transcendantaux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».

Métaphysique, Philosophie Médiévale

Attributs communs à tous les êtres.

Bien qu'Aristote évoque la réciprocation de l'être avec l'un ou avec le vrai, la doctrine des transcendantaux est une création médiévale, ainsi que les scolastiques en avaient d'ailleurs clairement conscience. Lorsqu'il parle de passions ou de propriétés de l'être, Aristote a en vue des déterminations telles que le semblable et le dissemblable, l'égal et l'inégal, le même et l'autre, etc. Mais une propriété telle que le fait d'être un appartient à tout étant, et ne se sépare pas de la propriété d'être, tout en énonçant autre chose : identiques dans le sujet, différentes dans la notion, disaient Avicenne et Averroès. Les médiévaux ont généralisé cette observation, et certains des attributs qu'ils ont dégagés sont passés dans la métaphysique classique. Rien d'extrinsèque, aucune différence générique ou spécifique, ne peut être ajouté à l'être pour en préciser les propriétés, puisqu'il n'y a rien en dehors de lui que le non-être. Cependant, il est possible d'en manifester les caractéristiques intrinsèques qui ne sont pas directement exprimées par le nom d'« être », mais qui sont communes à tout étant, qui « transcendent » donc les divisions de l'être (sans pour autant constituer des genres supérieurs, car elles peuvent se dire selon plusieurs sens, comme l'être) : les transcendantaux. Ceux-ci sont classiquement (par exemple, chez saint Thomas d'Aquin, De veritate, 1, 1) au nombre de cinq, outre l'être lui-même, et sont inséparables (réciprocables ou convertibles). Tout être (ens), en effet, est :
1) une chose (res), c'est-à-dire a une certaine essence ;
2) indivis (unum) ;
3) différent des autres (aliquid, c'est-à-dire aliud quid) ;
4) vrai, objet possible d'une intellection (verum) ;
5) bon, objet possible d'un désir (bonum).

Les deux premiers transcendantaux résultent de la considération de l'étant en lui-même (positivement, puis négativement), les trois derniers de sa mise en relation avec autre chose (tout autre étant, une faculté intellective, une faculté appétitive).

Jean-Luc Solère

Notes bibliographiques

  • Aertsen, J., Medieval Philosophy & the Transcendentals, Leiden, Brill, 1996.

→ analogie, bien, catégorie, être, un, vérité