aporie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du grec aporia, de a-poros, « sans passage ».
Philosophie Générale
Obstacle ou difficulté majeure rencontrée dans le cadre d'un raisonnement.
Dans les dialogues platoniciens, la notion d'aporie sert à désigner l'incertitude dans laquelle vont être plongés les interlocuteurs de Socrate dans leur recherche d'une définition objective. Ce temps d'arrêt dans l'analyse est condition essentielle de tout raisonnement philosophique en ce qu'il remet en cause la validité des « opinions » (doxa). Chez Aristote, l'aporie naît de la mise en présence de deux thèses également raisonnées et cependant contraires. Loin d'être un frein, voire une limite au raisonnement, comme ce sera le cas pour les sceptiques, l'aporie aristotélicienne est avant tout une méthode de recherche. C'est par un exposé aporétique des opinions contraires que toute science doit commencer (Métaphysique, B.1). L'aporie des modernes, prise dans un sens plus fort, s'assimile à une difficulté logique insurmontable.
Michel Lambert
Notes bibliographiques
- Aubenque, P., « Sur la notion aristotélicienne d'aporie », in Aristote et les problèmes de méthode, pp. 3-19, Louvain-Paris, 1961.
- Motte, A., et Rutten, C., « Aporie » dans la philosophie grecque des origines à Aristote (Aristote. Traductions et études), Peeters, Louvain-la-Neuve, 2001.
