cohérence (théorie de la vérité comme)
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Cette théorie est attribuée aux philosophies monistes de Spinoza, de Hegel ou de Bradley, mais aussi à certains épistémologues contemporains.
Épistémologie, Métaphysique, Philosophie Cognitive
Thèse selon laquelle la vérité d'une pensée dépend de son appartenance à un ensemble cohérent d'autres pensées.
Le concept de vérité comme cohérence remonte aux idéalistes britanniques du xixe s., comme F. H. Bradley, qui soutenaient des versions de l'idée hégélienne selon laquelle « le vrai c'est le tout ». Dans la mesure où la relation de cohérence porte sur des jugements, indépendamment de leur rapport à une réalité extérieure, la théorie cohérentiste du vrai tend à réduire l'être à la pensée. Russell(1) la critiqua au nom de l'atomisme logique, selon lequel nos jugements peuvent être rendus vrais par des faits indépendants, au nom d'une conception de la vérité comme correspondance. Ensuite, la théorie cohérentiste a été défendue par des épistémologues positivistes, comme Neurath, qui soutiennent que les énoncés scientifiques ne sont pas vrais isolément, mais globalement. Cette thèse est souvent associée au « holisme » de Quine, qui s'inspire de la philosophie des sciences de Duhem.
Si on la dissocie de ses implications mystiques renvoyant à une intuition du Tout, la théorie de la vérité-cohérence fait face à deux difficultés. Comment définir la relation de cohérence ? La simple non-contradiction entre jugements est insuffisante, car des ensembles d'énoncés faux mais non contradictoires peuvent être cohérents. Et si la vérité d'un ensemble de propositions dépend seulement de leurs relations entre elles, comment rendre compte des connaissances perceptives, qui semblent dépendre de l'expérience d'une réalité externe ?
Pascal Engel
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Russell, B., Signification et vérité, Flammarion, Paris, 1969.
- Voir aussi : Walker, R., The Coherence Theory of Truth, Routledge, Londres, 1989.