réserve naturelle
Portion de territoire délimitée et protégée juridiquement de façon à préserver certaines espèces menacées de disparition.
ÉCOLOGIE
En France, les réserves naturelles ont été instituées par les lois du 1er juillet 1957 et du 10 juillet 1976. En 1996, on dénombrait en France (métropole et outre-mer) plus de 130 réserves naturelles, couvrant des espaces tant maritimes que montagneux ou forestiers.
Les réserves de biosphère
Dès le milieu des années 1960, il est apparu qu'il fallait réserver des zones pour la protection systématique in situ des ressources génétiques de la planète. (→ protection de l'environnement.)
Dans les années 1970, sous l'influence de divers organismes internationaux ainsi que de la prise de conscience écologique en général, le Programme sur l'homme et la biosphère (MAB selon son sigle anglais – pour Man and the Biosphere), mis en œuvre par l'Unesco, aboutit à la conclusion qu'il fallait préserver et organiser les « enclaves » de biodiversité.
Le programme MAB s’établit selon trois axes : « réduire au minimum la perte de biodiversité par la recherche et le renforcement des capacités concernant la gestion des écosystèmes », promouvoir « un environnement durable » et « valoriser les liens entre diversité biologique et diversité culturelle ».
La conception des réserves de biosphère
Les réserves de biosphère ne sont pas des lieux desquels l'intervention humaine est absente. Les premières expériences de protection d'aires naturelles avaient souvent montré que des problèmes surgissaient lorsque la concertation avec les groupes humains vivant sur les réserves, ou à proximité de celles-ci, avait été insuffisante ; les activités humaines ont en effet tendance à affecter, parfois de manière grave, l'entreprise de préservation de la biodiversité, par exemple par le biais de l'agriculture qui, pratiquée à grande échelle, entraîne une perte de biodiversité. Or, la tendance mondiale à l'urbanisation et à l'intensification de la production agricole entraîne un dépeuplement continu des zones rurales les moins cultivées, qui sont souvent les plus riches en biodiversité. Aussi, de ces enseignements des années passées, le MAB a tiré la conclusion que les réserves de biosphère devaient, pour protéger efficacement les ressources génétiques, inclure un aspect de développement économique et humain durable, sur les réserves elles-mêmes ou à leur proximité immédiate, afin d'en faire des entités viables, prenant en compte la réalité de l'intervention humaine sur la biosphère. (→ développement durable.)
Les autorités de chaque réserve de biosphère ont pour fonction de mettre en œuvre des projets d'éducation, de formation à l'environnement, de recherche scientifique, le tout faisant que chaque réserve joue finalement un rôle de démonstration de l'utilité conjointe qu'il y a à préserver la biodiversité tout en engageant les groupes humains dans cette préservation.
La structure des réserves de biosphère
La réserve de biosphère type comporte trois zones distinctes.
L’aire centrale
L’aire centrale, bénéficiant d'un statut légal dans la loi nationale, a pour fonction d'assurer à long terme la protection des paysages, des écosystèmes et des espèces qu'ils abritent ; les perturbations dues aux activités humaines y sont réduites au minimum, afin d'atteindre un maximum de préservation de la biodiversité.
La zone tampon
Dans une zone tampon, clairement délimitée autour de la zone centrale, ne sont autorisées que les pratiques humaines dont les conséquences sur l'environnement sont nulles ou très faibles : par exemple, des recherches visant à mettre au point des pratiques d'utilisation des ressources naturelles respectueuses de la biodiversité, ou portant sur la gestion ou la réhabilitation des écosystèmes.
La zone de transition
Enfin, une zone de transition (dite aussi de coopération), comportant villes et villages, est le siège des diverses activités humaines, économiques et sociales ; des expériences y sont menées dans le but de concilier activités économiques et protection de l'environnement, dans un souci de développement durable des communautés humaines locales. On peut noter que le développement des réserves de biosphère est en partie lié à celui de l'écotourisme.
Les réserves de biosphère dans le monde
Les premières réserves de biosphère ont été désignées par le MAB en 1976. En 2008, on en comptait 531, réparties dans 105 pays.
Il en existe dix en France : la commune de Fakarava, en Polynésie française (déclarée réserve de biosphère en 1977) ; la vallée du Fango, en Corse (1977, extension en 1990) ; la Camargue (1977) ; les Cévennes (1984) ; la mer d’Iroise (1988) ; les Vosges du Nord (1989) [cette dernière réserve se prolongeant officiellement depuis 1998 en Allemagne sur le Pfälzerwald] ; le mont Ventoux (1990) ; l’archipel de la Guadeloupe (1992) ; le Luberon (1997) ; Fontainebleau-Gâtinais (1998).
En 2008, la Suisse comptait deux réserves de biosphère (Parc suisse, 1979, et Entlebuch, 2001), et le Canada, douze (réserves de la biosphère de Clayoquot Sound, de Charlevoix, du lac Redberry, du lac Saint-Pierre, de Long Point, du Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, du mont Arrowsmith, du mont Saint-Hilaire, de l'escarpement du Niagara, du Mont-Riding, de Waterton, et des Mille-Îles-Arche de Frontenac).
Le réseau mondial des réserves de biosphères comprend également des sites gérés par deux, ou plus, pays frontaliers. Il existait sept réserves transfrontières en 2008 : Bénin-Burkina-Niger (région W), République tchèque-Pologne (Krkonoše-Karkonosze), France-Allemagne (Vosges du Nord-Pfälzerwald), Mauritanie-Sénégal (delta du Sénégal), Pologne-Slovaquie (Tatras), Pologne-Slovaquie-Ukraine (Carpates orientales), Roumanie-Ukraine (delta du Danube).