parenté
(latin populaire *parentatus)
Lien de filiation (parenté directe ou collatérale) ou d'alliance (parenté par alliance) qui unit deux ou plusieurs personnes entre elles.
ANTHROPOLOGIE
Dans la notion de parenté sont à considérer les systèmes de filiation ou de descendance, les systèmes d'alliance ou de mariage, les systèmes de relations collatérales et les systèmes cognatiques, fondés le plus souvent sur la relation frère-sœur.
Les pionniers
La régularité des phénomènes ayant trait à la parenté dans des sociétés très différentes a été notée dès les débuts de l'anthropologie. Lewis Henry H. Morgan (1877), l'un des premiers, regroupa les terminologies de parenté et en montra le caractère classificatoire.
Parmi les pionniers de l'étude de la parenté figurent les Américains A. L. Kroeber et R. H. Lowie et, en Grande-Bretagne, B. Malinowski et A. R. Radcliffe-Brown, qui insistèrent sur l'importance des comportements et sur la parenté comme institution sociale, où les modes de filiation sont indissociables des attitudes, des statuts sociaux conférés par le système de parenté, de l'économie, des règles d'héritage, etc.
L'influence de C. Lévi-Strauss
Le raffinement des classifications des systèmes de parenté est le fait des Américains Ward H. Goodenough et Floyd Glenn Lounsbury. Leur travail a été rendu possible par l'ouvrage de C. Lévi-Strauss les Structures élémentaires de la parenté (1949). Celui-ci a montré les liens entre la parenté et la culture, analysable elle aussi en termes structuraux. La parenté forme un système, ou une structure, comportant des relations définies entre classes de parents, formant un tout intelligible où les éléments ne prennent leur signification que les uns par rapport aux autres.
On distingue trois aspects, relativement indépendants les uns des autres.
- La terminologie de parenté, ou système des appellations, regroupe l'ensemble des termes désignant les parents par rapport à un Ego masculin ou féminin (pris comme sujet de référence).
- Le système des attitudes prescrit certaines conduites entre les différentes classes de parents et alliés. La familiarité ou la plaisanterie ou bien la distance et le respect sont imposés aux rapports entre certains parents. Il n'existe pas de parallélisme entre appellations et attitudes, malgré certaines correspondances.
- Le domaine socio-légal est celui du réseau de droits et d'obligations dans lequel les parents sont pris les uns à l'égard des autres (les parents sont entendus ici à la fois comme consanguins et alliés, mais, comme la parenté est une relation sociale à fonction de classification, elle ne coïncide pas entièrement avec la consanguinité). L'alliance, par exemple, forme un système engendrant des droits et obligations.
La parenté par le mariage
Les classes d'individus que l'on peut épouser (obligées, possibles ou interdites) sont définies dans toutes les sociétés. Les groupes au sein desquels on peut ou on doit se marier sont dits endogames, ceux à l'intérieur desquels le mariage est interdit sont dits exogames, leur taille et leur définition variant selon les sociétés. La famille nucléaire forme toujours un groupe exogame en vertu de la loi de prohibition de l'inceste.
Dans l'échange matrimonial, le mariage n'unit pas seulement deux individus, mais engage deux ou plusieurs groupes exogames dans un réseau d'échanges d'épouses et de relations de parenté. La parenté, dans les sociétés traditionnelles, organise ainsi les modes de filiation, de résidence, la circulation des épouses, les comportements et les règles d'allocation des biens.
DROIT
La ligne et le degré constituent la parenté. En ligne directe, le degré de parenté s'établit en tenant compte d'un intervalle entre chaque génération ; en ligne collatérale, il s'établit en additionnant les intervalles des générations qui séparent chacun des deux parents de leur ancêtre commun.