Jean Brunhes
Géographe français (Toulouse 1869-Boulogne-Billancourt 1930).
Après avoir été conquis par l'enseignement de Vidal de La Blache, il enseigne d'abord en Suisse, aux universités de Fribourg dès 1896 et Lausanne, en 1907. Grand voyageur, il soutient en 1902 une thèse sur l'Irrigation dans la péninsule Ibérique et en Afrique du Nord, Étude de géographie humaine (1902). Comme l'indique ce sous-titre, Brunhes ne fait pas de monographie régionale, contrairement aux autres élèves de Vidal de la Blache. Poursuivant sa réflexion dans cette voie, il publie, un an après le Traité de géographie physique de De Martonne, une Géographie humaine (1910) maintes fois rééditée. En 1912, il est élu professeur au Collège de France sur une chaire de géographie humaine financée par le banquier Albert Kahn. Il devient aussi directeur scientifique des Archives de la planète, autre grand projet de ce mécène. Après la guerre, Jean Brunhes publie la Géographie de l'histoire (1921), en collaboration avec Camille Vallaux, et une Géographie humaine de la France (1920-1926), en collaboration avec son élève Pierre Deffontaines. En 1927, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques.
Jean Brunhes considère la géographie humaine comme une science d'observation et la conçoit comme une taxinomie des formes d'occupation de la surface de la Terre selon les besoins de l'homme (se nourrir, se vêtir, se déplacer…) : son livre de 1910 est d'ailleurs sous-titré Essai de classification positive. Il multiplie les monographies de petites régions isolées : îles, oasis, vallées montagnardes comme celle du Val d'Anniviers, en Suisse. Puis il généralise, par comparaison. Vidal de la Blache et ses élèves sont réservés face à cette approche ; aussi Brunhes reste-t-il en marge de l'École française de géographie.