Jacques Audiard
Cinéaste français (Paris 1952).
Suivre les pas de son père, ceux du réalisateur et dialoguiste Michel Audiard, n’était pas dans ses plans : désireux de devenir professeur, Jacques Audiard entame des études de lettres… qu’il n’achèvera finalement jamais. En effet, fasciné par le jeune cinéma allemand (notamment Wenders, Herzog, Fassbinder) et comme rattrapé par le virus du septième art, il devient monteur avant de commencer à écrire des scripts au début des années 1980. Il livre alors, seul ou en collaboration, plusieurs scénarios de qualité parmi lesquels le Professionnel (Georges Lautner, 1981), Mortelle randonnée (Claude Miller, 1983), Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre, 1984) ou encore Fréquence meurtre (Élisabeth Rappeneau, 1988).
C’est en 1994 qu’il embrasse la carrière de réalisateur, avec Regarde les hommes tomber. Ce drame, qui met en scène deux personnages que tout sépare (Mathieu Kassovitz et Jean-Louis Trintignant) et qui renouvelle le film noir à la française, remporte le César de la meilleure première œuvre de fiction ainsi que le prix Georges-Sadoul. Deux ans plus tard, faisant appel aux deux mêmes acteurs, Audiard adapte le roman homonyme de Jean-François Deniau, Un héros très discret (1996) : un jeune homme sans qualités particulières réussit à se faire passer pour un héros de la Résistance et devient lieutenant-colonel dans les forces d'occupation françaises en Allemagne. Le film obtient le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes.
Parallèlement à ses activités de scénariste et dialoguiste (Grosse fatigue, Michel Blanc, 1994 ; Vénus beauté [Institut], Tonie Marshall, 1999), Jacques Audiard enrichit son œuvre au rythme d’un film tous les quatre ou cinq ans, temps de maturation nécessaire à ses yeux pour que l’histoire se développe et s’exprime en profondeur. En 2001, il signe Sur mes lèvres (César du meilleur scénario, César de la meilleure actrice), rencontre choc entre une douce malentendante (Emmanuelle Devos) et un voyou de bas étage (Vincent Cassel) sur fond d’intrigue policière. En 2005, De battre mon cœur s’est arrêté – un remake de Mélodie pour un tueur de James Toback (1977) – rafle huit Césars (dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario). Romain Duris, malfrat paumé entre un père agressif et sa propre sensibilité artistique, y est l’incarnation de l’ambivalence chère à Audiard dont les films semblent souvent tiraillés entre l’extrême douceur et la pire violence.
La violence, justement, est le thème central du cinquième long métrage de Jacques Audiard, Un prophète (2009), sombre plongée d’un caïd au cœur de l’univers carcéral et analyse sans concession d’une certaine société française. Le film connaît une nouvelle fois le succès critique et public et obtient le très convoité Grand prix du jury au Festival de Cannes, le prix Louis-Delluc ainsi que neuf Césars (dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur).
Passionné de musique, Jacques Audiard a également réalisé des clips, notamment pour Alain Bashung (La nuit je mens) et le groupe Noir Désir (Comme elle vient).