Guillaume Dubois
Prélat et homme d'État français (Brive-la-Gaillarde 1656-Versailles 1723).
1. Titres et honneurs
Fils d'un médecin-apothicaire, sa fortune commence avec la charge de sous-précepteur (1683), puis celle de précepteur (1687) de Philippe d'Orléans, duc de Chartres, dont il prépare habilement le mariage (1692) avec Mlle de Blois, fille légitimée de Louis XIV. Il cumule dès lors titres, fonctions, honneurs, dignités et abbayes en commende (d'où l'appellation d'abbé que lui conservera la postérité). Le duc d'Orléans devenu régent, l'abbé Dubois entre au Conseil d'État (1716), est nommé secrétaire d'État aux Affaires étrangères (1718), archevêque de Cambrai (1720) [alors qu'il n'est pas prêtre], cardinal (1721) et devient enfin Premier ministre (1722).
2. Fin diplomate et ministre avisé
La petite histoire a surtout retenu de lui les portraits peints par le duc de Saint-Simon et les mémorialistes contemporains, qui ont tissé la légende du petit abbé débauché et cupide, serviteur des vices du Régent. Dénué de scrupule et intrigant, mais intelligent et travailleur infatigable, le cardinal Dubois a été un diplomate d'une habileté consommée et un ministre avisé qui s'employa à servir les intérêts du royaume. L'axe de sa politique est la paix extérieure conditionnée par l'alliance anglaise. Rompant avec la ligne politique de Louis XIV, il négocie avec Stanhope un accord pour le maintien des traités d'Utrecht (convention de Hanovre, 1716) et conclut à La Haye, en 1717, la Triple-Alliance (France, Angleterre, Provinces-Unies), alliance défensive contre l'Espagne qu'il transforme en Quadruple-Alliance (1718) en obtenant l'adhésion de l'Autriche. Après une courte guerre contre l'Espagne (1719), il oblige Philippe V vaincu à renvoyer son ministre Alberoni qui travaillait à relever la puissance espagnole, puis le contraint à adhérer à la Quadruple-Alliance (1720) et à renoncer à ses droits à la couronne de France ainsi qu'à ses anciennes possessions italiennes. En 1721, il négocie un projet de mariage entre Louis XV et l'infante Marie-Anne Victoire, conciliant ainsi l'union franco-espagnole et l'alliance anglaise.
Au plan intérieur, il contribue fortement à la liquidation du système de la polysynodie (1718) et pousse le Régent à revenir au « despotisme ministériel » de Louis XIV. Dirigeant la politique religieuse de la Régence, il revient à l'entente avec les jésuites et à la lutte antijanséniste : le 4 décembre 1720, il fait enregistrer par le parlement la bulle Unigenitus. (Académie française, 1722.)
Pour en savoir plus, voir l'article la Régence.