Claude Galien
en grec Klaudios Galênos, en latin Claudius Galenus
Médecin grec (Pergame vers 131-Rome ou Pergame vers 201).
Plus grand médecin de l'Antiquité après Hippocrate, il a laissé une œuvre considérable qui fit autorité jusqu'à la Renaissance.
Doué et très instruit, mais orgueilleux et jaloux
Fils d'un riche architecte de Pergame d'origine grecque, Claude Galien étudie d'abord le grec, la rhétorique et la philosophie dans sa ville natale. À 17 ans, il entreprend des études de médecine, qu'il poursuit ensuite à Smyrne, à Corinthe et à Alexandrie, voyageant tout autour du bassin méditerranéen pour côtoyer les médecins les plus réputés de l'époque. De retour à Pergame à 26 ans, il devient médecin de l'école des gladiateurs et peut ainsi perfectionner ses connaissances en anatomie et en traumatologie. En 162, il s'établit à Rome, où il va se forger une solide réputation tant par ses capacités à faire un bon diagnostic médical, fondé sur l'observation clinique du patient, que pour la qualité de son enseignement, qu'il illustre de nombreuses dissections d'animaux (chèvres, singes, chiens, porcs). Cependant, cassant et orgueilleux, il s'attire la jalousie de ses confrères et quitte la ville en 166, à l'occasion d'une épidémie de peste. Il y revient deux ans plus tard, rappelé par l'empereur Marc Aurèle, pour devenir son médecin personnel et celui de ses fils.
Le continuateur d'Hippocrate
En tant que praticien, Galien suit la tradition d'Hippocrate, dont il se pose lui-même comme le continuateur ; en anatomie et en physiologie, il s'inspire plutôt d'Aristote.
Grâce à ses expériences sur les animaux, il observe les fonctions du rein et de la vessie, et identifie sept paires de nerfs crâniens. Il tente d'expliquer le contrôle des muscles par les nerfs qui partent de la moelle épinière. Il montre que le cerveau contrôle la voix et que les artères transportent le sang, réfutant une croyance vieille de quatre siècles selon laquelle les artères transportaient de l'air. En outre, il décrit les valvules du cœur et constate les différences de structure entre les artères et les veines, sans pourtant expliquer correctement le fonctionnement de la circulation, pensant, à tort, que le foie est l'organe central de l'appareil circulatoire et que le sang part du foie vers la périphérie du corps. Il donne aussi des descriptions remarquables de maladies comme le choléra, la rage ou la tuberculose pulmonaire.
Sa doctrine médicale, le galénisme, reprend la théorie d'Hippocrate des quatre éléments fondamentaux (air, terre, eau et feu), dont les quatre qualités physiques (chaud, froid, humide ou sec) influent sur les quatre humeurs du corps humain (sang, bile, pituite et atrabile). Ces dernières déterminent, selon lui, quatre tempéraments physiologiques : sanguin, flegmatique, mélancolique et colérique. La santé provient du bon équilibre et des justes proportions de ces humeurs, tandis que la maladie résulte de leur déséquilibre. À l'inverse de celle d'Hippocrate, sa thérapeutique se fonde sur la prescription de remèdes opposant les humeurs et les qualités du traitement (loi des contraires). Les plantes médicinales occupent une place de choix dans sa pharmacopée. Mais son mépris pour la chirurgie marquera longtemps la médecine.
Vitaliste, Galien attribue l'essence même de la vie à une force occulte, ou pneuma, qui se manifeste sous trois formes, siégeant respectivement dans le cœur et les artères, dans le cerveau et dans le foie. Il est convaincu de l'existence d'un dieu unique, créateur du corps humain, ce qui incitera ultérieurement l'Église catholique à soutenir sa doctrine et à l'ériger quasiment en dogme jusqu'à la Renaissance.
Auteur prolifique, Galien aurait écrit au total quelque 500 traités de médecine, de philosophie ou d'éthique. La plupart ont malheureusement été détruits, en l'an 192, dans l'incendie du temple de la Paix, à Rome, à proximité duquel ils étaient conservés ; 83 ouvrages considérés comme authentiques nous sont parvenus, parmi lesquels de nombreux traités d'anatomie (les Préparations anatomiques, Des os, De la dissection des muscles), de physiologie (De l'usage des parties du corps, Des facultés naturelles, De l'usage des médiastins et de la plèvre), de pathologie (Des régions malades, Du pouls, Des différentes fièvres) et de thérapeutique (De la méthode de soigner, Des médicaments). Traduite au ixe siècle par des intellectuels arabes, l'œuvre de Galien a régné sur la médecine jusqu'au xvie siècle. Elle représente l'apogée de la médecine grecque, mais elle en marque aussi le terme. En effet, après sa mort, Galien n'a laissé que des héritiers écrasés par le poids de sa personnalité.