Yangzi Jiang ou Chang Jiang
Le plus long fleuve de la Chine (5 980 km) ; le débit moyen est de 29 000 m3s ; le bassin s'étend sur 1 830 000 km2, et plus de 200 millions de personnes y vivent. C'est l'ancien Fleuve Bleu.
Né au Tibet, il reçoit le Min et le Jialing avant de franchir les Wu Shan, entre Chongqing et Yichang, à la hauteur du barrage des Trois-Gorges (avant la construction du barrage, les rapides se succédaient à travers des gorges célèbres sur 650 km). À Yichang, il est à 40 m d'altitude et a encore 1 600 km à parcourir. Il débouche dans la cuvette du Hubei, où il reçoit le Yuan et le Han, et se trouve régularisé par les lacs Dongting et Poyang. Une nouvelle série de défilés le conduit à Nankin, où il entre dans le delta qu'il a construit ; le marnage atteint ici 4,70 m par grande marée. Le régime est simple : hautes eaux d'été (en période de mousson) et basses eaux d'hiver (la fonte des neiges de l'amont n'étant ressentie [en avril] que faiblement en aval d'Yichang). L'amplitude est de 9 m à Yichang, de 6 m à Wuhan, de 3,70 m à Nankin et de 0,90 m à l'embouchure. Le fleuve est beaucoup moins chargé d'alluvions que le Huang He, mais les crues peuvent être énormes puisque le débit aurait atteint 75 000 m3s à Wuhan (où on aurait passé le fleuve à gué en mai 293) en août 1931, et 93 000 m3s à Datong en 1954. En amont, où le lit est resserré, elles se traduisent par une brusque montée du niveau des eaux (8 m en 24 heures à Chongqing, 25 m en une nuit dans les gorges), mais, en aval, elles inondent des superficies immenses, dans le Hubei surtout où la pente n'est que de 15 mm par km et où elles peuvent coïncider avec la montée du Han. Les crues de 1931 et 1935 ont fait sans doute plus de 100 000 morts chacune. Aussi des travaux considérables ont-ils été effectués, de 1952 à 1956 notamment, pour protéger Wuhan : barrage de Taipingkou, de Dujiatai sur le Han, correction des cours du Fu Jiang et du Han Shui qui rejoignent le fleuve en aval de l'agglomération. Bien que la pente ne soit plus que de 1 mm par kilomètre, l'ampleur des crues est bien plus faible à l'aval car le lit est plus profond (35 à 40 m).
Le Yangzi Jiang est une merveilleuse voie navigable du confluent du Min à la mer. La traversée des gorges d'Yichang, entre Chongqing et Yichang, dans les gorges Qutang, Wu et Xiling, qui a longtemps été difficile (on halait à bras d'homme à la remontée de vingt-cinq rapides), est désormais facilitée par le barrage des Trois-Gorges, le plus grand du monde. Les bateaux de 15 000 t atteignent Wuhan, ceux de 4 000 t encore remontent jusqu'à Yichang. Aussi le fleuve a-t-il vu depuis toujours un trafic énorme, auquel la période de l'occupation étrangère a donné une ampleur accrue : les concessions occidentales et japonaise de Hankou en tiraient avantage, comme l'économie moderne de la Chine.
Les principaux centres de ce trafic sont Chongqing, Yichang, Wuhan, Nankin et Shanghai (qui constitue, depuis le xixe s., son terminus aval). La pêche est également très active et se fonde sur la capture de poissons migrateurs, nés dans les lacs du cours moyen et descendant le fleuve au printemps. Deux grands ponts routiers et ferroviaires franchissent le Yangzi Jiang, à Nankin et à Wuhan.