Félix Houphouët-Boigny
Homme d'État ivoirien (Yamoussoukro 1905-Yamoussoukro 1993).
Né au moment de la conquête française, Dia Houphouët, devenu en 1915 Félix Houphouët, puis Houphouët-Boigny en 1945, domine de sa stature l’histoire de la Côte d’Ivoire du xxe siècle. Produit du système colonial, formé à l’action syndicale, puis politique, dans la coopération avec la métropole, il est, de 1960 à 1993, le premier président de la Côte d’Ivoire indépendante. Il s’efforce d’en faire un État-nation unitaire par l’autoritarisme politique et la modernisation économique et sociale. Même si les bases de ce système se fissurent à partir de 1980, il garde jusqu’à sa mort les commandes d’un pays auquel il lègue un avenir incertain.
Du pays baoulé à l’entrée en politique (1905 ?-1945)
Descendant de notables baoulés, Dia Houphouët, converti au christianisme sous le prénom de Félix en 1915, est formé à l’école de la République française. Comme médecin à partir de 1925, il se signale par sa dénonciation des abus faits aux planteurs africains par la métropole. Devenu en 1939 administrateur de son canton d’origine, il y met en œuvre les principes modernisateurs qu’il appliquera à tout le pays après 1960. Fondateur en 1944 du Syndicat agricole africain, il est en 1945 le seul député autochtone de la Côte d’Ivoire à l’Assemblée constituante française. C’est alors qu’il prend le nom de Houphouët-Boigny (« Bélier »).
L’homme politique incontournable (1945-1960)
Restant député jusqu’à la chute de la IVe République, il conçoit son action politique aussi bien dans le cadre ivoirien, en fondant en 1946 le PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire), que panafricain, en présidant jusqu’en 1959 le Rassemblement démocratique africain (RDA), et français. D’abord compagnon de route du parti communiste – seule formation politique française anticolonialiste –, il s’en éloigne après 1950. Devenu dès lors l’interlocuteur incontournable de la métropole en Côte d’Ivoire, il est de tous les gouvernements français, de 1956 à 1959. L’un des rédacteurs de la Constitution de la Ve République, favorable à la Communauté franco-africaine prônée par de Gaulle, il se résout néanmoins à proclamer en 1960 l’indépendance de la Côte d’Ivoire, dont il devient, sans surprise, le premier président.
Le président de la Côte d’Ivoire (1960-1993)
Jusqu’en 1980, Houphouët-Boigny règne sans partage sur un pays dont il a réduit toute opposition au silence, par une répression impitoyable. Misant sur la modernisation économique et sociale, il préside au « miracle ivoirien ». Par sa diplomatie panafricaine et pro-occidentale, il se taille une image de « Sage de l’Afrique », qui fait écho à celle du « Vieux », du patriarche bienveillant, qu’il entretient à l’intérieur du pays. Des fissures apparaissent dans ce système cadenassé à l’orée des années 1980, avec le recul des prix des denrées d’exportation et le creusement de la dette extérieure. L’aspiration à la démocratie en profite pour s’exprimer, ce qui le contraint à accepter le pluralisme politique en 1990. La fin de sa présidence est minée par les luttes autour de sa succession et une aggravation de la situation économique qu’il laisse irrésolue à sa mort en 1993.
1. Du pays baoulé à l’entrée en politique (1905 ?-1945)
1.1. Un descendant de notables baoulés
Selon sa biographie officielle, Dia Houphouët naît le 18 octobre 1905 dans le village de Yamoussoukro, au cœur de ce territoire que la France a érigé en colonie de « Côte d’Ivoire » depuis 1893, avant même d’en connaître avec exactitude les contours et les populations. Comme son peuple, les Baoulés, est de culture orale et ignore l’état civil, un doute subsiste sur cette date de naissance, que certains proposent de repousser jusqu’en 1898.
Par sa mère, il descend d’une lignée de chefs animistes, ce qui lui permet de maîtriser parfaitement les codes de la culture baoulée, sur lesquels il fondera toujours sa conception des relations publiques. En 1910, à l’assassinat de son oncle maternel Kouassi N’Go, accusé de collusion avec les Français, il devient l’héritier présomptif de la chefferie des Baoulés-Akousés, du fait du décès prématuré de son père (sur lequel des incertitudes demeurent : peut-être était-ce un musulman originaire du Soudan français, actuel Mali).
1.2. Un produit de la méritocratie républicaine (1915-1925)
Dia fréquente l’école du poste militaire de Bonzi, situé près de son village. Compte tenu de son rang, et malgré les réticences familiales, il est envoyé par l’administration coloniale à l’école primaire supérieure de Bingerville en 1915. La même année, il adopte le prénom de Félix en se convertissant au christianisme, qu’il considère comme la religion porteuse du progrès et un barrage contre l’islamisation de la société.
Élève studieux, sinon excellent, il poursuit ses études à l’école normale William-Ponty de Gorée, où il obtient le diplôme d’instituteur en 1921, puis à l’école de médecine de Dakar, capitale de l’Afrique-occidentale française (A-OF) à laquelle est intégrée la Côte d’Ivoire. Il en sort major de sa promotion en 1925.
1.3. Un médecin engagé (1925-1939)
Devenu « médecin africain » au sein de l’Assistance médicale indigène, il est reconnu par ses supérieurs pour sa disponibilité, sa curiosité universelle, mais est aussi décrit comme très sûr de lui sous des dehors réservés. De plus, ses activités syndicales déplaisent. Promu en 1929 à Abengourou, sur un poste jusque-là réservé aux Européens, il s’y insurge contre les injustices faites aux planteurs africains de cacao avec l’assentiment de l’administration coloniale et publie en 1932 son premier article engagé, « On nous a trop volés », dans un éditorial socialiste, « Le Trait d’union ». Comme ses interventions publiques se multiplient, son chef de service finit par lui demander de choisir entre sa profession et son engagement dans la politique locale.
1.4. Le chef de canton des Baoulés-Akoués (1939-1944)
Le choix lui est finalement imposé en 1939 par la mort de son frère Augustin, en faveur duquel il s’était désisté de la chefferie de son village natal de Yamoussoukro en 1933, et auquel il succède finalement, ce qui le met à la tête d’un canton de 36 villages du peuple akoué. Il prend aussi en charge la plantation familiale, qu’il va développer jusqu’à devenir l’un des plus riches planteurs ivoiriens.
Àla tête de son canton, Félix Houphouët met en œuvre des idées modernisatrices : scolarisation, hygiène, soins de santé, généralisation de la culture du café et du cacao (qui prédomine dans la moitié sud de la Côte d’Ivoire). Il doit également faire face aux réquisitions de main-d’œuvre et de produits locaux ordonnées par l’administration française. Leur aggravation, avec l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, le pousse vers le syndicalisme agricole.
1.5. Du syndicalisme à la députation (1944-1945)
Le 3 septembre 1944, il fonde, avec l’accord de la colonie, le Syndicat agricole africain (SAA), anticolonialiste et antiraciste, qui revendique la hausse des salaires et l’abolition du travail forcé, et devient rapidement un mouvement de masse, regroupant quelque 20 000 planteurs.
C’est fort de cette représentation publique qu’il se porte candidat au seul mandat de député autochtone ivoirien à l’Assemblée constituante française. Élu le 18 novembre 1945, il décide, pour son entrée en politique, d’ajouter « Boigny » (« bélier ») à son patronyme, et devient enfin Félix Houphouët-Boigny.
2. L’homme politique incontournable (1945-1960)
2.1. Entre France, Côte d’Ivoire et Afrique
Constamment réélu député jusqu’à la chute de la IVe République, le député ivoirien en devient un acteur politique de premier plan. Membre de la Commission des territoires d’outre-mer à l’Assemblée, il cherche à faire passer dans la législation française les principes du SAA, et préconise la réforme du système de santé, avant d’attacher son nom à la loi du 16 avril 1946 qui abolit le travail obligatoire dans les colonies. Il réclame à de nombreuses reprises, mais en vain, une meilleure représentation politique des territoires d’outre-mer, par la création d’assemblées locales.
Houphouët-Boigny n’en reste pas moins un homme politique ivoirien et africain. Le 30 avril 1946, il transforme son comité électoral en un parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui devient le fer de lance d’un mouvement panafricain, le Rassemblement démocratique africain (RDA), fondé le 18 octobre à Bamako. Il le présidera jusqu’en 1959.
2.2. Le compagnon de route des communistes (1945-1950)
C’est pour soutenir leurs revendications et par nécessité de s’affilier à un grand parti existant pour pouvoir former un groupe à l’Assemblée nationale que les députés africains se sont rapprochés du puissant parti communiste français (PCF), alors seule formation ouvertement anticolonialiste. Houphouët-Boigny en adopte la phraséologie enflammée, ce qui le fait décrire par les autorités coloniales comme un « dangereux activiste antifrançais », alors qu’il est encore bien loin de souhaiter couper les ponts avec la métropole.
Ce « compagnonnage de route » avec les communistes se révèle de plus en plus encombrant quand, en 1947, ceux-ci passent dans l’opposition, alors que le PDCI-RDA multiplie les grèves et les manifestations d’hostilité au régime colonial. Après les incidents du quartier de Treichville, à Abidjan, qui font plusieurs morts, en 1949, la répression s’abat sur le parti de Houphouët-Boigny. L’année suivante, pour sortir de l’impasse, celui-ci décide de rompre avec les communistes (octobre 1950).
2.3. La sortie du purgatoire (1950-1956)
Si cette décision le fâche avec plusieurs autres responsables du RDA, comme le Camerounais Um Nyobé, elle lui permet en revanche d’être reconnu comme le principal interlocuteur des autorités coloniales. En 1953, il est porté à la présidence de l’Assemblée territoriale de Côte d’Ivoire. Cultivant les amitiés dans les milieux d’affaires français et suisses, il devient dans ces années le plus important planteur de café et de cacao de la Côte d’Ivoire. Il faudra néanmoins attendre 1956 pour que le PDCI-RDA sorte définitivement de cette période de purgatoire en remportant un succès électoral éclatant. La même année, son leader devient maire d’Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire.
2.4. Le ministre français (1956-1959)
Désormais proche du centre gauche, Houphouët-Boigny entre en février 1956 dans le cabinet du socialiste Guy Mollet comme ministre délégué auprès du ministre de la France d’outre-mer. Il sera de tous les gouvernements français jusqu’en décembre 1959, comme ministre de la Santé publique et de la Population ou, à quatre reprises, comme ministre d’État.
À ce titre, il conçoit avec Gaston Defferre la loi-cadre de 1956 qui établit les fondements de l’autonomie des colonies françaises d’Afrique noire. Cela lui vaut l’inimitié du leader sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui l’accuse de vouloir « balkaniser » l’Afrique. Cette position est suivie par la plupart des leaders du RDA au congrès de Bamako (1957), au cours duquel Houphouët-Boigny est mis en minorité. Cela ne l’empêche pas de conforter la position du PDCI qui, au sortir des élections de 1957 à l’Assemblée territoriale de Côte d’Ivoire, se retrouve dans une situation de monopole, les autres formations, laminées, ayant préféré se saborder.
2.5. De la Communauté à l’indépendance (1959-1960)
Revenu au pouvoir en 1958, de Gaulle fait de Houphouët-Boigny l’un des principaux rédacteurs de la Constitution de la Ve République et l’un des plus fervents avocats de son projet de Communauté franco-africaine présenté en juillet. Dans la pratique, l’espoir du maintien d’étroites relations avec la métropole dans le cadre de l’autonomie administrative va rapidement s’évanouir. D’abord par l’expérience de la Côte-de-l’Or (actuel Ghana) anglaise qui a proclamé son indépendance dès 1957, et que Houphouët-Boigny met en garde contre les dangers de l’émancipation politique sans émancipation économique. Ensuite par la Guinée de Sékou Touré, première colonie française d’Afrique noire à suivre l’exemple du Ghana en 1958.
Premier ministre depuis 1959 d’une Côte d’Ivoire encore associée à la France, Houphouët-Boigny, dépité de voirle général de Gaulle briser le rêve de la Communauté en accordant la souveraineté internationale à plusieurs colonies africaines, se résout, presque malgré lui, à proclamer l’indépendance de son pays, le 7 août 1960.
3. Le président de la Côte d’Ivoire (1960-1993)
3.1. Les années fastes du pouvoir personnel (1960-1980)
Une présidence sans partage
Acteur incontournable des luttes politiques depuis quinze ans, c’est tout naturellement qu’il est élu – seul candidat – président de la République le 27 novembre 1960. Constamment réélu, il occupera cette fonction jusqu’à sa mort en 1993. En apparence, le régime politique, fondé sur la Constitution du 3 novembre, est libéral et pluraliste. Dans les faits, le PDCI joue le rôle d’un parti unique, mais totalement inféodé au président, qui désigne lui-même les députés de l’Assemblée nationale, réduite à être une simple chambre d’enregistrement.
Affirmant « préférer l’injustice au désordre », Houphouët-Boigny réduit toute opposition au silence. Tous les mouvements sécessionnistes, dans un pays aux frontières artificielles, sont réprimés dans le sang, de la rébellion du pays agni, dans le Sud-Est, en 1959-1960, à celle des Guébiés du Centre-Ouest, en 1970-1971. De 1962 à 1964, pour lutter contre de prétendus complots contre la sûreté de l’État, les prisonniers politiques se comptent par milliers, anciens adversaires comme anciens compagnons de lutte du président, universitaires, fonctionnaires et même paysans. Les cas de tortures et de meurtres se multiplient, dans un système de délation généralisée. Les séquelles en seront nombreuses, malgré l’amnistie proclamée en 1967.
Pour prévenir une renaissance des oppositions, Houphouët-Boigny s’appuie sur les nouvelles classes moyennes issues des progrès économiques. Ce sont ces gestionnaires des entreprises d’État et ces cadres moyens de l’administration qui doivent assurer la relève, à l’exemple de son futur successeur, Henri Konan Bédié.
Le « miracle ivoirien »
Pour le président, la priorité est au développement économique et social, qui rendra plus supportable l’autoritarisme politique. De fait, pendant vingt ans, les réussites s’accumulent : le PIB par habitant passe de 186 dollars en 1960 à 1 045 dollars en 1980.
Ce « miracle ivoirien » repose sur trois piliers. D’abord, une politique forcenée d’aménagement du territoire : les investissements étrangers dans les infrastructures sont encouragés par des largesses fiscales et la liberté d’expatriation de tous leurs bénéfices. Ensuite, priorité est donnée au secteur agricole. À ses piliers traditionnels que sont, dans le Sud, le café, le cacao et l’exploitation forestière, s’ajoute, à partir du milieu des années 1970, une diversification qui doit rééquilibrer les profits vers le nord : coton, canne à sucre et soja. Ce dynamisme économique fait de la Côte d’Ivoire un pays fortement attractif, avec une proportion de 28 % d’étrangers en 1988, aux droits quasi-équivalent à ceux des nationaux, où Français et surtout Libanais forment un important contingent à côté des Africains de l’Ouest. Enfin, la politique sociale est à l’avenant : le taux de scolarisation bondit de 8 % en 1959 à 64 % en 1990, tandis que l’espérance de vie passe, dans le même temps, de 33 à 57 ans. La Côte d’Ivoire est en tête des anciennes colonies françaises par sa richesse et son développement. Et, pour la plupart de ses compatriotes, son président est le « Vieux », figure bienveillante et rassembleuse du patriarche.
Le « Sage de l’Afrique »
Cette image d’homme de paix est aussi celle qu’il projette à l’extérieur par une politique internationale pourtant non dénuée d’ambiguïtés. Fervent partisan de la coopération interafricaine, il prône, au sein de l’OUA (Organisation de l’unité africaine → UA) le respect des frontières héritées de la colonisation. Mais son soutien inconditionnel au bloc occidental le conduit pourtant à soutenir la sécession du Biafra contre le gouvernement socialiste du Nigeria, entre 1964 et 1970. C’est dans la même logique qu’il finance, dans la guerre civile qui déchire l’Angola à partir de 1975, l’Unita contre le MPLA aidé par l’URSS et Cuba. En Afrique du Sud, d’un même élan il dialogue avec le gouvernement raciste de l’apartheid et finance ses opposants de l’ANC.
Dans la stricte continuité de son attitude d’avant l’indépendance, Houphouët-Boigny est surtout l’homme de la « Françafrique » (expression qui lui est peut-être dûe), c’est-à-dire d’une coopération étroite avec l’ancienne métropole, qui fait de lui l’avocat incontournable des intérêts français en Afrique… et le bénéficiaire, à titre privé, de ses largesses.
3.2. La montée des tensions (1980-1993)
Les fissures du miracle ivoirien
Au cœur même des années de prospérité, le système accusait des faiblesses : augmentation de la dette extérieure suscitée par des investissements de prestige (barrage de Kossou, embellissement d’Abidjan et du village natal du président, Yamoussoukro, dont il fait officiellement la capitale politique en 1983, et où s’élève bientôt une basilique monumentale, réplique de Saint-Pierre de Rome, inaugurée en 1990), corruption généralisée, inégalités sociales croissantes, surtout au détriment des campagnes, contestations scolaires et universitaires récurrentes.
Le malaise endémique va être brutalement révélé par le recul des prix des denrées d’exportation, au début des années 1980, conjugué avec une sécheresse et des incendies de forêts dévastateurs. La dette extérieure se creuse et contraint le président à se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui lui imposent de comprimer ses dépenses sociales, ses subventions aux entreprises publiques et au monde paysan.
La situation devenant explosive, Houphouët-Boigny annonce en 1987 la suspension unilatérale des remboursements de la dette extérieure et l’embargo sur les exportations de cacao. Cette « guerre du cacao » lui aliène ses appuis extérieurs, satisfaits jusqu’alors par son libéralisme scrupuleux. Quand il renonce à l’embargo, fin 1988, le pays est au bord de la banqueroute et la crise sociale a précipité la crise politique.
La fin de la présidence solitaire
Sûr de sa position, Houphouët-Boigny s’était autorisé à partir de 1980 une expérience de démocratie « à l’ivoirienne », en autorisant les candidatures multiples aux élections (exception faite de la présidentielle), à condition qu’elles émanent toutes du parti unique, le PDCI ! À la fin des années 1980, les opposants, muselés ou exilés depuis les années 1960, ne se satisfont plus de ce trompe-l’œil. La crise économique et le vent de démocratisation qui souffle depuis l’Europe de l’Est les encourage à revendiquer ouvertement le pluralisme politique.
Le 30 avril 1990, Houphouët-Boigny se résigne à leur donner satisfaction. Les partis politiques clandestins sortent de l’ombre, comme le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, qui se présente en octobre à l’élection présidentielle contre le « Vieux ». Même si ce dernier l’emporte encore, il laisse l’essentiel de la gestion à un Premier ministre, Alassane Ouattara, que les institutions financières internationales lui ont pratiquement imposé. Miné par un cancer de la prostate, le président se décide à organiser sa succession en désignant le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, pour terminer son mandat en cas de vacance. Mais le conflit couve entre les potentiels héritiers politiques, tandis que l’armée, que Houphouët-Boigny avait jusque-là volontairement tenue à l’écart au profit de sa police politique, s’agite dans les casernes. Lorsqu’il s’éteint, le 7 décembre 1993, l’avenir de la Côte d’Ivoire s’annonce bien incertain.
Pour en savoir plus, voir l'article Côte d'Ivoire.