rédemption
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin redemptio, « rachat ».
Morale, Philosophie de la Religion
Catégorie théologique du judaïsme, qui renvoie au « rachat » du peuple d'Israël par Dieu (qui le libère de la servitude égyptienne et en fait son peuple particulier(1)), et du christianisme, qui qualifie ainsi le salut apporté par le Christ à l'humanité pécheresse.
Dans le concept de Rédemption se trouvent à la fois l'idée d'une union à Dieu et celle d'une libération. Dans le Nouveau Testament, on retrouve cette notion à travers celle du Christ « sauveur ». Les prophètes, enfin, reprennent la catégorie de Rédemption en lui attribuant un sens messianique, celui d'une libération de l'exil, comme il apparaît notamment chez le Second Isaïe. Cette référence au contexte messianique se retrouve dans le Nouveau Testament, où la Rédemption se rapporte également à la Parousie.
Ainsi, la Rédemption est une catégorie théologique fondamentale à la fois du judaïsme et du christianisme. On la couple souvent avec ces deux autres notions essentielles que sont la Création et la Révélation : pour F. Rosenzweig(2), ces trois catégories désignent les relations fondamentales des trois « éléments » qui constituent la réalité. La Création est relation de Dieu au monde, la Révélation, relation de Dieu à l'homme, la Rédemption, enfin, relation de l'homme au monde. Dans cette perspective, la Rédemption consiste dans l'action de l'homme sur le monde, action qui doit venir achever l'œuvre divine de Création. La Rédemption est donc la relation réciproque de l'homme et du monde, par laquelle l'homme et le monde se constituent l'un par l'autre en réalités achevées.
L'idée de Rédemption occupe également une place fondamentale dans la Kabbale, comme le montre G. Scholem(3), qui souligne par ailleurs les connivences entre les idées kabbalistiques d'une part et, d'autre part, la sécularisation de l'idée de Rédemption sous celle de progrès infini de l'humanité à l'époque des Lumières. Dans la tradition juive, Scholem met en évidence que l'on peut distinguer, quant à la question de la Rédemption, différents courants, qui se mêlent entre eux : un courant apocalyptique (cataclysmes annonciateurs de la rédemption), un courant restaurateur (rédemption envisagée comme retour à un Âge d'or) et un courant utopique (rédemption comme instauration d'un état radicalement nouveau).
Sophie Nordmann
Notes bibliographiques