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Algérie

12 150 000. 5. 1,9 %. Consomm. énergie (*65) : 300 kg e.c.
Transports. Rail (*65) : 636 M pass./km, 1 050 M t/km. Parc autos (*65) : 210 000 + 95 000. Aviat. civ. (*65) : 236 330 000 pass./km.
Information. Journaux : 5 quotidiens ; tirage global : 170 000. Récepteurs radio (63) : 1 500 000. Téléviseurs : 150 000. Cinéma : 51 salles ; fréquentation : 26,9 M. Postes téléphone : 139 602.
Santé (64). 1 301 médecins.
Éducation (64). Prim. : 1 270 150. Sec. et techn. : 76 204. Sup. : 5 926.
Institutions. État indépendant le 3 juillet 1962. République proclamée le 25 septembre 1962. Constitution de 1963. Président du Conseil de la révolution et chef de l'exécutif : colonel Houari Boumediene, auteur du coup d'État qui renverse Ben Bella le 19 juin 1965. Parti unique : FLN (Front de libération nationale) ; secrétaire général Kaïd Ahmed.

Boumediene maintient son autorité malgré une forte opposition

Jamais depuis 1963, et sans doute depuis l'avènement au pouvoir du colonel Boumediene, le 19 juin 1965, l'opposition n'a manifesté une aussi grande combativité. Dès la mi-octobre 1967, Belkacem Krim entre publiquement en dissidence et annonce, à Paris, la fondation du Mouvement démocratique du renouveau algérien (MDRA)

Début novembre, une vive tension se manifeste dans les milieux politiques et surtout militaires. Des officiers supérieurs s'élèvent contre la « monopolisation » du pouvoir par le « clan Boumediene » et revendiquent des élections, la réunion du Conseil de la révolution et la convocation d'un congrès du FLN.

La décision, prise en décembre, de confier la réorganisation du parti à Kaïd Ahmed, ministre des Finances, ne fait qu'exacerber les oppositionnels au sein de l'armée. Le 14 décembre, le colonel Tahar Zbiri, chef de l'état-major, tente un coup de force, qui échoue : il prend le maquis. Le mouvement séditieux qu'il déclenche dans la Mitidja, peu après, n'aboutit pas. L'ancien chef de l'état-major parvient, le 31 mai, à se présenter à un poste-frontière tunisien et, le 5 juin, le président Bourguiba lui accordera le droit d'asile.

Le colonel Boumediene rétablit aisément son autorité sur l'armée ; le 28 décembre, les officiers supérieurs, réunis par ses soins, lui réaffirment leur soutien. Mais l'opposition ne désarme pas pour autant. Le 24 janvier, Kaïd Ahmed échappe, pour la deuxième fois, à un attentat. Le 2 février, l'université d'Alger, sur l'instigation de l'Union nationale des étudiants algériens, se met en grève. Les étudiants entendent manifester contre « l'embrigadement de l'université » par le FLN. Fermée le 6 février, l'université devait rouvrir ses portes le 19. Trois jours plus tard, le gouvernement annonce le démantèlement d'un « réseau de tueurs » qui devait attenter à la vie des dirigeants algériens. Belkacem Krim et le MDRA sont accusés d'être à l'origine de plusieurs tentatives d'assassinat.

Deux mois plus tard, c'est au tour du colonel Boumediene d'échapper de justesse à la mort. Le 25 avril, un homme armé d'un pistolet mitrailleur tire en direction de la voiture du chef de l'État. L'agresseur et ses complices sont vêtus d'uniformes des compagnies de sécurité (CRS algériens). Les membres du service d'ordre ripostent, tuant deux membres du commando. Le gouvernement d'Alger n'accuse aucune organisation d'opposition en particulier, et se contente de dénoncer « l'entente secrète entre la réaction interne et les ennemis extérieurs de notre pays ».

Commerce avec l'URSS quadruplé

Depuis le conflit israélo-arabe de juin 1967, en effet, le gouvernement algérien s'estime menacé de l'extérieur Le colonel Boumediene avait dénoncé la « complicité » anglo-américaine avec l'État hébreu, rompu les relations diplomatiques avec Washington (celles avec Londres avaient été interrompues dès mai 1967, en raison de la crise rhodésienne) et cessé les livraisons de pétrole en direction des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Le chef de l'État algérien a refusé, en août-septembre 1967, d'assister à la conférence des chefs d'État arabes de Khartoum, où il avait été décidé de lever l'embargo pétrolier et de rechercher une solution pacifique au problème palestinien. En novembre, de même, il s'élève contre la résolution du Conseil de sécurité, patronnée par les puissances de l'Ouest et de l'Est, prévoyant un règlement israélo-arabe. Malgré la mauvaise humeur qu'il manifeste à l'égard de la politique soviétique de coexistence pacifique, il réserve ses flèches à l'Occident, qu'il accuse, en octobre, à la conférence économique d'Alger, de « piller » les pays du tiers monde.