Gênes
en italien Genova
Ville d'Italie, capitale de la Ligurie, chef-lieu de province, sur le golfe de Gênes.
- Population : 591 790 hab. (recensement de 2011)
- Nom des habitants : Génois
Gênes est la cinquième ville d'Italie. Elle a un rôle régional notable, mais elle est avant tout le premier port italien, débouché maritime des régions hautement industrialisées de la plaine du Pô (Piémont, Lombardie). C'est aussi un grand complexe industriel.
GÉOGRAPHIE
La ville au fond du golfe de Gênes est caractérisée par le contraste entre un site exécrable et une situation excellente. La retombée brutale de l'Apennin sur la mer détermine une côte rocheuses, fermée, avec de multiples indentations de détail. Le site primitif est composé d'un amphithéâtre de collines s'élevant jusqu'à 500 m, limité à l'est par le torrent Bisagno et à l'ouest, 5 km plus loin, par le torrent Polcevera. Ces collines enserrent une baie semi-circulaire, large de 2 km, profonde d'un peu plus de 1 km, largement ouverte vers le sud et, de ce fait, exposée aux vents d'ouest et de sud-ouest. L'agglomération actuelle s'étend sur 25 km d'est en ouest, de Nervi à Voltri.
Le site urbain est donc médiocre, car l'absence de vastes terrains plats limite les extensions. Tout cela est compensé par l'avantage de la position. La ville est placée au point de la côte ligure le plus proche de la plaine du Pô, là où, précisément, la traversée de l'Apennin ligure est la plus facile. En effet, par la vallée du Polcevera, on atteint aisément le col des Giovi (472 m), et, de là, par la vallée de la Scrivia, la plaine padane.
Gênes est à la fois industrielle et commerciale. La ville est le premier port de voyageurs de la Méditerranée et surtout le deuxième port de commerce italien et de l'ensemble de la Méditerranée, après Marseille. Le trafic, de l'ordre de 50 Mt, est encore dominé par les importations d'hydrocarbures, en grande partie expédié par oléoducs vers Milan, la Suisse et l'Allemagne. Le port est à l'origine de toute une série d'activités tertiaires (import-export, assurances, commerce). Celles-ci englobent aussi des fonctions indépendantes du port (administration, université, édition). Les industries forment le deuxième volet de l'économie. Ce sont la métallurgie (aluminium) et les aciéries (à Cornigliano), la mécanique, les chantiers navals (à Sestri Ponente) qui dominent ; la pétrochimie se développe (raffineries), tout comme les produits pharmaceutiques et l'agroalimentaire (conserveries, brasseries), et les industries traditionnelles se maintiennent (savonnerie, huileries, conserveries, etc.).
La ville s'organise à partir du Vieux Port, autour duquel se déploie le centre tertiaire, entre la gare principale et la piazza de la Vittoria, avec comme point principal la piazza De Ferrari. ce quartier présente de forts contrastes entre les grandes artères et les pittoresques ruelles (les Carrugi). Sur les collines se trouvent les résidences aisées. À l'E. les quartiers d'habitation dominent, tantôt récent, tantôt conservant un ancien centre villageois, comme à Sturla, à Quarto dei Mille, à Quinto al Mare. À l'extrémité orientale, Nervi tient une place à part à cause de sa fonction touristique. À l'O. l'industrie et les quartiers ouvriers l'emportent, à Sampierdarena, dans la vallée du Polcevera jusqu'à Pontedecimo, puis Cornigliano, Sestri Ponente, enfin Pegli, Pra, Voltri.
Gênes a fait récemment l'objet de travaux dans la vieille ville et dans l'agglomération. Le vieux port a été redessiné par l'architecte italien Renzo Piano. Les anciens entrepôts ont été réutilisés, de nouveaux équipements ont été construits, notamment un aquarium, qui attire chaque année un million de visiteurs. Plusieurs événements politiques et culturels, dans les années 1990 et 2000, ont permis à la ville d'évoluer : le 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, en 1992, le sommet du G8, en 2002, Gênes capitale européenne de la culture en 2004. Dans l'agglomération, les conditions de site ont nécessité d'énormes travaux, très coûteux (viaduc du Polcevera, taraudage de la montagne, autoroute urbaine), mais cela permet, non sans difficulté, par suite de la crise industrielle, de conserver à Gênes sa place de troisième grand pôle économique de l'Italie du Nord, après Milan et Turin.
L'Unesco a inscrit sur la liste du patrimoine mondial les Strade Nuove (« rues neuves ») et le système des palais des Rolli (fin du xvie et début du xviie s.). Cet ensemble, dans le centre historique, constitue le premier exemple en Europe d'un projet de développement urbain dans un cadre unitaire, avec des plans de résidences privées établis sous la supervision d'une autorité publique. Les Palais des Rolli étaient des résidences construites par les plus riches et les plus puissantes des familles aristocratiques de la République de Gênes, au sommet de leur puissance financière et maritime. Le site comprend un ensemble de palais d'époques Renaissance et Baroque bordant les « rues neuves ». Les grands palais résidentiels érigés dans la Strada Nuova (aujourd'hui Via Garibaldi) à la fin du xvie s., formaient le quartier de la noblesse qui, sous la constitution de 1528, assumait le gouvernement de la République. Les palais comptent généralement trois ou quatre étages, associant les halls d'entrée à de spectaculaires escaliers ouverts, des cours et des loggias surplombant des jardins construits sur différents niveaux dans un espace relativement restreint. L'influence de ce modèle de conception urbaine est mise en évidence dans la littérature italienne et européenne tout au long des décennies suivantes. Les Palazzi, qui avaient l'obligation d'héberger les visiteurs d'État, contribuaient ainsi à la propagation de la connaissance d'un modèle architectural et d'une culture résidentielle qui attira des artistes et des voyageurs célèbres.
HISTOIRE
Port sans doute fondé au ve s. avant J.-C., Gênes est successivement occupée par les Romains (218 avant J.-C.), les Ostrogoths (ve s. après J.-C.), les Byzantins (vie s.) et les Lombards (641). Dotée à partir du xie s. d'une flotte puissante, elle repousse les Sarrasins, puis participe à la première croisade (1097) au cours de laquelle elle jette les bases de son empire maritime. Maîtresse de la Méditerranée occidentale qu'elle libère des Sarrasins (1174), elle s'adonne au commerce des produits d'Orient, et devient l'une des plus grandes places maritimes de la Méditerranée. En 1099, elle devient une commune, dirigée par des consuls puis par un podestat (1190-1257) et un capitaine du peuple (1257-1262). Elle obtient des Byzantins de Nicée le monopole du commerce en mer Noire (traité de Nymphée, 1261), s'empare des droits sur la Corse et la Sardaigne qu'elle bat à La Meloria (1284), et s'établit à Phocée (1275), Chio (1304), Lesbos (1355), Famagouste (1373-1374). À son apogée économique, mais affaiblie par ses querelles intestines et par la guerre de Chioggia (1378-1381) livrée contre Venise, elle tombe sous la domination de l'empereur (1311-1313), du roi de Naples (1318-1335), puis, après s'être dotée d'un doge à vie (1339), subit la tutelle de la France (1396-1409, 1458-1460) et de Milan (1421-1436, 1464-1478). Elle ne peut empêcher les Turcs d'occuper les comptoirs de l'Égée et de la mer Noire. Orientant dès lors son activité vers l'Occident, elle demeure une grande place commerciale et bancaire aux xve et xvie s. Tombée sous la domination espagnole et transformée en république marchande (1528), elle est en partie détruite par la flotte de Louis XIV (1684). Capitale de la République Ligurienne (1797), elle est annexée à l'Empire français en 1805 puis intégrée au royaume de Piémont-Sardaigne par le congrès de Vienne (1815). Depuis lors, son rôle de grand port n'a cessé de se développer.
BEAUX-ARTS
Gênes est un important centre depuis le xie s., souvent avec le concours d'artistes originaires d'autres régions. Nombreuses églises remaniées et décorées à des époques diverses (San Matteo, rebâtie à la fin du xiiie s. ; Sant Annunziata, rebâtie à la fin du xvie s., à riche décor baroque ; Santa Maria di Carignano, commencée en 1552 sur plans d'Alessi, avec deux statues par Puget ; etc.). Cathédrale San Lorenzo, avec vestiges romans, refaite aux xive-xvie s. (peintures, dont celles de L. Cambiaso ; trésor). Beaux palais, dont ceux de la famille Doria (des xiiie-xive s. et xvie s.), le groupe de l'actuelle rue Garibaldi, tracée par Alessi (Municipio, 1564 ; palazzo Rosso, 1672 ; palazzo Bianco, xvie-xviiie s. ; etc.), le Palais royal (vers 1650), le Palais ducal de style néoclassique… Brillante école de peinture aux xviie et xviiie s. : B. Strozzi, G. B. Castiglione, A. Magnasco et tout un groupe de décorateurs baroques (les Carlone, Domenico Piola, G. De Ferrari). Galeries d'art des palais Rosso, Bianco et Spinola (peintres génois et italiens, flamands, dont Rubens et Van Dyck, etc.).