Ernesto Guevara de la Serna, dit Che Guevara
Révolutionnaire cubain d'origine argentine (Rosario 1928-La Higuera, région de Valle Grande, Bolivie, 1967).
L'un des mythes principaux que le xxe s. ait enfanté, le « Che » naît dans une famille de la bourgeoisie argentine. Sa jeunesse est marquée par l'asthme et par la ténacité dont il fait preuve pour en contrecarrer les effets. Sous l'influence notamment de sa mère, il lit les classiques et des auteurs socialistes, et entame même la rédaction d'un dictionnaire philosophique alors qu'il n'a que dix-sept ans. Mais il s'oriente finalement vers des études de médecine. En 1951-1952, il parcourt une grande partie de la région andine en moto avec son ami Alberto Granado. De ce voyage, qui est aussi pour lui une véritable quête initiatique, Guevara retire la nécessité de bouleverser les structures politiques et économiques du continent, sans en entrevoir cependant les moyens. En 1954, il est au Guatemala alors que les secteurs réactionnaires de l'armée, puissamment aidés par la CIA, mettent fin à la tentative socialisante du colonel Jacobo Arbenz, ce qui achève de le convaincre de l'inéluctabilité de la lutte armée. Il complète sa formation politique auprès de sa première femme, Hilda Gadea, une Péruvienne communiste. Il rencontre Fidel Castro au Mexique en 1956, débarque avec lui en décembre de la même année à Cuba en tant que médecin et combattant, puis devient l'un des principaux commandants de la guérilla dans la Sierra Maestra.
Après la victoire castriste, il prend alors la nationalité cubaine. Directeur de la Banque nationale de Cuba, puis ministre de l'Industrie, il joue un rôle important dans la planification de l'économie cubaine. Cependant, ses conceptions révolutionnaires l'éloignent peu à peu du régime castriste qu'il juge trop proche du régime soviétique. La guerre du Viêt Nam l'amène à promouvoir une nouvelle stratégie de la guerre anti-impérialiste, ce qu'il appelle la « théorie des foyers », qui suppose que les peuples colonisés soutiennent la poignée de révolutionnaires en lutte. Après un premier échec en Afrique centrale, il part en Bolivie où il organise et dirige la guérilla (1966-1967) : sa tentative échoue et, fait prisonnier le 8 octobre 1967, il est exécuté le lendemain. Il a exposé ses conceptions dans divers ouvrages (la Guerre de guérilla, 1960). Pour Guevara, « l'homme est l'acteur conscient de l'histoire. Sans cette conscience, qui englobe celle de son être social, il ne peut y avoir de communisme ». Ses restes ont été rapatriés à Cuba (Santa Clara) en 1997.