campagnes d'Éthiopie

Conflits qui opposèrent les Italiens aux Éthiopiens (1894-1896 et 1935-1936), puis aux Alliés britanniques et français pendant la Seconde Guerre mondiale (1940-1941).

1. Campagne de 1894-1896

Après son installation en Érythrée (1885) et en Somalie (1888), l'Italie cherche à faire la jonction entre ces deux territoires, ce qui implique d'empiéter sur l'Éthiopie sur laquelle l'Italie cherche à établir son « protectorat ». Deux colonnes militaires italiennes sont massacrées par les Éthiopiens à Dogali et à Saganeiti ; cet échec amène d'abord l'Italie à traiter avec le négus, le roi de l'Éthiopie, Ménélik (traité d'Uccialli, 1889). Mais Ménélik dénonce ce traité en 1893 et rompt avec Rome.

Les Italiens envoient alors une armée de 30 000 hommes, commandée par Baratieri ; après avoir remporté des succès à Coatit et Addigrat (janvier-mars 1895), elle est écrasée à Amba Alagi (7 décembre 1895) et à Adoua (1er mars 1896) par les Éthiopiens qui avaient mobilisé 150 000 hommes. Cette sévère défaite contraint l'Italie à renoncer à ses intentions de protectorat éthiopien et la paix est signée à Addis-Abeba le 26 octobre 1896.

2. Campagne de 1935-1936

Mussolini, décidé à la conquête, ouvre brutalement les hostilités le 3 octobre 1935. L'armée italienne, forte de 10 divisions (dont 5 de Chemises noires et d'importants corps de troupes indigènes recrutés particulièrement en Érythrée), soutenue par 10 groupements blindés et 11 escadrilles d'aviation, s'attaque, à partir de l'Érythrée et de la Somalie, aux forces éthiopiennes, réunies autour des 4 000 hommes de la garde du négus Hailé Sélassié.

Le maréchal De Bono occupe Adoua (5 octobre 1935), puis Aksoum et Maqalié. Mais en janvier, tandis que De Bono est remplacé par Badoglio, les Éthiopiens parviennent à refouler les avant-gardes italiennes lors des deux batailles du Tembien. Les Italiens réunissent alors 280 000 hommes et arrivent à déborder et à disloquer le front éthiopien en février 1936. Dans un dernier sursaut, le négus, qui a rassemblé 40 000 hommes, enfonce les avant-postes italiens au lac Ashangi (avril), mais échoue sur les lignes principales et doit se réfugier dans les montagnes.

Pendant ce temps, une colonne motorisée italienne part d'Asmara et occupe Om Ager, puis Gondar. Le négus s'enfuit à Djibouti le 1er mai et, le 5 mai, Addis-Abeba tombe. Le 10 mai, les forces italiennes venant d'Érythrée font leur jonction avec celles venant de Somalie, commandées par Graziani, dont la dernière offensive, menée en avril au Harar et à Dagamedo, avait permis la rupture du front oriental. Badoglio, auquel succéda Graziani, est nommé vice-roi d'Éthiopie.

Les Italiens doivent leur succès tant à un immense effort logistique qu'au rôle prépondérant de leur aviation et de leurs chars. À ce titre – et à part l'usage par les Italiens des gaz de combat interdits par le droit international –, cette campagne préfigure les combats de la Seconde Guerre mondiale.

3. Campagne de 1940-1941

Dès août 1940, le duc d'Aoste, commandant en chef en Afrique-Orientale italienne, occupe la Somalie britannique évacuée par les Anglais, Kassala (Soudan) et menace Nairobi (Kenya). Mais, en novembre 1940, les troupes anglaises du Kenya, commandées par Cunningham, pénètrent en Somalie italienne, où elles prennent Kismaayo et Mogadiscio (14 et 24 février 1941), et entrent, le 5 avril, à Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie.

Poursuivant leur marche vers le nord à la rencontre des forces de Platt, qui, venant du Soudan et renforcées d'éléments français, ont envahi l'Érythrée, elles contraignent le duc d'Aoste, réfugié sur le plateau d'Amba Alagi, à capituler le 19 mai avec 7 000 hommes. La progression des Alliés avait été facilitée par l'existence de nombreux maquis de patriotes constitués dès le début de l'occupation italienne.

Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.