Hadrien ou Adrien
en latin Publius Aelius Hadrianus
Empereur romain (Italica 76-Baïes 138).
Empereur de la dynastie des Antonins, Hadrien inaugura une politique de paix et perfectionna l'administration romaine. Il doit sa gloire autant au prestige de son règne qu'aux Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, qui en fait un souverain conscient de la mission universelle de Rome.
L'instaurateur de la « paix romaine »
Descendant d'une famille du Picenum installée en Bétique, Hadrien reçoit une éducation soignée et devient l'un des hommes les plus lettrés de son temps, affichant, toute sa vie, sa prédilection pour la culture grecque. Grâce à la protection de son cousin Trajan, qui est son tuteur, il est successivement sénateur (101), préteur (106), consul (108) et gouverneur de Syrie (117). C'est sur son lit de mort, le 8 août 117, que Trajan adopte Hadrien. Celui-ci lui succède alors à l'âge de 41 ans. Compagnon d'armes de l'empereur défunt, qui avait été un grand conquérant, Hadrien se veut l'empereur du retour à la paix. Pendant les vingt ans de son règne, il ne mènera aucune expédition. Il préfère renforcer le limes, qu'il ne conçoit pas comme une ligne défensive érigée entre l'Empire et les Barbares, mais comme une zone de contact avec ces derniers, susceptible de servir de point d'appui à une nouvelle offensive. Réalisé entre 122 et 127, le « mur d'Hadrien » qui sépare l'Angleterre de l'Écosse court sur plus de 120 km.
Ayant une vision très large des réalités, Hadrien s'efforce d'intégrer toutes les parties de l'Empire dans un même développement économique et intellectuel, qui doit faire l'unité du monde romain. Dans cette intention, il emploiera les années 121 à 134 à parcourir les provinces (Bretagne, Gaule, Espagne, Afrique, Orient, Dacie), pour mieux connaître les peuples et resserrer leurs liens avec Rome. Il préconise aussi le recrutement des légions dans les régions où elles sont cantonnées. Malgré son désir de paix, il lui arrivera d'intervenir militairement : ce sera le cas en Judée, pour mater la révolte de Bar-Kokhba (132-135) ; Jérusalem sera transformée en colonie romaine (Aelia Capitolina), où les Juifs seront interdits de séjour.
L'administrateur éclairé
À Rome, Hadrien mène une politique guidée par le souci de réformer l'administration dans un sens à la fois plus centralisé et plus humain. Il nomme les membres du conseil chargé d'élaborer les Constitutions impériales et place des chevaliers à la tête des bureaux qui doivent les faire appliquer. En 131, il promulgue l'« édit perpétuel », qui codifie les règles de procédure pour en finir avec l'époque où elles variaient au gré des préteurs. Il améliore le sort de la paysannerie et lui donne accès aux baux à long terme pour remédier à l'abandon des terres. Il limite par ailleurs le droit de vie ou de mort des maîtres sur les esclaves. Ce faisant, il s'attire l'hostilité du sénat.
Hadrien se consacre aussi à une politique de grands travaux à Rome : il fait construire son mausolée (l'actuel château Saint-Ange), la rotonde du Panthéon, les temples jumeaux du sanctuaire de Vénus et de Rome. Mais son œuvre la plus personnelle reste sa villa de Tibur (Tivoli), la → villa Hadriana, dont les jardins reproduisent les merveilles de l'Empire. C'est dans cette villa que l'empereur, souffrant d'un grave œdème, passe ses dernières années. Pour régler le problème de sa succession, il fixe son choix sur un sénateur sans envergure, Lucius Ceionius Commodus Aelius Verus, qui meurt dès l'année suivante, en 138. Hadrien adopte alors Antonin, son neveu par alliance, qui est aussi un sénateur respecté de tous. En même temps, il l'oblige à adopter lui-même deux enfants, l'un étant le fils de Aelius Verus, qui régnera sous le nom de Lucius Verus (161-169), et l'autre étant Marc Aurèle, un descendant du père de Trajan.
Antinoüs pour l'éternité
L'une des histoires d'amour les plus poignantes du monde antique fut celle que vécurent l'empereur Hadrien et le jeune Antinoüs, originaire de Bithynie. Fatal destin ou geste de sacrifice destiné à assurer une longue vie à l'empereur ? Le bel éphèbe, âgé d'à peine 20 ans, se noya dans les eaux boueuses du Nil en l'an 130.
Le maître de Rome ne se consola pas de la perte de son favori. Mais on fit de lui tant de statues et on frappa tant de monnaies à son effigie qu'Antinoüs est resté dans l'histoire comme le personnage qui fut le plus représenté. Également divinisé, il eut une ville à son nom (Antinooupolis), sur les lieux mêmes de sa mort, et son culte se répandit dans tout le monde grec, où il se confondit parfois avec ceux d'Apollon ou d'Hermès.