déréliction

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Hilflosigkeit, de Hilfe, « aide », « secours », et los, suffixe privatif. Traduction actuelle : désaide.

Psychanalyse

Condition fondamentale du nourrisson en situation de danger réel, incapable d'assurer sa survie. État traumatique caractérisé par une augmentation soudaine de la tension psychique, qui n'a pas été anticipée. La déréliction est le prototype de l'angoisse.

La prématuration (fœtalisation) du nourrisson le rend incapable de satisfaire seul les exigences pulsionnelles. L'absence ou la disparition des objets qui assurent la satisfaction narcissique des besoins et protègent des dangers provoquent l'angoisse. Corrélativement, la dépendance totale du nourrisson à l'endroit des figures parentales implique qu'il leur prête une toute-puissance dont le surmoi, par internalisation de ces dernières, est l'héritier ; il a rôle de protection et de réconfort du moi, dans l'humour notamment, lui échoit – entre autres.

La persistance du besoin de protection et la nostalgie de la toute-puissance expliquent la soumission des hommes aux figures d'autorité (Dieu, Führer, homme providentiel, idole, etc.), les bénéfices afférents, mais aussi l'ambivalence à l'égard de celles-ci.

Christian Michel

→ ambivalence, angoisse, « enfantin et infantile », fétichisme, guide, phallus

Ontologie, Philosophie Contemporaine

Ce terme, qui désigne l'état de chute de l'homme après le péché, a été utilisé à contre-sens pour traduire le terme de Geworfenheit (être-jeté), et par Heidegger pour caractériser la facticité du Dasein. Il est néanmoins repris tel quel par Sartre dans l'Être et le néant et désigne la contingence propre à la réalité humaine telle qu'elle est abandonnée à sa liberté.

Jean-Marie Vaysse

Notes bibliographiques

  • Sartre, J.-P., l'Être et le Néant, Paris, 1943.

→ être-jeté