de donner une direction générale au travail des dicastères de la curie. Le Conseil se réunit pour la première fois le 11 juin 1968.

Institutions modernes

Si les trois tribunaux traditionnels (Signature apostolique, Rote et Pénitencerie apostolique) sont maintenus, la constitution Regimini intègre « les secrétariats pour le dialogue » (avec les chrétiens, les non-chrétiens, les non-croyants) et les Conseils (des laïcs, de la justice) dans le plan organique de la curie romaine, et elle établit une communication entre ces nouveaux dicastères et les anciens.

Ainsi, les présidents des trois « secrétariats pour le dialogue » sont membres de plein droit de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui, avant août 1967, portait le nom triomphaliste de la Propagande.

Le rajeunissement est sensible aussi au niveau des « offices », c'est-à-dire au sein de l'administration proprement vaticane.

Tandis que disparaissent de vénérables, mais anachroniques institutions héritées de la Renaissance (la daterie, la chancellerie des brefs, la secrétairerie des brefs...), tandis que la vieille cour vaticane devient la Préfecture du palais apostolique, on voit surgir des institutions résolument modernes d'allure et de nom, en particulier l'Office général de la statistique de l'Église.

Nominations pour 5 ans

De la constitution Regimini le grand public retient surtout la mesure la plus révolutionnaire : l'abolition du principe de l'inamovibilité des charges. Désormais, les cardinaux-préfets, les membres des dicastères, les secrétaires ou consultées ne pourront rester en charge plus de cinq ans ; cependant, le pape pourra les confirmer dans leur charge.

À la mort du souverain pontife, toutes les nominations seront caduques. Le nouveau pape peut les reconfirmer, mais trois mois seulement après son élection, le temps que s'évanouisse ce que Mgr Pinna appelle avec saveur « la joie confuse des compliments ». Cette flexibilité de la curie est accentuée par la disparition des cumuls de charges et par l'application — prudente, certes, mais inéluctable — de la limite d'âge (75 ans) aux membres de la curie.

L'application de la constitution Regimini, d'abord fixée au 1er janvier 1968, a été reculée au 1er mars, en partie à cause de la maladie de Paul VI et aussi en raison du caractère délicat des mutations et démissions de personnes.

L'internationalisation

Dès le début du mois de janvier 1968, les choses bougent. Trente-cinq évêques et personnalités ecclésiastiques, choisis dans le monde entier, sont désignés par le pape pour participer aux travaux de deux congrégations de la curie.

Les supérieurs généraux des Jésuites, des Cisterciens et des Salésiens entrent dans la Congrégation des religieux et des instituts séculiers. Les supérieurs généraux de plusieurs congrégations missionnaires sont nommés à la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Sur les 35 membres de la curie ainsi désignés, 4 sont des religieuses ; 3 seulement sont des Italiens. L'internationalisation de la curie est devenue une réalité.

Le départ d'Ottaviani

Si la démission du cardinal Cento, grand pénitencier, en 1967, n'a guère attiré l'attention, malgré sa valeur d'exemple, celle du cardinal Ottaviani, pro-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Saint-Office), le 9 janvier 1968, fait sensation. Elle apparaît aux yeux de beaucoup comme un symbole, celui de la fin d'un monde. Si l'aggiornamento de l'Église le déconcerte incontestablement, le cardinal Ottaviani, homme de prière et de haute conscience, trouve en lui l'humilité nécessaire pour s'effacer.