Milan Kundera
Écrivain tchèque naturalisé français (Brno 1929-Paris 2023).
Né en 1929 à Brno, en Tchécoslovaquie, d'une famille de musiciens, Milan Kundera a quitté Prague, où il enseignait à l'Institut d'études cinématographiques, lors de l'invasion soviétique de 1968. Installé depuis lors en France, il fut professeur à l'université de Rennes jusqu'en 1979 et a acquis en 1981 la nationalité française. Une telle biographie laisserait augurer une œuvre de dénonciation virulente. Mais ce n'est pas la manière de Kundera. Si la Plaisanterie (1967) est un bilan amer des illusions politiques de la génération de 1948, le livre échappe à tout manichéisme. Pour Kundera, le roman, instrument d'exploration de l'existence, proclame moins des vérités qu'il ne les propose au déchiffrement, un peu à la manière de Diderot, dont il a adapté Jacques le Fataliste pour le théâtre.
La vie est ailleurs (1973) laisse deviner, sous l'histoire d'un jeune poète poursuivi toute sa vie par une mère castratrice, l'allégorie de la normalisation. Le Livre du rire et de l'oubli (1979) affirme que tout combat de l'homme contre le pouvoir est un combat de la mémoire contre l'amnésie. Reprenant un peu la veine de Risibles Amours (1968), l'Insoutenable Légèreté de l'être (1984), au travers d'une histoire d'amour à cinq personnages, apparaît comme un conte moral sur la liberté et la passion, au double plan individuel et collectif. Citons également la Valse aux adieux (1976), l'Immortalité (1990), la Lenteur (1994), l'Identité (1997) et l'Ignorance (rédigé en français, il parut d'abord traduit et ne fut publié en France qu'en 2003).
Il est auteur d'une importante somme théorique et d'essais sur la littérature (l'Art du roman, 1960, trad. 1986). De 1985 à 1987 est parue une traduction intégrale de son œuvre romanesque, revue par l'auteur lui-même.
Très inspirés des techniques musicales, les romans de Kundera jouent de la polyphonie, manifestant encore son refus de l'univoque. Il est également l'auteur d'essais : les Testaments trahis (1993).