les Noces de Figaro
Opéra bouffe en 4 actes (KV 492) de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en italien de Lorenzo Da Ponte, d'après le Mariage de Figaro de Beaumarchais (Vienne, 1786).
Personnages
Le comte Almaviva, grand d'Espagne (baryton)
La comtesse Almaviva, sa femme (soprano)
Susanna, sa camériste, fiancée de Figaro (soprano)
Figaro, valet de chambre du comte (baryton)
Cherubino, page du comte (mezzo-soprano)
Marcellina, gouvernante (mezzo-soprano)
Bartolo, médecin (basse)
Basilio, maître de musique (ténor)
Don Curzio, juge (ténor)
Antonio, jardinier du comte et oncle de Susanna (basse)
Barbarina, sa fille (soprano)
Argument
Au château du comte Almaviva, près de Séville, Figaro, le valet du comte et Susanna, la camériste de la comtesse, préparent leurs noces. Mais le comte est bien décidé à séduire la future mariée et ne ménage pas ses avances.
Aidés de la comtesse, elle-même délaissée par son époux volage, Figaro et Susanna doivent faire preuve d’imagination, dans une intrigue pleine de rebondissements, pour déjouer les pièges du comte ; pour éviter les chausse-trapes sournoises de la vieille Marcellina qui, aidée du docteur Bartolo et du maître de musique Basilio, veut obliger Figaro à honorer un ancien contrat de mariage qu'il avait conclu avec elle ; et, enfin, pour utiliser au mieux les maladresses de Cherubino, jeune page enflammé, amoureux de toutes les femmes et en particulier de la comtesse. Rythmée par les quiproquos et les retournements de situation, cette « folle journée », ainsi que l'indique le titre original de Beaumarchais, verra s’abattre les masques un à un et mettre à nu la vérité des cœurs.
Analyse
Les Noces de Figaro est le premier des trois opéras que Mozart écrivit avec Da Ponte. Le livret est tiré de la pièce de Beaumarchais, la Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, qui, parce qu’elle mettait en scène un valet qui se révoltait contre son maître, fut interdite par la censure pendant plusieurs années. En Autriche, la représentation de la pièce en allemand avait aussi été interdite par l’empereur Joseph II. C’est en éliminant les traits de satire politique trop saillants que Mozart et son librettiste obtinrent des autorités la permission d’en faire un opéra. Même s’ils sont atténués, les conflits de classes n’en sont pas moins présents.
De surcroît, par sa musique, Mozart exprime avec réalisme ce que le texte, compte tenu de la censure, ne pouvait que suggérer. Les Noces de Figaro sont aussi éloignées de l’opéra bouffe traditionnel que l’Enlèvement au sérail l’est du singspiel du xviiie s. On est frappé par la vérité nouvelle des récitatifs secco, formule pourtant stéréotypée de la musique dite « classique ». Mozart fait de ces conversations musicales quelque chose d’aussi naturel et d’aussi beau que l’alexandrin français du siècle précédent. Enfin, l'œuvre contient également les premiers vrais ensembles de l’histoire du théâtre lyrique.
Le texte de Beaumarchais était très directement liée à l’actualité de cette période prérévolutionnaire (1786), alors que l’opéra de Mozart anticipe, notamment dans son final, le monde musical et humain de la 9e symphonie de Beethoven. Ce n’est pas un hasard si la comtesse chante un air qui n’est autre que l’Agnus Dei de la Messe du Couronnement : au-delà des bouleversements et des revendications d’ordre social, dont Mozart ne fait pas abstraction, l’action de la « folle journée », chez lui, débouche sur le plan métaphysique et spirituel.