îles Fidji
Nom officiel : République des Fidji
État insulaire d'Océanie situé en Mélanésie dans le Pacifique sud, les îles Fidji sont suspendues du Commonwealth depuis 2000.
- Superficie : 18 300 km2
- Nombre d'habitants : 929 766 (2022)
- Nom des habitants : Fidjiens
- Capitale : Suva
- Langue : anglais
- Monnaie : dollar fidjien
- Chef de l'État : Wiliame Katonivere
- Chef du gouvernement : Sitiveni Rabuka
- Nature de l'État : république à régime parlementaire
- Constitution :
- Entrée en vigueur : 6 septembre 2013
STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE
- Population : 929 766 hab. (2022)
- Densité : 49 hab./km2
- Part de la population urbaine (2023) : 59 %
- Structure de la population par âge (2023) :
● moins de 15 ans : 28 %
● 15-65 ans : 65 %
● plus de 65 ans : 7 % - Taux de natalité (2023) : 23 ‰
- Taux de mortalité (2023) : 8 ‰
- Taux de mortalité infantile (2023) : 15 ‰
- Espérance de vie (2023) :
● hommes : 68 ans
● femmes : 72 ans
La population, qui reste très jeune (29 % a moins de 15 ans), est composée de Mélanésiens et d'une importante communauté d'origine indienne. Suva, la capitale, réunit le cinquième des habitants.
STATISTIQUES : ÉCONOMIE
- GÉNÉRALITÉS
- PNB (2022) : 4 milliards de dollars
- PNB/hab. (2022) : 5 390 dollars
- PNB/hab. PPA (2022) : 13 850 dollars internationaux
- IDH (2021) : 0,730
- Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 20,0 %
- Taux annuel d'inflation (2022) : 4,5 %
- Structure de la population active (2021) :
● agriculture : 28,9 %
● mines et industries : 14,7 %
● services : 56,4 % - Structure du PIB (2022) :
● agriculture : 12,6 %
● mines et industries : 15,2 %
● services : 72,2 % - Taux de chômage (2022) : 4,3 %
- Tourisme
- Recettes touristiques (2020) : 236 millions de dollars
- Commerce extérieur
- Exportations de biens (2022) : 1 047 millions de dollars
- Importations de biens (2022) : 2 679 millions de dollars
- Défense
- Forces armées (2020) : 4 000 individus
- Dépenses militaires (2022) : 1,4 % du PIB
- Niveau de vie
- Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 66
- Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés : n.d.
- Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés : n.d.
- Dépenses publiques d'éducation (2021) : 6,0 % du PIB
, L'économie repose pour une grande part sur ses exportations (sucre, or, produits pétroliers réexportés), le tourisme et les envois de fonds des émigrés. Le pays, qui a renoué avec la stabilité politique, est très dépendant de ses partenaires commerciaux (États-Unis, Australie, Chine, Nouvelle-Zélande). Après la récession de 2020 (17%) et la reprise en 2022(20%), la croissance est estimée à 7 % en 2023.
GÉOGRAPHIE
Situé entre 15 °4 et 22 ° de latitude sud, et traversé par le méridien 180 °, antipode de celui de Greenwich, l'archipel comprend 326 îles, dont les deux principales, Viti Levu (10 500 km2) et Vanua Levu (5 500 km2), représentent 87 % de la superficie totale ; l'intérieur est montagneux (altitudes maximales respectives : 1 300 et 1 000 m), mais ces deux îles possèdent quelques plaines côtières fertiles. Les autres terres sont de petites îles volcaniques (Ovalau), des atolls ou des récifs soulevés (îles Lau). Le climat est chaud (25 °C), humide, surtout sur les côtes orientales ; sur les côtes occidentales, sous le vent, des deux grandes îles, la saison sèche est mieux marquée et la savane remplace la forêt dense.
La population, en majorité rurale, est concentrée dans les zones de production de canne à sucre et de riz, ainsi que dans les principales villes. Après un déclin démographique au xixe siècle, consécutif à la colonisation, les autochtones (330 000 personnes), qui appartiennent à l'aire culturelle mélanésienne, augmentent rapidement depuis 1920. Ils sont néanmoins dépassés, aujourd'hui, par la population d'origine indienne (350 000 personnes), introduite comme main-d'œuvre à la fin du xixe siècle pour la culture de la canne à sucre, le reste de la population étant composé d'Européens, de métis et de Chinois. Les Mélanésiens, cependant, possèdent la plus grande partie des terres : 83 % de la superficie de l'archipel constituent en effet le « sol ethnique » (territoires mélanésiens coutumiers, indivis et inaliénables). Le reste appartient, en majorité, aux anciennes sociétés coloniales.
L'économie est fondée, principalement, sur l'agriculture, la pêche et les services (73 % du produit intérieur brut [PIB]), notamment le tourisme, en pleine expansion. L'agriculture est dominée par la production de sucre de canne, sous le monopole de la Fiji Sugar Corporation (FSC), qui commercialise et transforme la canne à sucre cultivée par les petits fermiers, pour la plupart indiens. Les autres produits d'exportation sont le bois de charpente, le poisson, le coprah, la banane et le gingembre. Quant à l'agriculture vivrière, elle fournit tubercules (igname, taro), maïs, légumes, fruits, riz et produits d'élevage. Fidji possède en outre quelques mines d'or et des industries de transformation des produits agricoles. L'adoption, en 1988, de mesures fiscales favorables a permis le développement de l'industrie textile, qui emploie aujourd'hui 15 000 personnes et fournit 20 % des exportations, au deuxième rang derrière les produits sucriers (37 %). Favorisée par sa situation au cœur du Pacifique, Fidji est le siège de plusieurs organisations régionales, comme le Forum du Pacifique sud (FPS) et l'Université du Pacifique sud (UPS), et constitue un carrefour de communications (aéroport de Nandi, port de Suva) vers lequel convergent de nombreuses lignes aériennes et maritimes.
HISTOIRE
1. De l’annexion britannique au premier coup d’État militaire
Découvertes par le Hollandais Abel Janszoon Tasman (1643), puis par Cook (1774) et Bligh (1789), les Fidji sont explorées par Dumont d'Urville (1827) et annexées par les Anglais (1874). Elles seront colonie britannique pendant 96 ans. Malgré une tradition d'équilibre interracial, des émeutes éclatent en 1959. Le 10 octobre 1970, les Fidji accèdent à l'indépendance, mais restent membres du Commonwealth ; les premières élections y ont lieu en 1972, suivant un système de collèges ethniques qui assure le pouvoir aux Mélanésiens de souche ou Mélano-Fidjiens. Une crise constitutionnelle de courte durée survient à la suite des élections de mars 1977, à l'issue desquelles le parti de l'Alliance (AP, mélano-fidjien), fondé par Ratu Kamisese Mara, est battu par le parti de la Fédération nationale (NFP, indo-fidjien) de Sidiq Koya d'une courte majorité (26 sièges contre 24). Divisé par des querelles internes, ce dernier ne parvient pas à former un gouvernement. Le gouverneur général, George Cabokau, nomme alors Mara Premier ministre, dans l'attente de nouvelles élections, prévues en septembre, pour sortir de l'impasse. Avec une majorité de 36 sièges (sur 52), le parti de l'Alliance revient au pouvoir. Le milieu des années 1980 voit l'émergence d'un nouveau parti, le parti travailliste fidjien (FLP), créé en juillet 1985 par plusieurs syndicats soucieux de dépasser les clivages ethniques et de promouvoir un programme de nationalisations. Une coalition de partis d'opposition (FLP/NFP), hostile au nucléaire, remporte les élections législatives d'avril 1987, mais le gouvernement est aussitôt renversé à la suite d'un coup d'État militaire mené le 14 mai par le lieutenant-colonel Sitiveni Rabuka, qui suspend la Constitution. Après une période d'intrigues et de négociations, Sitiveni Rabuka anonce l'abrogation définitive de la Constitution et proclame la République des Fidji (25 septembre). Les îles Fidji sont exclues du Commonwealth (octobre).
2. Instabilité institutionnelle et tensions ethniques
Le pouvoir, néanmoins, est rapidement restitué aux civils : l'ancien gouverneur général, Ratu Penaia Ganilau, devient président de la République, mais il meurt en décembre 1993. Ratu Kamisese Mara, Premier ministre de 1987 à 1992, lui succède alors. Le général Sitiveni Rabuka, devenu Premier ministre, doit faire face à l'indignation internationale suscitée par les coups d'État de mai et septembre 1987 et par l'adoption de la Constitution de juillet 1990, qui accorde des privilèges à la population mélano-fidjienne en matière foncière et politique (en lui réservant, notamment, 37 des 70 sièges de l'Assemblée nationale), au détriment de la population indo-fidjienne, dont les éléments les plus dynamiques quittent alors le pays, désorganisant la vie économique. Bien que reconduit dans ses fonctions après les élections législatives de 1994, Sitiveni Rabuka est contraint d'élaborer une nouvelle Constitution : adoptée en juillet 1997 et entrée en vigueur en juillet 1998, celle-ci fait passer de 37 à 23 les sièges réservés aux Mélano-Fidjiens et de 27 à 29 ceux réservés aux Indo-Fidjiens ; le président doit être un Fidjien d'origine, mais il n'existe aucune autre restriction pour les postes publics. Les îles Fidji sont alors immédiatement réadmises au sein du Commonwealth.
En mai 1999, la victoire massive de la coalition dominée par les travaillistes consacre le retour en position dominante des représentants de la communauté indo-fidjienne au Parlement. Le général Sitiveni Rabuka cède la place à Mahendra Chaudhry, dirigeant du parti travailliste (FLP), investi par le président Ratu Kamisese Mara. C'est la première fois qu'un Fidjien d'origine indienne occupe le poste de Premier ministre. Depuis, la tension reste vive entre les deux communautés (campagnes d'intimidation, rumeurs de coup d'État). Le 19 mai 2000, un homme d'affaires mélano-fidjien, George Speight, soutenu par un groupe d'hommes armés, prend en otages Mahendra Chaudhry et une trentaine de parlementaires. Il réclame qu'un gouvernement intérimaire soit formé par les représentants de la communauté mélano-fidjienne et que le poste de Premier ministre (en plus de celui de président) soit dorénavant réservé à un Mélano-Fidjien.
Quelques jours plus tard, l'armée, sous la direction du contre-amiral Josaia Voreqe (Frank) Bainimarama, prend le contrôle de la capitale. Après l'établissement de la loi martiale, ce dernier abroge la Constitution, remet en vigueur celle de 1990 et exclut la possibilité d'un retour du Premier ministre légal Mahendra Chaudhry. Début juillet, un gouvernement civil de transition ne comprenant aucun Indo-Fidjien et dirigé par Laisenia Qarase est constitué. Enfin, la conclusion d'un accord entre l'armée et George Speight met un terme à la crise politique. Le Grand Conseil des chefs désigne Josefa Iloilo comme président, qui confirme dans ses fonctions le Premier ministre par intérim, Laisenia Qarase, pour une période de trois ans. Fin juillet, l'auteur du putsch et ses partisans sont arrêtés ; en août, George Speight est formellement accusé de haute trahison. Pour la deuxième fois dans l'histoire récente des îles Fidji, la communauté indienne se voit confisquer le pouvoir politique, acquis démocratiquement. À la suite de ce coup d'État, les îles Fidji ont été une nouvelle fois suspendues du Commonwealth (2000-2001). Début 2001, la Constitution est restaurée. Des élections législatives tenues en août confirment Laisania Qarase au poste de Premier ministre, son parti, le parti unifié fidjien (SDL) ayant remporté 31 sièges (sur 71).
3. Les Fidji depuis le coup d’État de 2006
Lors des élections, du 6 au 13 mai 2006, le SDL remporte 36 sièges sur les 75 que compte le Parlement. Conformément à la Constitution, Laisania Qarase propose aux travaillistes de Mahendra Chaudry (31 sièges) de participer à son gouvernement. Le 5 décembre, le chef de l'armée Voreqe Bainimarama renverse le gouvernement puis, le lendemain, dissout le Parlement, décrète l'état d'urgence, limoge des responsables et interpelle des opposants. Un médecin civil sans expérience politique est nommé au poste de Premier ministre par intérim. Ce quatrième coup d'État en moins de vingt ans est l'aboutissement d'un conflit de plusieurs semaines pendant lesquelles le chef d'état-major V. Bainimarama menaçait le gouvernement, exigeant notamment l'annulation d'un projet de loi amnistiant certains auteurs nationalistes du coup d'État de 2000. Après avoir restitué le pouvoir au président Ratu Josefa Iloilo, V. Bainimarama prête serment en tant que Premier ministre par intérim. Les Fidji sont à nouveau suspendues du Commonwealth. Le 10 avril 2009, la Cour d'appel juge illégal le gouvernement militaire issu du coup d'État de 2006. Le président Iloilo abroge la Constitution et prend en charge le pouvoir exécutif avant de reconduire V. Bainimarama dans ses fonctions, à la tête d'un gouvernement inchangé. À la suite de l'annonce du départ en retraite du président Iloilo, le 28 juillet 2009, le vice-président Ratu Epeli Nailatikau assure les fonctions de président par intérim.
Une nouvelle Constitution rompant avec le système communautaire précédent et fondé sur l’égalité entre citoyens est finalement promulguée le 6 septembre 2013. Elle doit servir de base aux prochaines élections, prévues au plus tard en septembre 2014. À l’issue de ce scrutin, le premier depuis 2006 et jugé crédible par les observateurs internationaux, le parti « Fidji d'abord » du Premier ministre sortant remporte 32 sièges sur 50 devant le parti libéral social-démocrate et le parti de la Fédération nationale. V. Bainimarama est reconduit à la tête du gouvernement. Jioji Konrote, élu président de la République par le Parlement par 31 voix (contre 14), entre en fonctions en novembre 2015.