méthode

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec méthodos, « poursuite », « recherche », « marche », « plan ».

Philosophie Générale

Ensemble de procédés raisonnes pour atteindre un but ; celui-ci peut être de conduire un raisonnement selon des règles de rectitude logique, de résoudre un problème mathématique, de mener une expérimentation pour tester une hypothèse scientifique, de parvenir à la connaissance de la vérité, d'enseigner une discipline selon ses articulations essentielles et d'en aborder les difficultés de manière graduelle.

Une méthode répond d'abord à une question pratique enracinée dans l'expérience : comment s'y prendre pour atteindre un but donné ? Mais définir ou établir une méthode implique la préconception réfléchie d'un plan à suivre pour éviter de se fourvoyer. Observation et rationalisation se complètent donc pour prescrire des règles d'une conduite ordonnée de la pensée et de l'expérience. De là à affirmer l'antériorité de principe de la méthode sur la recherche ou la connaissance il n'y a qu'un pas, vite franchi par les philosophies idéalistes. Mais l'histoire des sciences enseigne que la méthode le plus souvent suit la connaissance ou s'en dégage progressivement. Mise en œuvre dans l'investigation, elle s'infléchit au cours de la recherche et n'est formulée qu'après avoir effectivement conduit à un résultat.

L'observation était déjà pratiquée par Aristote. L'expérience dirigée, ou expérimentation, apparut dans les écoles de médecine d'Alexandrie (iiie s. av. J.-C.) à la Renaissance, Galilée crée la mécanique, devenue le prototype des sciences fondées sur la méthode expérimentale ou art de marier le raisonnement a priori et l'induction à partir de faits observés ou provoqués de façon répétée. De son côté, Descartes développe dans sa Géométrie (1637) la méthode algébrique en l'appliquant aux problèmes géométriques et illustre ainsi ce qui est au principe même d'une méthode : pouvoir être appliquée à une multitude de situations formellement semblables. Descartes publie également en 1637 son Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences, où sont énoncées les quatre fameuses règles inspirées de la résolution des équations algébriques : 1) parvenir à l'évidence que dispensent des idées claires et distinctes ; 2) diviser les difficultés pour les vaincre une à une ; 3) progresser par degrés ; 4) énumérer et récapituler tous les éléments à ordonner en vue d'une résolution méthodique. Leibniz, à son tour, fait grand cas des « méthodes universelles » de résolution des problèmes, mais à l'évidence des idées claires et distinctes il oppose la puissance et la sûreté des moyens formels et du calcul aveugle. L'idéal leibnizien est réalisé aujourd'hui dans un programme d'ordinateur ou suite d'instructions indiquant quelle opération effectuer en chaque circonstance susceptible de se présenter dans une situation donnée.

La plupart des idées en jeu dans les interminables discussions sur la méthode (formelle, expérimentale, inductive, etc.) tournent peu ou prou autour des quelques points marqués dans le raccourci historique ci-dessus. Une science se caractérise souvent par sa méthode.

Hourya Sinaceur

→ ordre, règle