La dissolution du bureau politique du parti unique malien en août 1967, et le rôle prééminent pris alors par le Comité national de défense de la révolution donnent un moment à penser que les partisans d'une politique de rapprochement avec la France éprouvent quelques difficultés à faire prévaloir leur point de vue à Bamako. Les événements devaient se poursuivre, en janvier 1968, par la décision de l'Assemblée nationale de se dissoudre elle-même.

En fait, il apparaît rapidement que si la réorganisation du secteur socialiste de l'économie malienne exige temps et sacrifices, si les séquelles de la dévaluation du franc malien suscitent quelques mécontentements, la réconciliation franco-malienne scellée par les accords monétaires de février 1967 n'est aucunement remise en cause.

Maroc

13 451 000. 30. 2,8 %. Consomm. énergie (*65) : 153 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 470 M pass./km, 2 032 M t/km. Parc autos (*65) : 164 400 + 65 100. Aviat. civ. (*65) : 213 286 000 pass./km.
Information. Journaux (63) : 10 quotidiens ; tirage : 220 000 sur 8 quotidiens. Récepteurs radio : 700 000. Téléviseurs : *33 000. Cinéma (64) : 226 salles ; fréquentation : 19,4 M. Postes téléphone : 141 866.
Santé (63). 1 276 médecins.
Éducation (64). Prim. : 1 105 182. Sec. et techn. : 173 761. Sup. : 10 136.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l' ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1962. Souverain : roi Hassan II, qui succède, le 3 mars 1961, à son père Mohammed V décédé. Premier ministre : Mohammed Benhima.

Hassan II consolide ses liens avec les États arabes

Fermeté accrue à l'égard de l'opposition, mise au point d'ambitieux projets de développement, renforcement de l'orientation islamique de l'État, consolidation des rapports avec les pays musulmans du Moyen-Orient, recherche d'appuis et de ressources financières à l'étranger : telles sont les principales caractéristiques de la politique suivie par Hassan II.

Le souverain chérifien a pu ainsi, malgré les passions déchaînées par la guerre israélo-arabe, préserver l'ordre en même temps que son pouvoir personnel. Dès sa désignation par le roi, le 6 juillet 1967, à la tête du gouvernement, le Dr Mohammed Benhima, donne un coup d'arrêt à la campagne « antisioniste », conduite par le parti de l'Istiqlal et la centrale syndicale UMT. Il dénonce « les esprits critiques qui se cachent derrière des slogans de l'arabisme et de l'Islam ».

L'Union marocaine du travail et son secrétaire général, Mahjoub Ben Seddik, sont particulièrement visés. Profitant de la conjoncture, l'UMT avait préconisé la formation de comités populaires pour mener la « lutte anti-impérialiste et antisioniste ».

Inspiré de l'article 16

Le 7 juillet Mahjoub Ben Seddik est arrêté. La grève générale de protestation, décrétée dès le lendemain, ne parvient pas à empêcher sa condamnation à 18 mois de prison ferme. La répression se développe : arrestation de journalistes, saisies ou mises hors la loi de publications, interdiction du congrès annuel de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM), etc. Malgré les appels répétés d'Allal el Fassi pour le rétablissement des institutions constitutionnelles, l'état d'exception, instauré le 7 juin 1965, sera maintenu aux termes de l'article 35 de la loi fondamentale (inspiré de l'article 16 de la constitution française). Le roi s'oppose à l'organisation d'élections (prévues par ce même article) en faisant valoir que le Parlement n'est, au demeurant, qu'une « fraction de la démocratie ».

Emprunt obligatoire sur les salaires

À cet égard, le Conseil supérieur de la promotion nationale et du plan — comprenant les ministres, les présidents des assemblées provinciales et 250 personnes désignées par le pouvoir — prend les allures d'une assemblée, sinon parlementaire, du moins consultative. Hassan II lui a confié l'examen du plan quinquennal 1968-1972 et a exprimé le vœu que ce Conseil tienne plusieurs sessions dans l'année.

Le plan quinquennal présenté par le souverain le 12 mars fixe les options économiques comme suit : développement prioritaire de l'agriculture (30 % des investissements envisages) ; construction de barrages (sur 110 milliards de mètres cubes d'eau disponibles, 2 milliards seulement sont utilisés) ; mise en place d'un équipement touristique (pouvant accueillir plus d'un million de visiteurs) ; formation de cadres. Au total, des investissements s'élevant à 5 050 millions de dirhams (à peu près autant en francs), dont 3 millions devront être prélevés sur les ressources du Maroc. Il est décidé l'émission, à partir du 1er mai 1968 et pendant trois ans, d'un emprunt obligatoire prélevé sur les traitements et les salaires dans des proportions allant de 0,50 à 1,50 %.