Serge Lifar
Danseur et chorégraphe français d'origine russe (Kiev 1905-Lausanne 1986).
Les années de formation
Il étudie la musique au conservatoire de Kiev lorsqu'il visite le cours de danse que dirige Bronislava Nijinska, sœur du danseur Vaslav Nijinski. Il commence les cours (1921) avec Nijinska, qui, bientôt, abandonne son école pour rejoindre les Ballets russes à Paris. Lifar travaille pratiquement seul jusqu'à la fin de 1922. Pour compléter la troupe des Ballets russes, Nijinska fait appel à ses anciens élèves. Un concours de circonstances fait que Lifar – le moins préparé et le moins formé de tous – arrive avec eux à Paris (janvier 1923), où Diaghilev le remarque. En 1924, Lifar travaille à Turin avec le célèbre pédagogue Enrico Cecchetti.
Sa beauté plastique, son ardeur au travail et la flamme de son jeu, plus que sa technique, le haussent rapidement au rang d'étoile. De 1925 à 1929, il participe à presque toutes les créations des Ballets russes (Zéphire et Flore, Apollon Musagète, le Fils prodigue). Dès lors, il a pour partenaires les meilleures danseuses de la troupe : Alice Nikitina, Vera Nemtchinova, Olga Spessivtseva, Tamara Karsavina.
G. Balanchine, malade, ne peut assumer la réalisation d'un ballet qui doit être créé pour le centenaire de la mort de Beethoven : Lifar compose une chorégraphie nouvelle pour les Créatures de Prométhée (1929), dont la première version de 1801 était signée Salvatore Vigano. Engagé définitivement à l'Opéra de Paris (1930) après un bref séjour à Londres, il s'impose immédiatement et éclipse, en dépit de leur réel talent, les chorégraphes Albert Aveline et Léo Staats.
Lifar à Paris
Animé de grandes ambitions pour la danse et pour le ballet, il redonne vie à l'Opéra de Paris, demandant un travail énorme aux danseurs, qui coopèrent efficacement. Avant lui, le ballet ne jouait qu'un rôle accessoire dans le spectacle d'opéra : Serge Lifar innove en instituant des soirées hebdomadaires de ballet et impose l'obscurité dans la salle pendant les représentations. Il compose de nombreux ballets, multipliant ainsi les créations, autour desquelles est faite une importante publicité. L'Opéra de Paris renaît, et l'on peut bientôt dire que sa troupe est une des meilleures du monde : de 1930 à 1945, puis de 1947 à 1958, Serge Lifar s'est entièrement consacré à cette grande œuvre.
La venue de Lifar à l'Opéra de Paris amène une véritable révolution. Cependant, si l'Opéra sommeille, les danseurs reçoivent un enseignement traditionnel très solide ; bien formés, ils n'attendent qu'un révélateur de leur talent. Si Serge Lifar revalorise les rôles masculins – il s'en attribue un grand nombre, mais il en compose également pour Alexandre Kalioujny, Youli Algaroff, Michel Renault, Peter Van Dijk –, il préside pour une part aux destinées de nombreuses danseuses étoiles (Suzanne Lorcia, Marie-Louise Didion, Lycette Darsonval). Yvette Chauviré, Janine Charrat, Roland Petit ont incontestablement subi son influence.
Le style lifarien
Quant à la danse elle-même, Lifar la veut indépendante et, comme il le dit déjà dans son Manifeste du chorégraphe (1935), sans concessions à la musique (il dicte certains rythmes des partitions aux compositeurs [Icare, David triomphant]) ni aux décors. Le chorégraphe (le « choréauteur », mot qu'il crée) est maître de son œuvre, il a son propre langage. Doté d'un sens inné de l'expression, d'un lyrisme parfois excessif, Lifar conçoit des ballets narratifs dont les thèmes héroïques s'attachent à la mythologie (les Créatures de Prométhée), au merveilleux médiéval (Oriane et le prince d'Amour). Il est à remarquer que l'action est centrée sur ses personnages principaux, qui sont presque toujours des héros solitaires (David, Icare). Mais Lifar chante aussi l'amour plus fort que la mort. (Roméo et Juliette, les Noces fantastiques). Le « geste lifarien » suggère plutôt qu'il propose une idée, mais il est si bien adapté à la situation qu'il crée instantanément un état d'âme. Fuyant le réalisme, Lifar procède souvent par allusion. L'humour ne lui réussit guère. Son style, dit « néoclassique », fondé sur la danse d'école, s'est enrichi de mouvements nouveaux (arabesques genoux pliés, pieds en dedans), de positions nouvelles (les sixième et septième : les pieds sont dirigés vers l'avant, ou serrés, les genous fléchis, ou décalés en « instantané de marche »).
Les dernières années
Obligé de quitter l'Opéra à la Libération, Lifar est directeur artistique (1945-1947) du Nouveau Ballet de Monte-Carlo. De retour à Paris, il reprend ses fonctions à l'Opéra et fonde l'Université de la danse (1957), crée l'Institut chorégraphique (1957) et dirige l'École supérieure d'études chorégraphiques (1958).
Ayant fait ses « adieux » à la scène (1956) après avoir dansé une dernière fois Giselle, il quitte l'Opéra et poursuit une carrière internationale de chorégraphe, remontant ses œuvres principales ou créant des spectacles nouveaux en Argentine, au Pérou, en Finlande, en Suède, en Turquie, en Italie, en Iran, etc.
Auteur de plus de quatre-vingts ballets – dont aucun, semble-t-il, n'a été retranscrit par un système de notation – et, depuis 1935, de plus de vingt-cinq ouvrages sur la danse, Serge Lifar était possesseur d'une importante collection de souvenirs, de correspondances, de documents, de sculptures, de maquettes, de partitions dont le premier instigateur ne fut autre que Serge de Diaghilev.
Œuvre écrite de Serge Lifar
L’ŒUVRE ÉCRITE DE SERGE LIFAR | |
Principales chorégraphies de Serge Lifar
LES PRINCIPALES CHORÉGRAPHIES DE SERGE LIFAR | |||
Les ballets suivis de l'astérisque ont été créés par l'auteur | |||
Date | Titre | Auteur | Représentation |
Opéra de Paris | |||
(d'après Fokine) | Opéra de Paris | ||
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Nouveau Ballet de Monte-Carlo | |||
Nouveau Ballet de Monte-Carlo | |||
Nouveau Ballet de Monte-Carlo | |||
Opéra de Paris | |||
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Opéra de Paris | |||
Opéra de Paris | |||
Grand Ballet du marquis de Cuevas | |||
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Ballet de France, Paris |