Brian Maurice Holden, dit Vince Taylor
Chanteur de rock britannique (Londres, Angleterre, 1939-Lausanne, Suisse, 1991).
Il était l'ange noir du rock and roll, une sorte de jumeau diabolique d'Elvis Presley, de Lucifer binaire, de loser emblématique : c'est lui qui inspira à David Bowie le personnage de Ziggy Stardust. Brian Maurice Holden, dit Vince Taylor, est né à Londres, a grandi à Los Angeles, a fait carrière en France avant de mourir en Suisse… Un des cinq enfants d'une famille pauvre émigrée aux États-Unis, adolescent, il rêve d'être aviateur. Après un accident de pilotage, il se retrouve maître nageur. Avec le rock naissant de Bill Haley et d'Elvis Presley, il se découvre une nouvelle vocation et retourne à Londres, en 1957. Là, il forme son premier groupe, les Playboys : avec, notamment, le guitariste Tony Sheridan (qui se fera accompagner plus tard par les Beatles débutants) et le batteur Bobby Clarke (futur membre de l'orchestre de Johnny Hallyday). Remarqué par le manager Jack Goode, il enregistre son premier 45 tours, I Like Love /Right Behind You Baby. Mais c'est le suivant, une de ses compositions intitulée Brand New Cadillac, qui le propulsera à la 19e place du Top 20. Entre-temps, il s'est choisi un nom d'artiste : Vince, inspiré de la devise en latin figurant sur les paquets de cigarettes Pall Mall « In hoc vinces » (« Et ainsi tu vaincras » ; Taylor, à cause de son acteur préféré, Robert Taylor. En 1960, un concert à Calais, où il remplace au pied levé Gene Vincent, le fait connaître en France. Bruno Coquatrix l'engage à l'Olympia, Eddie Barclay lui signe un contrat. « Je vais enfoncer Johnny, ce mollasson ! » décrète alors un Vince en grande forme et… en pleine liaison avec Brigitte Bardot. Sur scène, il électrise les fans de rock et émoustille les midinettes, avec sa tenue de cuir noir et ses chaînes, sa gomina et son mascara, ses soubresauts lascifs et ses feulements de fauve en rut.
Loser mythique. Le 18 novembre 1961, un concert au Palais des Sports de Paris se termine en émeute. C'est le début du déclin : malgré deux albums enregistrés chez Barclay et une concession au twist à la mode, notre star pure et dure, devenue un épouvantail pour promoteurs craintifs, se retrouve… meneur de revue à Pigalle. Suivra une carrière sporadique, entre abus divers, dépressions, disparitions, séjours à l'hôpital psychiatrique et tentatives avortées de retour, avec l'aide du jazzman Jac Berrocal puis du musicien Jacky Chalard. En vain. Émigré en Suisse, usé prématurément, Vince Taylor s'éteindra à cinquante-deux ans, un jour d'août 1991, à Lutry, près de Lausanne. Parmi sa discographie, encore mal rééditée, on distinguera son classique Brand New Cadillac (repris par le groupe Clash en 1980) et son extraordinaire version du Shaking All Over de Johnny Kidd. Vince roi, à jamais.