Helmuth, comte von Moltke

Maréchal allemand (Parchim, Mecklembourg, 1800-Berlin 1891).

Cadet à Copenhague, entré dans l'armée danoise, il devient officier prussien (1822) et passe à l'état-major. Instructeur en Turquie (1835-1839), il assiste à deux campagnes au Kurdistan et en Égypte. Chef d'état-major du 4e corps (Magdeburg, 1848), puis aide de camp du prince Frédéric-Guillaume, il est mis par le père de celui-ci, devenu régent, à la tête de l'état-major (1857). Il y reste 31 ans, le transforme en une solide administration centrale tandis que Roon accroît la puissance de l'armée.

Disciple de Clausewitz il diffuse sa doctrine, mais s'oppose à l'intervention du gouvernement dans le cours de la guerre, d'où des heurts avec Bismarck. Il s'attache à développer les connaissances et le caractère des officiers d'état-major pour faire d'eux des auxiliaires compétents du commandement et laisse toute initiative à ses subordonnés dans le cadre de la mission donnée. Il utilise pleinement les moyens modernes (télégraphe, voie ferrée).

Créateur de la stratégie prussienne, il formule quelques principes simples (marcher dispersés, combattre réunis; aborder simultanément l'ennemi de front et de flanc, etc.), mais refuse tout schéma, car « la stratégie est l'art d'agir au mieux des circonstances ». Son Instruction pour le haut commandement, premier document allemand de ce type, restera en vigueur jusqu'en 1914. Si, en 1864, il n'a pu faire sentir son influence que dans la seconde partie de la guerre des Duchés, la préparation et la conduite des opérations contre l'Autriche (1866) et la France (→  guerre franco-allemande, 1870-1871) lui incombent entièrement, lui valant un immense prestige, le maréchalat et le titre de comte (1871).

Siégeant au Reichstag depuis 1867, il est nommé membre à vie de la Chambre haute (1872). Son dernier mérite, peut-être le plus important, sera de fondre en une armée allemande l'armée confédérée de 1870. Moltke, qui, dès 1875, souhaitait une action préventive contre la France pour prévenir les aléas d'une guerre ultérieure sur deux fronts, démissionna peu après l'avènement de Guillaume II. Il reste le modèle du chef militaire prussien.

Pour en savoir plus, voir l'article guerre franco-allemande.