Nice
Chef-lieu du département des Alpes-Maritimes, sur la Côte d'Azur, dominé par les Préalpes de Nice, à 933 km au S.-E. de Paris.
- Population : 343 889 hab. (recensement de 2018)
- Nom des habitants : Niçois
- Population pour l'agglomération : 941 490 hab. (recensement de 2009)
GÉOGRAPHIE
Célèbre par la clémence de ses hivers, la chaleur tempérée de ses étés, la principale ville de la Côte d'Azur règne sur l'ensemble touristique littoral qui s'étend du massif des Maures à la frontière italienne. Nice est la cinquième agglomération de France par la population, derrière Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux. Les 24 communes de l'agglomération sont, depuis le 1er janvier 2009, regroupées dans une communauté urbaine, Nice Côte d'Azur.
Site, situation et climat
Enserrée entre la montagne et la mer, la ville a conquis une plaine cernée d'une série de hauteurs : coteaux du Var à l'ouest, collines de Cimiez, anticlinal du mont Alban - mont Boron à l'est, encadrant la plaine alluviale du Paillon anciennement parsemée de ruisseaux (désormais couverts) qui évacuaient les eaux vers la baie des Anges et servaient de chemins de desserte une bonne partie de l'année. Les calcaires d'âge jurassique sont à l'origine des reliefs orientaux, alors que les coteaux dominant le Var sont des lanières de poudingues découpées par des ravins marquant l'ancien delta pliocène qui a accumulé une masse importante de cailloutis ; le delta actuel, une ancienne huerta gagnée par drainage et assainissement, a permis l'implantation de l'aéroport.
La situation de la ville, excentrée dans le territoire national, longtemps mal reliée à l'Italie voisine, est médiocre entre un littoral découpé (a priori favorable au cabotage, mais n'ayant pas engendré un commerce actif) et un arrière-pays peu praticable, monde cloisonné par les reliefs des Préalpes de Nice proches de la mer. Deux coupures cependant offraient des conditions inégales, celle de la vallée du Var, un fleuve méditerranéen (donc répulsif par ses crues soudaines et les divagations de son cours), et celle du Paillon, qui, au contraire, ménageait un débouché à la région piémontaise.
De climat méditerranéen, Nice enregistre 2 640 heures d'ensoleillement par an pour 860 mm de précipitations en 80 jours. Octobre, novembre et décembre sont les mois les plus pluvieux. La température moyenne annuelle est de 15 °C.
Une croissance due au tourisme et aux retraités
Le site est anciennement occupé, mais la ville (le vieux Nice actuel) comptait moins de 50 000 habitants lors de son rattachement à la France (1860). Après l'arrivée du chemin de fer, le tourisme d'hiver, dû à l'ensoleillement exceptionnel, attire les étrangers et favorise le développement de la ville ; celle-ci s'étend au-delà du torrent côtier du Paillon, et, sur le front de mer, la Promenade des Anglais acquiert une réputation mondiale. Le carnaval devient l'une des fêtes les plus courues de France. Le tourisme d'été, plus populaire, se développe à partir de l'entre-deux-guerres.
Nice est aujourd'hui la première station touristique et le premier centre de résidence d'agrément (pour retraités, notamment) de la Côte d'Azur. Les nouveaux quartiers ont débordé sur les collines voisines et sur la vallée du Var ; une ligne de tramway relie, depuis 2007, le centre-ville aux quartiers nord et est. La population active ne pouvant se contenter de la fonction résidentielle de Nice, fortement marquée par le nombre croissant de retraités, et de la monoactivité touristique, il a fallu diversifier les fonctions tant industrielles que tertiaires. Malgré un certain développement industriel (mécanique, électronique, chimie fine, confection), ces activités tertiaires dominent largement.
Les activités tertiaires
Le technopôle de Sophia-Antipolis et l'université de Nice-Sophia-Antipolis sont des outils précieux pour cette réorientation. L'université compte 28 000 étudiants, 1 300 enseignants-chercheurs, 250 centres d'études et de recherches (taux régional de chercheurs le plus élevé après Paris ; production de demandes de brevets la plus importante après l'Île-de-France). Le Centre d'Azur Développement de Nice a en charge le développement et la promotion de la Côte d'Azur industrielle, scientifique et technologique. Chaque année, une quarantaine d'entreprises, françaises et étrangères, s'implantent sur la Côte d'Azur et particulièrement à Sophia-Antipolis : ce site a accueilli notamment Gentech, firme française de biotechnologie, une nouvelle unité de Bouygues Télécom. Le site de l'Arénas, face à l'aéroport de Nice-Côte d'Azur, regroupe plus de 300 entreprises nationales et internationales ; il est le site d'entreprises le plus important du sud de la France et comprend 125 000 m2 de bureaux, 40 000 m2 d'hôtellerie et 10 000 m2 de commerces. Le pôle santé du département regroupe à Nice 186 entreprises, 12 000 emplois et réalise 1,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Le secteur pharmaceutique regroupe 80 sociétés (8 600 salariés) totalisant près de 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Le quartier de Carros regroupe plus particulièrement les secteurs de l'électronique et de l'électromécanique, ainsi que de la chimie. Nice, ville de foires et de congrès, accueille les salons d'Agecotel (agencements hôteliers) et d'Orti-Azur (horticulture).
Nice est le deuxième pôle touristique de France derrière Paris. Les liaisons aériennes ont fortement désenclavé la ville, qui, jusque dans les années 1960, n'était accessible par la voie terrestre que par le chemin de fer et la RN7, avant que l'autoroute A8 ne prenne le relais, suivie dans les années 1990 par le TGV. Son aéroport (Nice-Côte d'Azur) – qui, avec 4 600 salariés, constitue par lui-même un pôle économique majeur de la région – est le deuxième aéroport français derrière Paris et le premier aéroport touristique national ; son activité fret le place à la sixième place en France. La ligne Paris-Nice est en fréquentation la première ligne aérienne française et la deuxième d'Europe derrière Paris-Londres. Le trafic portuaire se répartit entre le fret et les passagers : rotations régulières avec la Corse, excursions à la journée, 500 emplacements pour les bateaux de plaisance et une centaine d'escales de croisiéristes par an. Un projet de réaménagement du port envisage la construction d'un nouveau bassin au sud de la digue actuelle.
Pour accueillir les touristes, Nice est bien équipée : 7 500 mètres de plages protégées du vent du nord par les proches reliefs, 300 hectares d'espaces verts, 150 bassins et fontaines, 10 000 chambres d'hôtel. Les grands hôtels proposent au tourisme d'affaires plus d'une centaine de salles de séminaires équipées pour 500 personnes. De nombreux sites sont adaptés pour la tenue de dîners de gala et de grandes manifestations : le port, les arènes romaines de Cimiez, le marché aux fleurs Saleya, la colline du château, le parc floral Phœnix. Nice compte 18 musées, 4 théâtres, 1 opéra et 40 cinémas. Le lycée hôtelier Paul-Augier (23 000 m2, 1 200 élèves) sous-tend la structure touristique locale. Un centre international de recherche et de formation au management public du tourisme ainsi qu'un institut méditerranéen d'art culinaire sont en projet.
Cependant, l'influence de Nice ne déborde guère le département, et les initiatives viennent souvent de Paris ou des grands centres de l'Europe de l'Ouest.
La communauté urbaine
Les 24 communes membres de la communauté urbaine Nice Côte d'Azur sont les suivantes : Aspremont, Beaulieu-sur-Mer, Cagnes-sur-Mer, Cap-d'Ail, Castagniers, Coaraze, Colomars, Duranus, Èze, Falicon, La Gaude, Levens, Nice, La Roquette-sur-Var, Saint-André-de-la-Roche, Saint-Blaise, Saint-Jean-Cap-Ferrat, Saint-Jeannet, Saint-Laurent-du-Var, Saint-Martin-du-Var, Tourrette-Levens, La Trinité, Vence, Villefranche-sur-Mer.
L'HISTOIRE DE NICE
Des Ligures occupaient Cimiez au ve siècle avant J.-C. quand des Grecs venant de Phocée (Marseille) fondèrent Niké, ou Nikaia, « pour se défendre – selon Strabon – contre les Barbares du voisinage et garder la mer libre ». En 154 avant J.-C., les Romains firent passer par Cimiez la via Julia et ils organisèrent en 14 une circonscription administrative, ébauche du futur département des Alpes-Maritimes, mais la ville resta rattachée à Marseille. Après la chute de l'Empire, elle connut une longue période d'insécurité du fait des raids sarrasins.
Au xiiie siècle, Nice, appelée « Cap de Provensa », est une modeste cité administrée par un consulat de nobles et de marchands sous l'autorité du comte de Provence.
À la suite de l'assassinat (1382) de la reine Jeanne Ire d'Anjou, comtesse de Provence, par son neveu Charles de Durazzo, la maison d'Anjou hérite de la Provence, mais ne parvient pas à dominer la région qui s'étend de Barcelonnette à Nice et qui est tenue par les bandes de Jean Grimaldi, baron de Beuil, représentant de Duras. Plutôt que de dépendre d'Anjou, Grimaldi appelle la maison de Savoie, qui ne demande qu'à atteindre la mer, et, le 28 septembre 1388, Nice se rend au comte Amédée VII de Savoie.
Au xvie siècle, la ville forme le comté de Nice avec la viguerie de Lantosque, la Tinée, le bailliage de Barcelonnette et le comté de Vintimille, territoires acquis depuis le xive siècle par la maison de Savoie. Désormais, Nice est un port solidement fortifié. En 1538, le pape Paul III, qui y séjourne, tente en vain de faire signer une trêve à Charles Quint et François Ier. En 1543, les Turcs débarquent et donnent l'assaut. C'est alors, d'après la légende, qu'une femme du peuple, Catherine Ségurane, galvanise les défenseurs et, couteau au poing, se précipite sur les assaillants. Les Turcs s'emparent de la ville, mais se heurtent à la résistance acharnée de la forteresse située au sommet de la ville haute et se retirent.
Plus heureux, les Français de Catinat l'emportent en 1691, mais, comme le duc de Savoie quitte la ligue d'Augsbourg en 1696, Nice lui revient. Pendant la guerre de la Succession d'Espagne, le duc de Berwick prend Nice en 1706 et rase ses remparts en exécution de l'ordre de Louis XIV, contre lequel Vauban s'est élevé. Un an plus tard, Impériaux et Piémontais refoulent les Français.
Louis XV dispute Nice à la maison de Savoie (qui a la royauté de Sardaigne depuis 1720) au cours de la guerre de la Succession d'Autriche, la prend, puis la restitue en 1748 à la paix d'Aix-la-Chapelle.
Cependant, les activités maritimes niçoises se sont fortement développées et le roi Charles-Emmanuel III entreprend la construction d'un nouveau port entre le château et le mont Boron. La monarchie sarde fonde aussi un collège universitaire, embellit la ville d'une place à arcades (aujourd'hui place Garibaldi), ouvre la route de Nice à Coni.
Occupée par les troupes françaises en 1792, Nice est rattachée à la France, et le comté devient le département des Alpes-Maritimes. Bonaparte y réside en 1793 comme capitaine au 4e régiment d'artillerie, puis comme général de brigade en 1794. Le 9 thermidor, il y est arrêté. Nice lui servira de base pour sa campagne d'Italie de 1796. Les Impériaux étant entrés dans la ville, Suchet les chasse le 29 mai 1800. Après l'abdication de Napoléon Ier, elle retourne au gouvernement de Turin. Celui-ci, désormais, s'intéresse davantage à Gênes. Cependant, de 1814 à 1860, il réalise d'importants aménagements urbains : place Masséna, promenade du château, boulevards. Les Anglais, qui avaient mis à la mode les séjours d'hiver sur la côte à la fin du xviiie siècle, reviennent au lendemain de l'Empire, suivis de riches Français, Russes, Italiens, Allemands, Suisses et même Américains.
Le plébiscite du 16 avril 1860, consécutif à l'intervention française aux côtés du Piémont contre l'Autriche décide par 27 000 « oui » sur 27 348 votants le rattachement du comté de Nice à la France à l'exception de Tende et La Brigue. À Nice même, on a dénombré 6 810 « oui » pour 11 « non ». Le 14 juin 1860, les troupes françaises entrent dans la ville, dont Napoléon III et l'impératrice Eugénie reçoivent les clés. Une période faste qui durera jusqu'en 1914, commence alors pour Nice.
Le maire Malausséna entreprend entre 1860 et 1870 des travaux considérables avec l'appui actif et généreux du gouvernement impérial : ouverture des avenues du Prince-Impérial (Victoria), qui relie le centre à la gare, Promenade des Anglais, construction de grandes palaces qui accueilleront tant de rois et la plus riche clientèle touristique mondiale qui ait, sans doute, jamais existé. Capitale incontestée de la Côte d'Azur, Nice connaîtra encore après la Première Guerre mondiale une très brillante période, puis, avec l'évolution des mœurs, elle s'ouvrira au grand tourisme qui n'est plus seulement celui des grands.
L'ART À NICE ET DANS SA RÉGION
Les pentes du mont Bego (col de Tende) conservent un grand nombre de gravures rupestres préhistoriques. De l'époque romaine datent le « trophée des Alpes », élevé en l'an 6 avant J.-C. à la Turbie pour commémorer la victoire d'Auguste sur les tribus alpines, les arènes, les thermes et l'aqueduc, dont les vestiges ont été retrouvés à Cimiez (iiie s.), ainsi que le mur de la Chèvre d'or de Biot et le mur de Roquebrune-Cap-Martin, restes de sanctuaires de plein air.
Sur la colline du Château, site primitif de la ville de Nice, les fouilles ont mis en évidence les substructions de la cathédrale du xie siècle et de celle du xiie siècle. Au xve siècle se développa dans le comté de Nice une école de peinture, dite des « primitifs niçois », marquée par l'influence de l'Italie – surtout de Gênes – et que dominent les noms de Louis Bréa, Jean Miralhet, Jacques Durandi, Jacques de Carolis ; mais un grand nombre d'œuvres sont anonymes. On peut admirer diverses peintures de cette école à Nice, Cimiez, Lucéram, Biot, Antibes. La chapelle des Pénitents noirs et l'église Saint-Barthélemy de Nice conservent des Vierges de Miralhet et de Bréa. Le triptyque de la Pietà (1475) de Louis Bréa, à l'église de Cimiez, est justement célèbre pour sa sobriété expressive. À la même époque, la plupart des sanctuaires du comté de Nice furent décorés de fresques. Celles qui subsistent à Saint-Etienne-de-Tinée, Lucéram, Auron, Saorge, Venanson comptent parmi les meilleurs témoignages d'une peinture sacrée pleine de sève populaire.
Hormis l'église de Cimiez avec sa nef du xve siècle et Saint-Barthélemy, en partie du xvie siècle, les plus importantes églises sont du xviie siècle : la cathédrale Sainte-Réparate, classique, Saint-Jacques, imitée du Gesù de Rome, Saint-Augustin, baroque (Pietà de L. Bréa), la chapelle de l'Annonciation, au décor baroque à l'italienne. De la même époque sont le palais Lascaris et le palais du Sénat, tous deux d'inspiration génoise. Au xviiie siècle, la chapelle de la Miséricorde ou des Pénitents noirs et l'église Saint-François-de-Paule offrent d'autres exemples du style baroque.
Au xxe siècle, la ville, comme tout le Sud méditerranéen, attire de nombreux artistes (Modigliani, Dufy, Matisse, etc.). À partir des années 1960, on a réuni sous l'appellation d'« école de Nice » les artistes originaires de la ville, comme les nouveaux réalistes Arman, Y. Klein et Raysse, ou encore Ben, Malaval, le Groupe 70, etc., tous très différents, mais représentatifs de la vitalité du foyer niçois.
LES MUSÉES DE NICE
Le musée des Beaux-Arts, d'abord appelé musée Jules-Chéret, avenue des Baumettes, présente des primitifs italiens et flamands, des peintures françaises du xviiie au xxe siècle, des salles Chéret, Van Dongen, Dufy.
Le musée d'Art et d'Histoire, installé dans le palais Masséna, conserve des primitifs niçois, des faïences provençales, des souvenirs de Masséna et de la famille impériale. Le musée-prieuré du Vieux-Logis est consacré au mobilier et aux objets d'art provençaux.
Le musée international d'Art naïf, ouvert en 1982, résulte d'une donation du critique et collectionneur Anatole Jakowsky.
Inauguré en 1990, le musée d'Art moderne et d'Art contemporain présente des collections d'œuvres françaises (y compris l'« école de Nice ») et américaines.
L'ancienne galerie des Ponchettes abrite le musée Mossa et le musée Raoul Dufy. Dans le palais Lascaris a été aménagé un musée des Arts et Traditions populaires.
Sur la colline de Cimiez se trouvent le nouveau Musée archéologique (associé aux restes de la ville antique), le musée Matisse (dans la villa des Arènes, du xviiie siècle : ensemble de peintures, dessins, gravures et bronzes donnés par la famille de l'artiste) et le musée national Message biblique Marc-Chagall ; inauguré en 1973, celui-ci renferme 17 grandes peintures à sujets religieux de Chagall ainsi que des gouaches, dessins et esquisses, trois vitraux, une mosaïque, etc.
Le musée de Paléontologie humaine de Terra Amata, gisement préhistorique découvert au pied du mont Boron, a été ouvert en 1976 sur les lieux mêmes des fouilles.
Nice possède encore, notamment, un museum d'histoire naturelle et un musée de la Marine.