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La réforme de la curie Romaine

En plein mois d'août, alors que Rome, vide, dort au fond de sa torpeur, Paul VI lance coup sur coup deux documents complémentaires qui constituent ce qu'on peut appeler la « loi-cadre » de la réforme de la curie. Il s'agit du motu proprio Pro comperto sane (12 août 1967) et de la constitution Regimini Ecclesiae universae (15 août).

L'accouchement de la réforme curiale s'est révélé difficile. Le pape s'est attaqué à une administration vénérable et disparate, datant, pour l'essentiel, du xvie siècle, Pie X y ayant introduit, en 1908, un minimum d'architecture organique. La Curie n'est pas seulement une machine désuète, mais bien huilée. C'est un corps formé de plus de 300 personnes (cardinaux, secrétaires, prélats, employés), dont le dévouement à l'Église n'exclut pas les déficiences humaines. (V. Journal de l'année 66-67.)

Les promotions

Paul VI a préparé, durant près de quatre années, les réorganisations de structure (telle la réforme du Saint-Office en 1965) avec des nominations échelonnées et révolutionnaires. Ayant souffert, comme Jean XXIII, du caractère inadapté de l'équipe romaine attelée aux réformes conciliaires, Paul VI a, semble-t-il, fait souvent précéder les réformes de structure par des mutations de personnel. La grande promotion cardinalice du 29 juin 1967 et la désignation, le 30 juin, de deux nouveaux titulaires aux charges les plus importantes de la secrétairerie d'État, se situent dans cette perspective.

Les évêques diocésains

Le motu proprio Pro comperto sane établit que, dans les congrégations de la curie entreront un certain nombre d'évêques diocésains, désignés par le pape. Sans renoncer à leur charge pastorale, ils apporteront à l'esprit juridique et diplomatique de la curie le correctif de leur expérience.

Le nombre de ces évêques varie avec les dicastères : il y en a 7 dans la Congrégation pour la doctrine de la foi, 10 dans la Congrégation des religieux. La durée de leur charge est de cinq ans. En fait, ces évêques ne sont convoqués à Rome que lors des sessions plénières annuelles des congrégations. L'efficacité de la réforme dépendra donc des questions qui seront portées à l'ordre du jour des réunions annuelles et aussi de la durée (non précisée) de ces sessions.

Dans le préambule de la constitution apostolique Regimini Ecclesiae universae, Paul VI rappelle qu'il s'agit pour lui de mettre en application le vœu exprimé par les pères du IIe concile du Vatican (décret Christus Dominus) : « Que les dicastères, qui, certes, ont apporté au Pontife romain et aux pasteurs de l'Église une aide magnifique, soient soumis à une nouvelle organisation plus en rapport avec les besoins des temps, des pays et des rites, notamment en ce qui concerne leur nombre, leur nom, leur compétence, leurs méthodes propres de travail et la coordination de leurs travaux. »

Les « règles constitutives » générales de la constitution Regimini insistent particulièrement sur le recrutement élargi des « consulteurs », ou conseillers techniques, des congrégations. Ils seront désormais recrutés dans le monde entier, parmi les prélats, les prêtres, les religieux et aussi — innovation capitale — parmi les laïcs compétents et éclairés.

Direction générale

Limitation et structuration des pouvoirs curiaux, fin du carriérisme : tels semblent être les deux pôles autour desquels le pape développe les données et les applications de la constitution Regimini. La curie, telle que l'a trouvée Paul VI en 1963, est un organisme sans coordination réelle. Peu à peu, elle a absorbé une bonne part des fonctions délibératrices du consistoire des cardinaux, et tandis qu'une subtile et gênante hiérarchie s'est établie dans les Congrégations, la secrétairerie d'État est paradoxalement réduite à un rang subalterne.

Paul VI, par la constitution Regimini, rend à la secrétairerie d'État le rôle et le nom de secrétariat du pape, dont le but unique est d'aider le souverain pontife « dans le soin de l'Église et dans les relations avec les dicastères de la curie romaine ». De ce secrétariat est détaché un organisme qui est, en fait, un ministère des Affaires étrangères : le Conseil pour les affaires publiques de l'Église.