Cologne

en allemand Köln

Cologne
Cologne

Ville d'Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

  • Population : 1 005 775 hab. (recensement de 2011)

GÉOGRAPHIE

Sur le Rhin (port fluvial) au S. de la Ruhr, Cologne est une métropole tertiaire (siège de la Lufthansa et de la radiodiffusion allemande, université, banques et assurances), un nœud ferroviaire et autoroutier, un centre commercial, touristique et industriel (constructions mécaniques et électriques, chimie).

L'HISTOIRE DE COLOGNE

Cologne doit son nom à la colonie de vétérans fondée sous Claude, en 50 après J.-C., en l'honneur d'Agrippine : la Colonia Claudia Ara Agrippinensis, auprès de laquelle s'élevait l'autel du culte de Rome et d'Auguste. La ville devient bientôt la capitale de la province de Germanie inférieure, la plus grande cité de la vallée du Rhin, le bastion et la porte de la Gaule face à la Germanie. Sur la rive opposée, Constantin construisit la forteresse de Deutz ; sur la rive gauche, à 3 km au S., se trouvait le port fortifié d'Alteburg. Prise définitivement par les Francs en 462, elle est la capitale des Francs Ripuaires. Évêché dès le ive s., archevêché en 785, dominée un temps par les archevêques, elle acquiert au xiiie s. les droits de ville libre impériale. Entre-temps, en 1248, l'archevêque Konrad von Hochstaden avait ordonné la construction de la célèbre cathédrale. Centre commercial actif, membre de la Hanse, Cologne a un rôle économique et culturel considérable durant tout le Moyen Âge. Son rôle spirituel est consacré, en 1388, par la création de l'université. Sa prospérité décline avec le déplacement vers l'O. des routes commerciales au xve s., et avec les guerres de Religion au xvie et au xviie s. Mais l'archevêque-électeur de Cologne a le titre d'archichancelier d'Empire pour l'Italie et il joue longtemps un rôle déterminant dans la vie politique du Saint Empire. En 1531 se tient à Cologne la diète qui confère le titre de roi des Romains à Ferdinand, frère de Charles Quint. La ville est occupée par les Français en 1794, et l'archevêché est sécularisé par le recez de 1803. Cologne fait partie du département napoléonien de la Roer jusqu'en 1813. Le congrès de Vienne (1815) attribue la ville à la Prusse. L'essor des chemins de fer, de la navigation rhénane et de l'industrie se répercute sur l'économie urbaine. La ville est cernée d'un ensemble de fortifications encore visibles dans le plan actuel, notamment à travers le Ring. Mais la fonction militaire ne stérilise pas les autres. Le roi Frédéric-Guillaume IV donne l'ordre, en 1842, d'achever la cathédrale, dont la construction était encouragée par l'élite intellectuelle de l'Allemagne, qui y attachait une valeur de symbole. C'est en 1880 que la cathédrale, ou « Dom », fut consacrée pour l'ensemble de ses bâtiments. À l'époque, c'était la construction la plus haute du monde. Des initiatives privées et communales contribuèrent à faire de Cologne l'un des centres culturels les plus actifs d'Europe. Après la Première Guerre mondiale, la ville est occupée par les troupes alliées de 1918 à 1926. Fréquemment attaquée par les bombardiers britanniques dès 1940, Cologne est l'objet, le 30 mai 1942, du premier grand raid exécuté par les escadres du maréchal Harris : 1 046 avions prennent part à cette attaque. La défense se trouve débordée par le nombre des attaquants, dont les pertes n'atteindront pas 4 % ; les installations industrielles de Cologne sont paralysées pendant plusieurs mois. La ville est occupée par les Américains de Hodges le 6 mars 1945.

COLOGNE, VILLE D'ART

La guerre a durement touché les vieux quartiers de la ville, mais elle a été l'occasion de certaines découvertes archéologiques, telle cette mosaïque romaine de Dionysos (pavement du iie s.) qui, avec un grand mausolée en cours de reconstitution et une collection de verrerie colonaise de l'époque, est l'une des principales richesses du Musée romano-germanique (jouxtant l'ancien Arsenal). Subsistent, parmi d'autres témoignages de la période romaine : une tour de l'enceinte primitive ; les vestiges souterrains, découverts et aménagés lors de la construction du nouvel hôtel de ville, de deux palais, impérial (Regia) et proconsulaire (Praetorium) ; sur la rive droite du Rhin, à Deutz, quelques restes de la vaste forteresse tête de pont élevée par Constantin ; à Weiden, en banlieue, un caveau funéraire avec bustes et sarcophage.

Reconstruites ou réparées après la guerre, les églises préromanes et romanes de Cologne forment un ensemble d'un intérêt exceptionnel. Les principales sont : Sankt Gereon, dont le noyau primitif est un décagone du ive s. ; Sankt Severin, bâtie au-dessus d'une nécropole paléochrétienne et franque ; Sankt Pantaleon, reconstruite à partir du xe s. (sépultures de saint Bruno et de l'impératrice Théophano) ; Sankt Maria im Kapitol, élevée au xie s. sur les substructures d'un temple romain (plan original à grande abside triconque, coupole, massif occidental à deux tours, dont le portail conserve des vantaux en bois sculpté de 1065) ; Gross Sankt Martin (xiie-xiiie s.), qui reproduit cette disposition triconque, de même que la monumentale église des Sankt Aposteln (xie-xiie) s., où apparaissent les voûtes d'ogives venues de France.

Au xiie s., la ville est célèbre en Europe pour sa production d'orfèvrerie, qu'illustrent la châsse de saint Héribert (dans l'église du même nom) et diverses pièces du musée d'art religieux Schnütgen (ancienne église Sankt Cäcilien).

À la transition romano-gothique du xiiie s. appartiennent les églises Sankt Maria in Lyskirchen (fresques) et Sankt Kunibert (vitraux). L'ancienne abbaye d'Altenberg, à 20 km au nord-est de Cologne, est une de ces fondations cisterciennes qui eurent une grande part dans la pénétration du style gothique en Allemagne.

Monument grandiose entrepris en 1248, l'actuelle cathédrale enflamma l'imagination des romantiques nationalistes du début du xixe s., bien qu'elle restât encore inachevée à cette époque et que son chœur, consacré seul en 1322, fût une imitation de ceux d'Amiens et de Beauvais, rompant avec les traditions architecturales de la Rhénanie. Dans le chœur, œuvres du xive s. : vitraux des Rois aux fenêtres hautes, statues des Apôtres aux piliers. Dans les chapelles rayonnantes, vitraux des xiiie et xive s., tombeaux et reliquaires (châsse des Rois mages par Nicolas de Verdun), triptyques dus à deux maîtres de l'école de Cologne : l'Adoration des Mages, par Stefan Lochner (vers 1440), et la Crucifixion, par le Colonais Barthel Bruyn (1548). Dès le début du xive s. en effet, Cologne a sa propre école de peinture, l'une des plus anciennes d'Allemagne. Ses premières œuvres sur panneaux, telles que le triptyque de la Crucifixion ainsi que les volets portant une Annonciation et une Présentation (musée Wallraf-Richartz-Ludwig), sont encore très proches de la miniature par leurs fonds d'or guillochés, par la naïveté des attitudes et l'interprétation originale de l'Écriture. Avec le Maître de Sainte Véronique (actif à Cologne entre 1405 et 1440) apparaît un sentiment de mysticisme qui restera l'apanage des artistes colonais : les Madones à la fleur de pois ou la Sainte Véronique ont la même expression pensive et sereine ; le Martyre de sainte Ursule devant la ville de Cologne a le mérite de représenter, à l'arrière-plan, la vue la plus ancienne de la ville (vers 1411) ; le Maître du Calvaire Wasservass ajoute à l'expression sentimentale le goût du détail pittoresque. Mais le principal représentant de la peinture colonaise est Lochner, originaire de Souabe, fixé à Cologne à partir de 1440 ; auteur du triptyque de l'Adoration des Rois mages de la cathédrale, il ajoute à l'idéalisme de sa patrie d'adoption le souci du réalisme ; il aime les étoffes somptueuses, les riches orfèvreries, les armures, et manifeste une prédilection pour le bleu profond, que l'on retrouve dans tous ses tableaux. Son influence n'est pas niable sur les artistes qui le suivent : le Maître de la Vie de Marie, le Maître de la Sainte Parenté, le Maître du retable de saint Barthélemy, le Maître de la Passion de Lyversberg. Ceux-ci, pourtant, découvrent peu à peu la richesse de la nature, la variété des paysages, notamment sous l'influence de la peinture flamande, qui va dominer l'école jusqu'à son dernier représentant, B. Bruyn (xvie s.). Au xve s., en outre, la région de Cologne commence à être réputée pour ses fabrications de grès. Le musée des Arts décoratifs en possède dans ses collections, installées pour partie dans l'Eigelsteintorburg, l'une des portes monumentales (xiiie s.) subsistant de l'enceinte médiévale, pour le reste dans l'Overstolzenhaus, maison du début du xiiie s. à pignon redenté.

La ville possède peu de monuments de la Renaissance : Arsenal (musée historique), jolie loggia (1569) de l'ancien hôtel de ville, à beffroi du xve s. Le quartier qui entoure celui-ci, quartier central qui est aussi celui de Gross Sankt Martin, de la place du Vieux-Marché et du Gürzenich – salle des fêtes construite au xve s. et rebâtie en 1955 – conserve encore quelques belles maisons anciennes.

Sankt Maria im Frieden, église des carmélites (1643-1716), représente l'art baroque à Cologne. À Brühl, distante de 16 km, s'élève le plus beau monument du xviiie s., le château d'Augustusburg, résidence des archevêques électeurs.

Le milieu du xixe s. voit la fondation du musée Wallraf-Richartz, le plus important musée des beaux-arts de Rhénanie.

Dans le domaine de l'art sacré, des œuvres modernes sont venues compléter les édifices anciens : vitraux, sculptures dues à Ernst Barlach, Kathe Kollwitz (les Parents en deuil, dans les ruines de l'église Sankt Alban – ensemble commémoratif qu'une paroi de verre sépare du grand foyer du Gürzenich), Ewald Mataré (portes en bronze de la cathédrale, 1948-1953). Par ailleurs, un grand nombre d'églises modernes ont été construites avant et surtout depuis la guerre ; les architectes en sont Dominikus Böhm (1880-1955) et son fils Gottfried, Rudolf Schwarz (1897-1961), Karl Band, etc., qui comptent parmi les meilleurs spécialistes allemands dans ce domaine. L'architecture contemporaine se signale par un remarquable pont sur le Rhin (Severinsbrücke), par l'opéra et le théâtre dus à W. Riphahn, et par l'aéroport futuriste de Cologne-Bonn.

LES MUSÉES DE COLOGNE

Le Musée Romano-germanique présente de façon moderne de remarquables collections d'objets romains, en particulier de la verrerie et un bel ensemble de bijoux.

Le nouveau musée Wallraf-Richartz-Ludwig possède la plus grande collection de peintures de Rhénanie (retables de l'école de Cologne), une sélection complète de la peinture européenne, une section moderne comprenant notamment les œuvres de deux grands peintres originaires de la ville : Wilhelm Leibl, meilleur réaliste allemand du xixe s. qui travailla à Munich, et Max Ernst, grâce à qui Cologne fut, en 1919-1921, un foyer du mouvement international dada. Sont également représentés les impressionnistes, les expressionnistes, ainsi que l'art contemporain jusqu'aux courants récents, grâce à la collection Ludwig (pop art, art conceptuel, nouveaux expressionnistes…).

Le musée Schnütgen, installé dans la basilique romane Sankt Cäcilien, abrite une collection d'art sacré allant du Moyen Âge au baroque.

Les Musées des arts d'Extrême-Orient, des arts décoratifs et ethnologique renferment également de remarquables collections.

L'EAU DE COLOGNE

L'origine de l'eau de Cologne est liée au nom de Giovanni Maria Farina (Santa Maria Maggiore, Novare, 1685 – Cologne 1766) qui, établi à Cologne (Allemagne), exerça la vente de l'« eau admirable » dont l'inventeur présumé serait Paul Feminis que l'on trouve à Cologne vers 1695. Un descendant de Giovanni Maria (Jean-Marie), établi à Paris en 1806, y fabriqua une eau de Cologne qu'il exporta surtout en Russie. Très concurrencé, il ne put défendre que la propriété de sa marque « Jean-Marie Farina » mais non le terme même. Aujourd'hui, le maintien de la qualité des eaux de Cologne a nécessité des mesures d'ordre syndical concernant la dénomination « aux essences naturelles ». On fabrique des eaux de Cologne « fantaisie » (à l'ambre, aux fleurs) à partir de formules diverses, ainsi que des eaux de Cologne dérivées d'un extrait dont elles portent le nom mais qui sont moins concentrées en parfum que celui-ci.