Jean-Pierre Bacri
Acteur et scénariste français (Castiglione, aujourd'hui Bou Ismaïl, près de Tipaza, 1951-Paris, 2021).
Auteur et comédien
Jean-Pierre Bacri découvre le cinéma dès son plus jeune âge, à Castiglione en Algérie, grâce à son père qui, le week-end, fait office de guichetier dans une salle de projection. En 1962, avec ses parents, il s’installe à Cannes où il poursuit ses études, d’abord au lycée Carnot, puis à l’université dans l’idée de devenir professeur de français et de latin.
En 1976, il renonce au professorat et vient à Paris : il travaille alors dans une agence de publicité (pour laquelle il rédige argumentaires et slogans) tout en suivant l’enseignement dramatique dispensé au cours Simon. À la scène, il débute dans des classiques mis en scène par Jean-Pierre Bouvier (Lorenzaccio, 1977 ; Ruy Blas, id. ; Don Juan, 1978). Parallèlement, il donne libre cours à son goût pour l’écriture en composant plusieurs pièces de théâtre (Tout simplement, 1977 ; le Timbre, 1978 ; le Doux Visage de l’amour, 1979, prix de la Fondation de la Vocation ; le Grain de sable, 1980, prix Tristan Bernard).
Le cinéma lui ouvre ses portes à la même époque : Jean-Pierre Bacri apparaît dans Maigret et le tueur (Marcel Cravenne, 1978) et dans le Toubib (Pierre Granier-Deferre, 1979), où il joue l’anesthésiste, mais c’est son rôle de proxénète dans le Grand Pardon (Alexandre Arcady, 1982) qui le fait connaître au grand public. On le retrouve ensuite notamment dans Subway (Luc Besson, 1985), Escalier C (Jean-Charles Tacchella, id.), Mort un dimanche de pluie (Joël Santoni, 1986), l’Été en pente douce (Gérard Krawczyk, 1987), les Saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky, 1988), Mes meilleurs copains (Jean-Marie Poiré, 1989) et la Baule-les-Pins (Diane Kurys, 1990), autant de films qui lui permettent d’imposer son personnage irascible mais attachant.
Le tandem Bacri-Jaoui
En 1987, sa carrière connaît une nouvelle orientation : Jean-Pierre Bacri rencontre celle qui deviendra sa compagne, Agnès Jaoui, avec laquelle il joue dans la pièce de Harold Pinter, l’Anniversaire. Dès lors leur collaboration va se révéler éminemment féconde.
Pour le théâtre, ils écrivent et créent Cuisine et dépendances (1991) et Un air de famille (1994), qui triomphent à Paris. Les deux pièces – qu’il scénarisent et qui seront adaptées au cinéma par Philippe Muyl (Cuisine et dépendances, 1993) et Cédric Klapisch (Un air de famille, 1996, césar du meilleur scénario) – sont encore régulièrement jouées par de nouvelles troupes.
Pour le cinéma, outre Cuisine et dépendances et Un air de famille, ils scénarisent deux films d’Alain Resnais, Smoking/No smoking (1993, césar du meilleur scénario) et On connaît la chanson (1997, césars du meilleur scénario et du meilleur second rôle masculin pour Jean-Pierre Bacri), ainsi que les propres longs-métrages d’Agnès Jaoui : le Goût des autres (2000, césars du meilleur film et du meilleur scénario), Comme une image (2004, prix du scénario au festival de Cannes), Parlez-moi de la pluie (2008). À l’exception de Smoking/No smoking, ils joueront d’ailleurs dans tous ces films précités, qui présentent la particularité de distiller une ironie douce-amère désormais reconnaissable.
En marge du couple qu’il forme à l’écran avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri poursuit une carrière d’acteur « en solo ». À l’affiche de plusieurs comédies (la Cité de la peur, Alain Berbérian, 1994 ; Didier, Alain Chabat, 1997), il s’illustre aussi dans un registre plus grave (Place Vendôme, Nicole Garcia, 1998 ; Une femme de ménage, Claude Berri, 2002 ; les Sentiments, Noémie Lvovsky, 2003 ; Selon Charlie, Nicole Garcia, 2006).