Vladimir Ier Sviatoslavitch
dit aussi Vladimir le Saint, Vladimir le Grand
(vers 955-1015), grand-prince de Kiev (vers 980-1015).
Vladimir Ier Sviatoslavitch a été pendant des siècles vénéré comme un saint par le peuple russe. C'est sous son règne (980-1015) que s'est amorcée la conversion des Russes au christianisme ; à ce titre, il peut être considéré comme le fondateur de la Sainte Russie.
1. Le prince de Kiev
Vladimir Ier fait partie de la dynastie varègue, d'origine scandinave, qui a régné pendant trois siècles sur les Slaves orientaux. Fils cadet, il avait reçu de son père Sviatoslav l'apanage de Novgorod en 970. L'unité de l'État était alors fondée sur la subordination des cadets à l'aîné et Vladimir n'aurait pas dû régner. Mais, à la mort de Sviatoslav en 972 ou 973, les deux fils aînés, Iaropolk et Oleg, se disputent l'héritage ; Iaropolk, vainqueur, s'installe à Kiev. Vladimir profite de la lutte : appuyé par des renforts ramenés de Scandinavie, il élimine Iaropolk et prend sa place en 980. Seul au pouvoir, il entreprend de renforcer l'État de Kiev : il tue le chef varègue Polotsk, fait des conquêtes en Pologne et en Russie blanche (981-983), soutient un moment les Bulgares contre l'Empire byzantin (985-986). En 988, il épouse Anne, sœur de Basile II, empereur byzantin.
2. La conversion au christianisme
Le mariage avec Anne constitue un tournant dans son règne. Vladimir se convertit en effet au christianisme.
2.1. Le saint
C'est alors que ce prince cruel, violent, change de vie et de caractère : il abandonne les persécutions contre les premiers chrétiens, rejette la polygamie (il eut plusieurs femmes) et devient si bon que le peuple le surnomme « le Beau Soleil ». Il crée un système d'aide aux pauvres et aux malades, réorganise la justice, abolit un temps la peine de mort, consacre le dixième de ses revenus à la cathédrale qu'il fait construire à Kiev. Des raisons politiques, plus que personnelles, sont à l'origine de cette conversion.
2.2. La conversion des Russes
Au ixe siècle, une minorité de Russes étaient déjà chrétiens. Les princes et leur entourage étaient partagés entre les deux influences, païenne et chrétienne. Il semble que certains d'entre eux aient vu dans le christianisme le moyen de créer un État organisé et plus centralisé. Vladimir impose le christianisme, noue des liens avec Rome et Constantinople, ouvre Kiev aux colonies marchandes étrangères. Cependant, il veut un clergé soumis et refuse la tutelle du patriarcat de Constantinople pour préférer celle du patriarcat bulgare d'Okhrida (aujourd'hui Ohrid, en Macédoine yougoslave). Pour évangéliser le peuple, il choisit les livres saints traduits en slavon un siècle plus tôt par les évêques Cyrille et Méthode. Vladimir crée donc une religion nationale. Il meurt le 15 juillet 1015. Peu avant, il avait partagé son État entre ses fils, mais ceux-ci s'affronteront en de nouvelles luttes.
Pour en savoir plus, voir l'article État de Kiev.