Heinrich Himmler
Homme politique allemand (Munich 1900-Lüneburg 1945).
1. Enfance et formation
Issu d'une famille bavaroise, bourgeoise et catholique pratiquante, le jeune Heinrich est un élève assidu mais de constitution fragile qui accueille avec enthousiasme l'annonce de l'éclatement de la Première Guerre mondiale. Trop jeune, il parvient, grâce à l'intervention de son père qui obtient pour lui une dispense d'âge, à intégrer le XI e régiment d'infanterie bavarois ; mais, démobilisé dès décembre 1918, le jeune aspirant officier n'a pu rejoindre le front. De cette frustration, il en garde une passion pour la discipline et l'uniforme qui lui donne une contenance.
Militant dans les corps francs durant les troubles des années 1919-1920, il entame des études d'agronomie à l'université de Munich et obtient son diplôme d'ingénieur agronome en 1922.
2. Chef de la SS
Cette même année, le capitaine Ernst Röhm, avec qui Himmler entretient une amitié, le convertit à ses idées politiques. Himmler participe à la tentative de putsch menée par Hitler à Munich contre le gouvernement le 8 novembre 1923 ; contrairement à Hitler, il échappe aux poursuites judiciaires. Il devient le secrétaire de Gregor Strasser, un des chefs de l'aile gauche du parti national-socialiste (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP).
En 1925, entré dans la SS que Hitler vient de fonder, ce dernier, ayant remarqué ses talents d'organisateur, le désigne en 1929 chef des SS pour tout le Reich (Reichsführer-SS).
3. Chef de la Gestapo
Après l'accession de Hitler au pouvoir en 1933, Himmler devient chef de la police en Bavière, puis, devançant les ambitions de Göring, chef de la police secrète d'État, la Gestapo (20 avril 1934) : à ce titre, il joue un rôle essentiel dans la Nuit des longs couteaux (30 juin 1934), au cours de laquelle sont exécutés les adversaires du chancelier, Ernst Röhm en particulier.
Devenu en juin 1936 chef suprême de la police allemande, Himmler contrôle désormais l'Ordnungspolizei (ou Orpo, la police régulière du IIIe Reich) et la Sicherheitspolizei, la police de sécurité, cette dernière regroupant la Gestapo et la Kriminalpolizei (ou Kripo), la police criminelle : exécutions, jugements sommaires, camps de concentration sont ses armes habituelles. Soucieux d'étendre son influence personnelle à l'intérieur du Reich, Himmler joue un rôle décisif dans l'élimination des généraux Fritsch et Blomberg en 1938.
4. Assoiffé de pouvoir
Pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il devient ministre de l'Intérieur (novembre 1943), il fait régner la terreur sur toute l'Europe occupée ; devançant Hitler, il conclut avec son adjoint Heydrich qu'il faut enclencher l'élimination systématique des Juifs. Principal responsable de la mise en application de la « solution finale de la question juive européenne », il attache son nom aux camps de la mort (→ camps de concentration), dont il sera l'inlassable pourvoyeur.
Après le complot manqué contre Hitler du 20 juillet 1944, Himmler devient chef de toutes les forces armées de l'Intérieur. Il cherche à négocier avec les Alliés un impossible armistice par l'intermédiaire du comte Bernadotte (février 1945). Révoqué par Hitler, Himmler gagne le Schleswig, où il est arrêté par les Anglais (mai). Il se suicide peu après.
Pour en savoir plus, voir l'article national-socialisme.