masculin-féminin
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
En allemand : Männlich-weiblich.
Psychanalyse
La psychanalyse ne prétend pas décrire ce que sont les femmes et les nommes, mais comment on devient homme ou femme, à partir de l'enfant à prédisposition bisexuelle.
Bien que ses premières patientes et initiatrices soient femmes, Freud crée la théorie psychanalytique selon le point de vue masculin – ce que l'auto-analyse implique. Tout en insistant sur la bisexualité psychique, il symétrise le développement psychosexuel des enfants des deux sexes. Il s'aperçoit ensuite que le développement psychosexuel des filles est plus compliqué. De l'enfance à l'âge adulte, les garçons gardent une même zone érogène génitale, le pénis, un même genre d'objet sexuel, la mère puis les amantes, un même repère identificatoire, le père puis les autres hommes ; les filles doivent découvrir une seconde zone érogène, le vagin après le clitoris, d'autres objets, les hommes après la mère, et faire prévaloir l'identification sur l'investissement d'objet vis-à-vis de la mère et des autres femmes. La découverte de la phase phallique(1) autorise une investigation différenciée des complexes d'Œdipe et de castration dans les deux sexes. Si les craintes de castration interrompent le moment œdipien chez le garçon, le constat de manque de pénis l'ouvre chez la fille : ressentiment envers la mère, retournement vers le père, recherche d'un substitut au pénis, dont l'envie demeure le moteur.
Pour tout humain, il n'existe à la naissance qu'un seul sexe, le sien. En outre, l'imputation de toute-puissance à la mère implique qu'elle fasse seule les enfants (mère phallique, Vierge et autres déesses mères). L'élaboration psychique de l'altérité des sexes demeure une butée, blessure narcissique toujours ouverte dont le refoulement (névroses), le déni (fétichisme et perversions) et le rejet (psychoses) sont les issues. L'enjeu de ce travail est pourtant la capacité psychique de reconnaître autrui pour un semblable – ce qu'aucun groupe humain ne parvient à réaliser : si le clivage des hommes et des femmes est général, et le déni de leur altérité, possible, l'égalité des droits des hommes et des femmes semble un horizon symbolique difficile à atteindre, de même que la reconnaissance de la bisexualité.
Michèle Porte
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Freud, S., la Disparition du complexe d'Œdipe, OCP XVII, PUF, Paris, 1924, pp. 25-33.
→ déni, différence des sexes, fantasme, névrose, psychose et perversion, phallus, refoulement, rejet, sexualité