Ariane
(Variantes : Ariadne)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fille du roi de Crète, Minos, et de Pasiphaé, la fille d'Hélios, et en outre, la sœur du Minotaure.
Amoureuse de Thésée qui doit libérer Athènes de livrer des jeunes gens au Minotaure, Ariane lui fournit le moyen de ne pas s'égarer dans les couloirs inextricables du Labyrinthe, demeure du monstre. Elle lui remet un peloton de fil, avec le conseil d'en attacher une extrémité à l'entrée du Labyrinthe et de ne lâcher l'autre extrémité sous aucun prétexte. Selon une autre version, Ariane accompagne Thésée à l'intérieur du Labyrinthe et l'éclairé avec son diadème lumineux, cadeau de noces de Dionysos. (La tradition évoque les noces de Dionysos et d'Ariane après la mort du Minotaure.)
Une fois le Minotaure tué et les jeunes Athéniens libérés, Ariane et Thésée s'embarquent sur un navire à destination de l'île de Dia (Naxos), sur la côte septentrionale de la Crète.
À ce stade, les versions du mythe sont nombreuses. La plus courante veut que Thésée, craignant des reproches dans sa patrie, ait abandonné Ariane endormie, à laquelle il a pourtant promis le mariage. Se considérant comme trahie, et se retrouvant seule sur l'île, dans son désespoir Ariane lance de terribles imprécations contre Thésée, appelant le malheur sur lui-même et les siens. Cette malédiction est la cause indirecte de la mort d'Égée, le père de Thésée.
Variantes : L'abandon d'Ariane
I. S'étant rendu compte de l'infidélité de Thésée, Ariane se pend.
II. Ariane est tuée par Artémis sur l'ordre de Dionysos qui ne supporte pas d'avoir été repoussé.
III. Après que Thésée l'a abandonnée, et une fois transportée à Naxos par des matelots, Ariane épouse Œnaros, un prêtre de Dionysos.
IV. La tempête pousse l'embarcation sur l'île de Chypre ; comme Ariane est enceinte, Thésée la dépose à terre, tandis que lui s'occupe de réparer les avaries. Mais le vent le refoule vers la haute mer. Ariane est recueillie par les femmes du pays ; elle meurt sans avoir accouché. (Plutarque, cité en référence, s'appuie sur différents auteurs.)
V. Ce sont les dieux qui veulent que Thésée abandonne Ariane.
VI. Thésée abandonne la jeune femme afin de n'encourir aucun reproche de la part des Athéniens, on ne sait pourquoi, mais peut-être parce qu'elle est la fille de Minos, ennemi d'Athènes.
VII. Dionysos ordonne à Thésée de reprendre la mer, seul. Le dieu, ensuite, enlève Ariane.
VIII. Thésée et Ariane sont accueillis par le roi Smardios, le fils de Naxios. Durant la nuit, un songe menaçant conseille à Thésée de renoncer à Ariane. La même nuit, Dionysos enlève la jeune femme et la mène sur le mont Arios, et tous deux disparaissent.
IX. Selon une version isolée, tout à la gloire de Dionysos, ce dernier se mesure en combat singulier avec Persée. Persée lance son javelot mais manque sa cible : c'est Ariane qu'il atteint mortellement, à moins qu'elle ne soit pétrifiée.
X. Thésée et Ariane, ainsi que les jeunes Athéniens délivrés du Minotaure, arrivent, de nuit, à Naxos. Là, Dionysos s'amourache d'Ariane. Il l'enlève et l'emmène à Lemnos, où tous deux s'unissent. Quatre enfants naissent : Thoas, Staphylos, Œnopion et Péparéthos. Quand il se rend compte de sa disparition, Thésée éprouve du chagrin.
XI. C'est par amour pour Églé, fille de Panopée, que Thésée abandonne Ariane sur l'île de Naxos.
La tradition courante veut que Dionysos emmène Ariane sur son char. Le couple gagne la voûte céleste, illuminée soudain par le diadème de la jeune femme, ouvrage d'Héphaïstos : les pierreries deviennent les étincelantes étoiles fixées au firmament, en forme de couronne. Et le fils de Cronos fait d'Ariane une immortelle.
Ariane enlevée par Dionysos
C'est alors qu'on entendit sonner les cymbales sur tout le rivage et retentir les tambours frappés par des paumes frénétiques. Elle [Ariane] s'évanouit de peur, et les mots moururent dans sa bouche : plus de sang dans son corps sans vie. Voici les Mimallonides aux cheveux dénoués sur les épaules, et voici les satyres légers, avant-coureurs du dieu ; voici Silène, le vieillard ivre ; il a du mal à tenir assis sur son âne qui ploie sous son poids, et il se cramponne à sa crinière. Tandis qu'il suit les bacchantes, que les bacchantes tantôt le fuient et tantôt le tourmentent ; tandis que de son bâton il excite son quadrupède, mauvais cavalier il glissa de sa monture à longues oreilles et tomba sur la tête. Les satyres crièrent : « Allez, relève-toi, père, relève-toi ! »
Cependant le dieu sur son char, couronné de raisins, lâchait les rênes d'or aux tigres qui le tiraient. Alors la voix de Thésée, sa couleur, tout souvenir de Thésée lui-même s'effaça en la jeune fille. Trois fois elle chercha à fuir, trois fois la peur la retint. Elle trembla comme tremble le grêle épi de blé agité par le vent, comme tremble le roseau léger dans l'humide marais. Le dieu lui dit : « Je suis ici pour te vouer un amour plus fidèle ; n'aie plus nulle crainte, fille de Cnossos, tu seras l'épouse de Bacchus. Je te fais don du ciel ; au ciel tu seras un astre que l'on contemplera. Souvent la Couronne de la Crétoise sera un guide pour le vaisseau hésitant. » Il dit et, craignant que les tigres ne l'effraient, il saute à bas de son char (ses pas laissent leur empreinte sur le sable) ; il la serre contre sa poitrine et la fait sienne (et en effet elle ne pouvait résister) ; un dieu ne peut-il pas tout ? Les uns chantent « Hyménée » les autres crient « Évius Évohé. » Ainsi sur la couche sacrée s'unissent la jeune épouse et le dieu.
Ovide