James Chambers, dit Jimmy Cliff
Auteur-compositeur-interprète de reggae (Saint Catherine 1948).
À quatorze ans, il enregistre un premier 45 tours, Daisy Got Me Crazy, pour le label Beverley. L'année suivante, alors que les Wailing Wailers de Bob Marley gravent leur premier titre, il enregistre ses premiers succès ska : King Of Kings et Darling Beverly et surtout Miss Jamaïca, en 1964, tube à Kingston, une sorte de twist qui présage bien de sa carrière future, mâtinée de soul et de variété américaines. Remarqué par le producteur Chris Blackwell (Island Records), il débarque à Londres en 1965. Pour s'imposer, il s'oriente de plus en plus vers la variété. Ce choix lui permettra, en 1969, de se mettre en avant auprès du public européen avec Wonderful People, Beautiful People. Cependant, comme pour se faire pardonner, il enregistre aussitôt une reprise reggae de Wild World de Cat Stevens, qui affirme clairement son identité jamaïquaine. Entre-temps, il aura aussi chanté une chanson engagée sur la guerre, Vietnam, la plus belle du genre selon Bob Dylan, et gravé ses deux premiers albums, Jimmy Cliff en 1969 et Hard Road To Travel l'année suivante.
En haut de l'affiche. Fort de sa nouvelle notoriété, il tient en 1972 le rôle principal du film reggae de Perry Henzel, The Harder They Come. Cliff y interprète ses trois plus grands tubes, The Harder They Come, You Can Get It If You Really Want et Many Rivers To Cross, dont les nombreuses reprises (Eric Burdon, Joe Cocker, UB 40) seront par la suite autant de succès mondiaux. Au cours des tournées qui découlent de la célébrité procurée par le film, le chanteur se convertit à l'islam et fait plusieurs séjours prolongés en Afrique. En 1983, sa voix revient à la mode dans toutes les discothèques du monde avec Reggae Night, qu'il enregistre avec LaToya Jackson et le groupe Kool And The Gang. Ce large succès ne l'empêche pas d'enchaîner les albums — Sense Of Direction, 1985 ; Hanging Fire, 1987 ; Images, 1990 — ni de voyager, le plus souvent en Afrique, où il sympathise avec le chef d'État burkinabé, le progressiste Thomas Sankara. Cliff ne quitte plus le haut de l'affiche. En 1993, il compose et interprète la bande originale du film Rasta Rockets. En 1994, à l'occasion de la commémoration de Woodstock aux côtés de Bob Dylan et Joe Cocker, il chante un duo avec le chanteur africain Youssou N'Dour devant une foule de plus de 300 000 personnes.
Rasta soul. S'il est souvent présenté comme l'une des grandes figures du reggae, Jimmy Cliff n'est pas seulement un chanteur reggae. Sa voix claire et sa maîtrise des intonations rhythm and blues évoquent souvent les chanteurs soul américains. Il bénéficie aussi d'un phrasé limpide, généralement chanté dans un anglais débarrassé de l'accent jamaïquain et des expressions créoles. Si certains puristes taxent sa musique de « reggae américanisé », ils oublient un peu vite l'importance que l'artiste attache à ses textes, tous engagés en faveur de l'amour universel et nourris de références philosophico-religieuses.