Charles II le Chauve
(Francfort-sur-le-Main 823-Avrieux, dans les Alpes, 877), roi de France (843-877), empereur d'Occident (875-877), fils de Louis Ier le Pieux et de Judith de Bavière.
1. Une succession disputée
Sa mère, Judith, obtient de son époux, à l'assemblée de Worms (829), une partie des États de son père ; en 831, puis en 832, sa part s'accroît. Mais, en 833, ses aînés, Lothaire, Pépin et Louis le Germanique, font déposer leur père, et Charles perd son lot.
Enfermé dans un monastère sous la garde de Louis de Bavière, Charles retrouve la liberté lorsque son père Louis le Pieux est restauré (834). À nouveau couronné empereur le 28 février 835, Louis, sous l'influence de Judith, reconstitue en faveur de Charles une vaste dotation ; il le couronne roi en septembre 838, lui donnant le Maine, puis l'Aquitaine, à la mort de Pépin (13 décembre 838). Au partage de 839, Charles reçoit le lot situé à l'ouest d'une ligne frontière coïncidant à peu près avec le Rhône, la Saône et la Meuse.
À la mort de Louis le Pieux (840), Charles s'allie à Louis le Germanique et l'emporte sur Lothaire et Pépin II (fils de Pépin) à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye (juin 841) : le 14 février 842, les serments de Strasbourg confirment l'alliance de Charles et de Louis.
2. Roi de France à l'autorité contestée
En 843, le traité de Verdun, qui divise l'Empire en trois, attribue à Charles la Francia occidentalis. Mais son autorité est contestée en Aquitaine par Pépin II et en Bretagne par le roi Nominoë : il lui faut reconnaître, en 844, l'indépendance de fait de Pépin II, et, en 846, celle de Nominoë. Mais, en 849, après s'être fait couronner roi d'Aquitaine à Orléans (848), Charles prend Toulouse ; en 852, il capture Pépin II et, en 855, il fait couronner son fils Charles roi d'Aquitaine.
Cependant, les difficultés surgissent de nouveau : en Bretagne, Érispoë, successeur de Nominoë, obtient la reconnaissance de ses possessions et, bientôt, le nouveau roi Salomon expulse le fils de Charles, Louis le Bègue, roi du Maine ; sur la Loire, la Seine et l'Escaut, ainsi qu'en Provence, les Normands intensifient leurs incursions ; en Neustrie et en Aquitaine, les grands se révoltent et font appel à Louis le Germanique.
Ce dernier envahit la France en 858, mais le clergé, groupé autour de l'archevêque de Reims, Hincmar, lui refuse son appui et il doit, en 859, regagner son royaume. Cependant, le fils de Charles le Chauve, Louis le Bègue, se révolte en 862 contre son père, et Salomon affirme son autorité en Bretagne, aidant d'ailleurs Charles dans sa lutte contre les Normands. Les incursions de ces derniers obligent le roi à confier le commandement du pays entre Seine et Loire (861) à Robert le Fort, qui trouve la mort lors de sa victoire de Brissarthe en 866.
3. Empereur d'Occident
Après la mort de Lothaire II (869), Louis le Germanique et Charles le Chauve se partagent la Lotharingie (traité de Meerssen, 870). En 875, Charles acquiert la Provence à la suite du décès de Louis II et reçoit du pape Jean VIII la couronne impériale. Il est élu roi d'Italie en février 876. En août de la même année, à la mort de Louis le Germanique, il tente d'envahir la Germanie, mais il est vaincu à Andernach (8 octobre) par Louis le Jeune. Il renonce à la Francia orientalis pour se porter au secours de la papauté menacée par les Sarrasins, et il meurt au retour d'Italie.
Les dernières années de son règne auront été marquées par la mise en tutelle de la royauté par les grands, l'affirmation de l'hérédité des honores et l'apparition de grands commandements régionaux, prélude à la naissance des principautés territoriales.
Pour en savoir plus, voir l'article Carolingiens.