exégèse

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec : exegesis, « explication » attesté en français à partir du xviie s.


Terme spécifiquement lié à l'explication de la Bible pendant le Moyen Âge et la Renaissance, il définit, par la suite, la pratique de la compréhension alors que le terme herméneutique signifie davantage la théorie de l'interprétation.

Philosophie de la Religion

Recherche de la signification des textes anciens.

L'exégèse ancienne et médiévale consiste essentiellement dans l'explication des textes du passé. La nécessité de l'exégèse est étroitement liée à un projet d'organisation et d'évaluation de la tradition textuelle, en particulier en ce qui concerne l'établissement de la lettre et de la signification de la Bible. C'est la situation textuelle propre au texte sacré qui caractérise l'exégèse comme essentiellement biblique tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance. Car les Juifs de la Diaspora, s'étant insérés progressivement dans la culture hellénistique, entreprirent, sous le royaume de Ptolomée Philadelphe (285-247 après J.C.), de traduire en grec la Bible (la Septante ou LXX). Cette version fut critiquée, remaniée et même remplacée jusqu'au moment où la Septante devint le texte de la première église chrétienne. De nombreuses tentatives d'explication systématique et de comparaison de différentes versions furent entreprises à partir d'Origène (vers 240). Augustin, dans De doctrina christiana, 2, 15, 22, signale la présence de plusieurs traductions latines, c'est pourquoi Jérôme chercha à établir un texte unique en latin, la Vulgate. C'est ce texte qui fut critiqué selon des procédures philologiques par L. Valla au xve s., puis Erasme au xvie s., montrant la nécessité du retour au texte grec.

Les querelles exégétiques portent sur les stratégies qu'il faut adopter pour expliquer certains passages : doit-on se borner au sens littéral du texte ? ou bien est-il nécessaire d'en restituer la signification cachée, en retrouvant le sens figuré, en particulier allégorique ? Le choix présuppose une certaine conception du langage, orientant, de la sorte, l'interprétation dans une direction soit plus historique et philologique, soit plus mystique et inspirée. Ces problèmes sont repris et développés par l'herméneutique sacrée des xviie-xviiie s. jusqu'à Fr. Schleiermacher, qui les intégra dans son herméneutique philosophique, comme théorie de l'interprétation.

L'exégèse, comme pratique de l'explication, met en avant le caractère problématique de la compréhension des textes du passé.

Fosca Mariani Zini

Notes bibliographiques

  • Dahan, G., L'exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval : xiie-xive siècles, Paris, 1999.
  • Ferraris, M., Storia dell'ermeneutica, Milan, 1988.
  • Lombardi, P., La Bibbia contesa. Fra umanesimo e razionalismo, Scandicci, 1992.
  • Lubac, H. de, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l'Écriture, Paris, 1959-1964.

→ herméneutique, interprétation, philologie