Daniel Cohn-Bendit
Homme politique allemand (Montauban 1945).
1. De la contestation à l'engagement politique
Né de parents allemands qui ont fui leur pays en 1933, il découvre l'Allemagne en 1958, où il poursuit ses études au lycée expérimental Odenwaldschule, à une soixantaine de kilomètres de Francfort. Bachelier (1966), il retourne en France et s'inscrit à la faculté de Nanterre, en sociologie. Alors que la révolte gronde parmi les étudiants (mouvement du 22-mars), il devient, avec Alain Geismar et Jacques Sauvageot, le porte-parole du mouvement estudiantin de mai 1968.
Interdit de séjour en France le 21 mai alors qu'il est à Berlin, il revient cependant le 28 pour se rendre à un meeting à la Sorbonne, où il est acclamé. Expulsé de l'Hexagone et interdit de séjour pendant dix ans, il s'installe à Francfort, où il milite dans des organisations alternatives et libertaires. À partir de 1978, journaliste politique, il est rédacteur en chef du magazine Pflasterstrand (Sous les pavés la plage), et prend une part active aux luttes écologiques qui secouent la société allemande, notamment la mobilisation contre le nucléaire ou l'extension des pistes de l'aéroport de Francfort.
Devenu membre du parti Die Grünen (« Les Verts ») en 1984, il est adjoint au maire de Francfort de 1989 à 1994.
Député européen (1994–2014), il préside la délégation à la commission parlementaire mixte Union européenne-Turquie (1999-2002). Il est co-président du groupe des Verts/Alliance libre européenne depuis 2002 et porte-parole du parti Vert européen (fondé en 2004).
2. Pour une Europe sociale et écologique
En 2008, convaincu que l'ensemble des crises, quelles qu'elles soient, ne pourront être résolues qu'à travers l'Europe, D. Cohn-Bendit appelle à une ambitieuse refondation d'un modèle de développement pour une « Europe sociale et écologique ». Il crée, en France, en vue des élections européennes de juin 2009, un « Rassemblement Europe Écologie », où convergent des militants écologistes allant de Nicolas Hulot à José Bové et venant de différents partis écologistes, notamment des Verts.
Tête de liste en Île-de-France, il recueille 20,86 % des voix dans sa circonscription et globalement 16,28 % pour Europe Écologie au niveau national, ce qui fait de cette formation la deuxième composante de l’opposition, au coude à coude avec le parti socialiste (PS).
L’essai est transformé en mars 2010, lors du scrutin régional, puisqu’au premier tour, ses candidats obtiennent 12,5 % des voix et confirment son ancrage comme troisième force politique du pays, derrière le PS et l’Union pour un mouvement populaire (UMP). L’union réalisée presque partout avec les socialistes et leurs alliés et la poussée de la gauche au second tour lui permettent en outre d’augmenter très sensiblement sa représentation dans les conseils territoriaux.
3. Vers une « coopérative écologiste »
Au lendemain de ce succès, D. Cohn-Bendit lance un appel en faveur de la création d’une « coopérative écologiste » susceptible de fédérer l’ensemble des mouvements verts français et d’inventer du même coup une nouvelle forme d’organisation politique. Cette initiative laisse tout d’abord la secrétaire générale des Verts, Cécile Duflot, dubitative, même si en définitive la fusion entre ce parti et les autres formations s’opère sous son égide à Lyon en novembre, donnant naissance à un grand ensemble baptisé Europe Écologie les Verts (EELV), qu’elle préside.
Les élections cantonales de mars 2011 entérinent la poussée du mouvement et consolident la stratégie et la position qu’elle défend, notamment contre celles de D. Cohn-Bendit, dont la motion prônant un effacement à la présidentielle au profit du candidat socialiste en échange d’un accord législatif avec le PS, n’obtient, fin mai, que 26,5 % des voix des militants.
Pour en savoir plus, voir les articles Bündnis 90/Die Grünen, Les Verts.